L'année 2008 se révèle la plus meurtrière depuis la chute du régime des talibans fin 2001 pour les soldats des forces internationales en Afghanistan, qui n'ont pourtant jamais été aussi nombreux. Plusieurs rapports dénoncent une mauvaise stratégie et une dégradation générale de la situation.
Les civils et militaires tués en AFGHANISTAN nous rappellent cruellement les réalités de la guerre. Rajoutons, à une autre échelle, les 12 000 morts du KOSOVO, les 100 000 morts et 350 000 blessés en IRAK, les 200 000 morts et 250 000 déplacés du DARFOUR…
Et tout cela sans résultat ou presque : la guerre de KABOUL s’enlise et apparaît sans issue, l’IRAK a simplement changé de mode de terreur, la paix précaire de l’ex-Yougoslavie laisse subsister des tensions inter-communautés acérées, rien n’est réglé au DARFOUR…
Il fut un temps où les « masses » étaient (relativement) disciplinées et étaient (relativement) facilement manipulées par les dirigeants pour se transformer en combattants disciplinés tandis que les vaincus, une fois la conquête faite, acceptaient relativement facilement –force oblige— l’annexion par le vainqueur. Tout allait bien…
Mais, hélas, tout a changé… De plus en plus, même dans les dictatures, la force du peuple grandit. Pour des raisons simples : l’éducation et, surtout, l’information croissante des citoyens d’« en bas ». L’oasien du Sahara comme le paysan des fins fonds de l’Inde a désormais Internet, la radio, la presse… Il est conscient de ses droits et peut faire des comparaisons avec l’étranger.
Résultat : les peuples deviennent autonomes par rapport à leurs dirigeants. L’autorité de principe est de moins en moins reconnue, une mauvaise loi n’est plus appliquée, le respect se perd… Lorsque les gouvernants sont contestés, les manifestations, grèves, voire émeutes se multiplient. On ne compte plus, y compris en France, les dirigeants mis sur la touche par le peuple.
L’obéissance devient conditionnée à l’adhésion au dirigeant et à ses idées.
Et, lorsque le mécontentement devient trop grand, ce dernier sécrète le terrorisme, qui est une guerre des petits contre les gros. Le terrorisme est l’enfant de nos déséquilibres et de nos déraisons.
Il ne faut donc pas s’étonner si les interventions armées dans un pays étranger deviennent aventureuses. Si les autochtones n’acceptent pas les envahisseurs, ceux-ci se heurtent à une guérilla invincible, l’ennemi étant partout --surtout là où on l’attend pas--, invisible mais toujours présent.
Les anciennes stratégies à la fois politiques et militaires, fondées sur la force et l’autorité ne fonctionnent donc plus. La seule façon de « gagner » est aujourd'hui de commencer par séduire les habitants. On coupe alors l’herbe sous les pieds des oppositions violentes et déraisonnables et on peut avancer vers des solutions de réels progrès
Au lieu d’envoyer vainement des seuls militaires, ne devrait-on pas plutôt les accompagner par une aide vigoureuse aux peuples, missionner des éducateurs, des investisseurs et des humanitaires, l’armée étant chargée de maintenir la sécurité et en ayant les moyens ? Ce serait cher mais constructif. Mieux que le coût inutile d’une guerre sans fin…
Mais nos tendances autoritaires ne s’y retrouveraient plus…
Les gouvernants doivent aussi en tirer la leçon sur le plan politique. Il leur faut développer leurs relations avec leur peuple. Expliquer, réexpliquer et encore expliquer ce qu’ils font et les raisons pour lesquelles ils le font. Consulter, reconsulter et encore consulter leurs électeurs pour les écouter et les associer. Accepter la contestation et en tenir compte…
Mais leurs tendances autoritaires ne s’y retrouveraient plus…
LVPC