lundi 27 avril 2009

Sortir de l’impasse…

En ces temps de crise, beaucoup critiquent l’Etat et en particulier Nicolas SARKOZY pour l’inefficacité de sa politique face au chômage, lui qui s’était proclamé imprudemment « le président de la hausse du pouvoir d’achat ».

Lui qui avait promis aussi que « travailler plus rapporterait plus ». En fait, c’est le « travailler moins rapporte moins » qui se réalise.

Mais il faut reconnaître que le problème n’est pas simple, voire impossible à résoudre. Ses causes en remontent loin dans le temps.

Lorsque les nations ont décidé d’abaisser les droits de douane dans le but de développer les échanges mondiaux, il était clair que cela sonnait le départ d’une course à la productivité, les moins chers devant écraser les autres.

Or, les autres c’est nous. Avec notre niveau de vie et notre confort social, nos producteurs ne peuvent rivaliser avec des salariés payés 100 fois moins.

Abandonner nos protections condamnait donc inéluctablement nos pays au chômage dans les secteurs concurrencés, les pertes de recettes entraînant elles-mêmes une baisse générale de pouvoir d’achat.

L’ouverture des marchés conduisait également à la mondialisation des entreprises car pour vendre à bas prix, le mieux est encore de produire de même, soit dans les pays les moins avancés.

Ces conséquences étaient prévisibles et inéluctables.

Certes, les avantages ont été importants et les promoteurs du libre échange les mettent toujours en avant : les progrès technologiques majeurs qu’ont permis les majors compte-tenu de leur puissance d’étude, l’abaissement des prix pour le consommateur du fait des grandes séries, les progrès sociaux dans les pays producteurs…

Certes la compétition a aussi stimulé nos entreprises, les forçant à innover et à devenir toujours plus performantes.

On pourrait avancer également que le commerce mondial a permis un rééquilibrage global entre pays riches et pays pauvres, ce graal que toutes les négociations n’ont jamais pu faire progresser, et a donc été globalement bénéfique.

Mais était-il responsable de laisser nos concitoyens sans défenses, n’avons-nous pas fait du libre-échange et de la totale liberté des entreprises une religion irrationnelle et extrémiste ? L’ouverture des marchés exclut-elle toute régulation ?

Nous nous trouvons aujourd’hui face à des entreprises qui sacrifient tout au profit et sur lesquelles nous n’avons plus de prise. Ainsi ARCELORMITTAL licencie-t-il et réduit-il de moitié l’activité des sites européens qu’il a acquis (à crédit…) afin de faire progresser de 20 % sa marge. Belle manœuvre : il a pu acheter ses concurrents avec de la monnaie de singe et il apporte l’estocade finale en les supprimant !

Mais PEUGEOT et RENAULT, nos champions automobiles, qui sont au cœur de la crise, ne valent pas mieux : Ils ont constitué dans les pays à bas coût un parc d’usines qui fabrique aujourd’hui les modèles les plus vendus. Les usines françaises étant plus anciennes et moins compétitives, leur mort était donc planifiée à l’avance et la crise n’en a fourni que l’opportunité.

Alors, rendons-nous à l’évidence : que ce soit face aux grandes entreprises comme d'ailleurs aux mafias, à la spéculation ou pour la préservation de la planète, nos états apparaissent bien petits et désarmés.

Si on ne veut pas que le monde se transforme de plus en plus en une jungle sauvage dont nous serons continuellement les victimes, une puissante régulation internationale devient impérative.

Quelles pourraient en être les bases ?

Il ne peut s’agir de tout harmoniser, les écarts étant trop grands entre pays. Les mêmes droits sociaux partout, la même fiscalité, les mêmes aides…, qui placeraient tous les peuples à armes égales est encore un rêve irréalisable.

Par contre, replacer l’homme au cœur de l’économie, vérifier que les décisions managériales ne sacrifient pas exagérément les salariés au profit, donner une valeur au travail similaire à celle du capital, réguler la spéculation, limiter les fuites fiscales…, les chantiers ne manquent pas…

Notre époque est à la croisée des chemins, et cela dans de nombreux domaines : la préservation de la planète, l’épuisement de ses ressources, la surpopulation, la spéculation sauvage… et la maîtrise des grandes entreprises.

Nous portons une responsabilité écrasante vis-à-vis des futures générations : si nous ne sommes pas assez sages pour nous dégager de nos préoccupations immédiates et locales pour penser à nos petits enfants, en privilégiant l’avenir, nous leur préparons un véritable cauchemar.

Nous préparons un monde de guerres, voire d’exterminations, les plus forts disputant aux autres des ressources raréfiées dans un monde sans lois. Les derniers conflits, de plus en plus sanguinaires, en sont les prémices. Nous aurons vécu moins que les dinosaures… Et notre mémoire sera marquée du sceau de la bêtise.

Quand nous considérons les difficultés rencontrées pour construire une Europe forte, raisonnable et efficace, nous voyons que nous avons du souci à nous faire. Ressaisissons-nous, c’est urgent !

LVPC

lundi 13 avril 2009

De l’art de ne jamais rien prévoir en politique

Lorsqu’on y réfléchit quelque peu, on constate clairement que la plupart de nos multiples problèmes étaient aisément prévisibles.

Prenons le cas du chômage. Lorsqu’on a ouvert en grand les frontières aux importations des pays à bas coût, il était tout à fait évident que l’on condamnait simultanément les secteurs de notre industrie qui étaient directement en concurrence.

Lorsqu’on a autorisé les banques à prêter sans aucune limite, il était clair que l’on laissait le champ libre à une création de monnaie incontrôlée et, au bout du compte, à une spéculation débridée et à une économie virtuelle destinées tôt ou tard à exploser et à écraser les plus pauvres.

Lorsqu’on enfle continûment la fonction publique en France, qui force à alourdir impôts et taxes, il est inéluctable de voir les grandes entreprises fuir notre pays et, avec elles, notre richesse s’échapper à l’extérieur.

Lorsqu’on tolère les paradis fiscaux, comment s’étonner de voir les recettes fiscales s’évaporer ?

Lorsqu’on regroupe les hôpitaux en vastes ensembles ingouvernables, n’est-ce pas normal que cela ne fonctionne plus ?

Certes, toutes ces mesures avaient une utilité et il semble aujourd’hui facile de critiquer. Pourtant toutes ces conséquences étaient facilement prévisibles. Mais, personne n’a voulu les anticiper et prendre les mesures pour les éviter. C’est cela qui est critiquable :

Pourquoi ne pas avoir mis en place dès l’origine un abaissement des droits de douane progressif et rectifiant les trop grands déséquilibres, promoteur de progrès sociaux chez le producteur sans détruire ceux de l’acheteur ?

Pourquoi ne pas mieux encadrer le crédit et la spéculation ? Pourquoi ne pas favoriser les entreprises au lieu de les décourager ? Pourquoi ne pas réprimer les paradis fiscaux ? Pourquoi ne pas conserver des établissements de santé à taille humaine ?

Pourquoi nos politiques, si habiles au niveau des idées générales, ne prévoient-ils pas davantage, pourquoi font-ils si peu de cas du sort concret de leurs concitoyens ?

Cela aurait certainement moins de panache, mais quel gain moral et quel bon souvenir légué à la postérité !

LVPC

Méfions-nous des 4 % !

Dans toutes les professions et dans toutes les collectivités humaines, on trouve 4 % (ce taux est bien sûr symbolique, il peut varier de 1 à 100 %) de voyous.

Ces 4 % jouent un rôle de loupe déformante sur une réalité bien plus nuancée :

Il a suffit de x % de financiers véreux pour nous enfoncer dans une crise financière sans fonds, et nous devrons rem-bourser sur nos propres fonds leurs dégâts (nous n’avons pas encore payé mais cela viendra…).

Pourtant les riches ne sont pas tous malhonnêtes. Ils font aussi vivre notre économie et stimulent la promotion sociale. Qui ne se donne pas du mal sinon pour devenir riche ? Sans riches, une société dépérit…

Les x % de patrons voyous licencient à tour de bras sans raison, profitant de l’ambiance de crise. Une entreprise bien gérée doit en effet subvenir aux périodes creuses grâce aux profits accumulés pendant les périodes fastes. Licencier au moindre coup de Trafalgar ressort de l’impéritie et, lorsque c’est seulement pour en retirer des profits pour soi-même ou pour les actionnaires, de la malversation caractérisée.

Mais tous les patrons ne sont pas aussi pervers. Il en faut pour diriger les entreprises et beaucoup d’entre eux se donnent beaucoup de mal pour faire prospérer leur boîte. Leur tâche est loin d’être facile : que survienne une difficulté commerciale, technique, de personnel, de client, de banque… ils sont sur la brèche et doivent jouer les pom-piers. Gardons-nous de stigmatiser tous les patrons.

Qu’un curé viole des adolescents et nous avons l’impression que tous les ecclésiastiques sont pédophiles, qu’un élève agresse un camarade et nous tremblons pour nos enfants, que le Président commette une erreur et la presse se hâte de le faire passer pour un idiot…

Dans ce monde d’apparence où l’image remplace l’objet réel, où le beau est confondu avec le bon, et le laid avec l’abject, l’incident avec le récurrent, nous fonctionnons avec des stéréotypes et devenons peu à peu incapables de raisonner sainement.

Nous sommes alors manipulés à l’envie, préférant le beau parleur incapable au besogneux compétent, plébiscitant le coupable qui se crie innocent avec charme, subjugués par le politique flatteur qui promet la lune et méprisants pour le mauvais orateur.

Attention à ne pas devenir de simples pantins télécommandés : faisons preuve de discernement et de modération, sachons voir à la fois le verre à moitié vide et le verre à moitié plein, les défauts mais aussi les qualités.

Sachons condamner et réprimer les 4 % d’escrocs mais aussi reconnaître les mérites des 96 % honnêtes.

Sachons garder notre esprit critique et notre bon sens.

Ils sont les clefs du bon fonctionnement de notre société, c'est-à-dire de notre propre prospérité.

LVPC

L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net