dimanche 23 août 2009

Intelligence industrielle

Ecrit en Mars 2009

Actualité :
Alors que la France est encore en plein marasme conomique, les allemands reçoivent 8 Milliards de commandes chinoises de machines-outils.
Chaque fois que je lis un article sur l’industrie allemande, j'ai l'impression de recevoir un cours sur les bonnes pratiques de management industriel.

Ainsi, à force d’excellence, la machine-outil allemande a-t-elle su acquérir une renommée de qualité à toute épreuve. Ainsi, bien qu’elle soit réputée chère et malgré la crise économique généralisée, elle continue d'accumuler les commandes.

Mieux, les entreprises allemandes, d’après ces articles, ont su conserver les bénéfices engrangés pendant les périodes fastes et, face à la crise, au lieu de resserrer des dépenses telles que les recherches et développement, traditionnellement considérées comme des « danseuses » non rentables en France, les accroissent au contraire, y voyant là le meilleur moyen de renforcer encore leur compétitivité.
Les grands constructeurs automobiles d’outre-rhin sont solidaires de leurs fournisseurs et cherchent à les préserver. De ce côté-ci, au contraire, on les massacre en cassant les prix et en délocalisant au maximum.

Enfin –on croît rêver par ces temps de débauches massives en France­­­­–, face à la baisse des commandes, les PMI Allemandes privilégient le dialogue social et le chômage partiel, ayant compris que les licenciements handicapent ensuite toute reprise.

Des pratiques que nous aimerions bien voir dans notre pays : la culture de l’excellence et de l’efficacité, la gestion dans la durée et, surtout, un management humain refaisant de l’entreprise un lieu de coopération équilibré et stimulant.

Ah, qu’arrive vite le jour où nous pourrons être fiers de nos industriels !

LVPC

vendredi 14 août 2009

AFGHANISTAN…

Pour nous redonner le moral en cette période de vacances, ARTE a diffusé ce matin un reportage allemand sur l’Afghanistan.

Enthousiasmant ! Depuis le départ des Talibans, réussite totale :

Le pays est devenu le premier producteur mondial d’opium (90% du volume mondial, excusez du peu !). Le pavot finance les talibans qui, contrôlant la majorité du pays, imposent une taxe sur sa production, son traitement et sa circulation. Malgré cela celui-ci rapporte 10 fois plus aux paysans que le blé. Comment les convaincre de changer ?

Au niveau national, le responsable de la lutte anti-corruption, désigné par le Président Hamid Karzai, est un trafiquant notoire, de même que les gouverneurs régionaux. Comment faire appliquer la loi ! (le juge le plus actif a été assassiné…)

De son côté, le mandat de l’armée est de lutter contre les talibans mais de ne pas se préoccuper de la drogue. Autant lutter contre la mafia tout en ne réprimant pas les trafics qui l’alimentent.

Mais, me suis-je dit, sur le terrain, les soldats sont utiles : ils construisent des écoles, améliorent les routes, assurent la sécurité…

La réussite là-aussi est évidente : suite aux bavures, les autochtones, au lieu de vénérer nos militaires, ont tendance à éprouver de solides rancunes à leur égard. On les comprend d’ailleurs : comment aimer ces intrus qui ressemblent plus à Mad Max qu’à des humanitaires et qui sont à cent lieux de votr e propre culture ?

Imaginez un chantier d’école : 3 ouvriers entourés de soldats surarmés, engoncés dans un volumineux gilet pare-balles, avec fusil d’assaut, casque hérissé de cameras, lourdes guêtres et, surtout, complètement stressés car redoutant d’être tués d’une minute à l’autre.

Compter sur la police afghane ? Ils sont la première cible : 1200 morts et 600 blessés sur les quelques 5000 formés par les allemands, et les talibans leur offrent de les payer deux fois plus. Comment s’étonner qu’ils soient largement corrompus et inutiles ?

Ah, c’est bien parti !

Pour mémoire, ce blog a dénoncé à de multiples reprises l’inanité de ce genre d’intervention (voir notamment « soldats sans armes… » - Août 2008) ─et le présent lui donne raison. La seule solution n'est-elle pas à l’évidence de gagner la confiance de la population et, en l’occurrence, de commencer par « tuer » la drogue ? La stratégie adoptée est exactement à l’opposé…

LVPC

vendredi 7 août 2009

Les colimaçons ne sont pas tous morts…

Actualité
  • L'Europe demande aux producteurs de fruits et légumes de rembourser les aides publiques qui leur ont été versées entre 1992 et 2002, jugées anti-concurrentielles.
  • On y voit plus clair dans le scénario qui a conduit à la mort du petit Yannis, 9 ans, sur l’étang de Pontpoint. Contrairement aux témoignages, il conduisait en fait le scooter des mers et a été percuté par celui de son jeune frère, avec qui il fausait la course.
  • L'équipementier automobile américain Molex annonce la fermeture de son usine française de Villemur-sur-Tarn. Un dur conflit social agite l'usine depuis le 7 juillet.
  • Les traders protestent contre la réduction de leurs bonus.
En ces temps où la télévision n’est plus qu’une série de séries policières à ADN obligatoire, l’actualité nous apporte heureusement son lot de nouvelles étonnantes et finalement divertissantes.
La livraison de ce matin :

Remboursements indûs…

Dernières nouvelles concernant les remboursements de subventions demandés aux producteurs de fruits et légumes :

Contrairement avec ce qui avait été annoncé, ils ne s’élèvent pas à 300 Millions mais à 700, excusez du peu. Simultanément, le Ministre précise le montant du plan de soutien annoncé à grands renforts de publicité : j’ose à peine le dire : 15 Millions…

Est-ce simplement le pourboire ? J’ai dû me pincer pour vérifier que je ne rêvais pas… Le Ministre doit bien aimer faire des farces, ce doit être un sacré rigolo dans les soirées…

En outre, on apprend que la cueillette coûte 13 € de l’heure en France contre 7 en Espagne. Si ce n’est pas une sacrée distorsion de concurrence, ça, et bien au-delà des sommes à rembourser, je ne m’appelle plus « canard » !

Les agriculteurs annoncent d’ailleurs qu’ils acceptent bien le soutien mais ne feront aucun remboursement. C’est de bonne guerre, chacun ferait de même leur place !

Notre jeune ministre, plein d’illusions et de théories, doit sortir de l’ENA…

Témoignages flous (et fous…)

Les premiers témoignages avaient indiqué que le petit garçon de 9 ans mort sur l'étang de Pontpoint avait été heurté par un jet-ski alors qu’il se baignait dans celle-ci.

Après vérifications, il apparaît que c’est lui qui conduisait le jet-ski et qu’il faisait la course avec son frère de 8 ans ( !) et un adulte !

Je ne reviendrai pas sur l’aberration de laisser de tels engins entre les mains d’enfants, mais l’acuité des premiers témoins force l’admiration :

Ouf ! Nous sommes probablement passés à côté d’une guerre intergalactique : ils auraient pu nous annoncer que le gamin avait été enlevé par des martiens et s’était tué en sautant de la soucoupe volante !

Ouf !

Molex ne mollit pas…

Si je comprends bien, les ouvriers de Molex ont commencé par voter la grève générale.

Mais l’entreprise, après la molestation (molextation ?) d’un de ses représentants américains, a décidé de fermer le site.

Les ouvriers ont aussitôt décidé de reprendre le travail et attaquent la société pour fermeture abusive.

Ils annoncent en même temps que, dès que l’usine sera réouverte, ils se remettront en grève…

Si ce n’est pas tout faire pour embêter le monde, ça… !

Traders sans scrupules…

Les traders ont réagi aux protestations émises vis-à-vis des primes incroyables qui leur sont prévues (1 Milliard à la BNP, 35 aux USA) : (en substance) « c’est tout à fait normal que nous soyons rémunérés sur l’argent que nous faisons gagner à la banque… »

Ils se prennent pour Dark Vador, le génie du mal ?
LVPC
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mercredi 5 août 2009

Les médias, théâtre d’ombres pour des ombres


Texte écrit fin Août 2007

Regardez-vous parfois les informations à la télé ? Ecoutez-vous quelque fois la radio ? Vous arrive-t-il de lire le journal ? Alors vous êtes sans doute comme moi : vous avez l’impression que tout va mal. Bombes ininterrompues en Irak, crise de la bourse, PIB français en berne, et pour la meteo, la pluie et le froid en plein été.

Sans compter le pétrole qui s’épuise, la forêt amazonienne qui disparaît, la banquise qui fond, la couche d’ozone qui se désagrège… On se croirait dans la chanson de Bernard SCOTTO : J'ai la rate Qui s'dilate, J'ai le foie Qu'est pas droit…

C’est fou ce qu’on s’évertue à nous remonter le moral. Toute la misère du monde nous tombe dessus chaque matin au moment de la toilette (si comme moi vous écoutez la radio à ce moment-là)…

Et puis, j’ai du mal à suivre : un raz de marée épouvantable détruit une bonne partie de l’Asie du sud-est. Pendant quinze jours on ne parle que de ça. Puis silence radio complet. Sans doute que tout est arrangé... Les journalistes ont donc raison de nous rappeler alors la famine au DARFOUR avec ses millions de morts (vous avez remarqué vous aussi qu’ils parlent tous du même sujet en même temps : quelle belle coordination !). Cela dure quelques jours, le temps de voir un de nos ministres résoudre le problème. Puis c’est un tremblement de terre meurtrier pendant quatre jours, avant de passer à autre chose…

C’est bien la télé ! On est au courant de toutes les catastrophes ! A croire que celles-ci se programment spécialement pour TF1, afin que le JT ne soit pas en panne !

Mais ce qui est remarquable, c’est que les problèmes les plus graves se résolvent les uns après les autres par une sorte de magie télévisuelle. Du moins on peut l’espérer puisque, ensuite, on n’en parle plus pendant des mois. Si ces désastres n’étaient pas soldés, il est certain que les journalistes, sérieux comme ils sont, nous en parleraient régulièrement tant que la situation ne s’est pas rétablie. Pourquoi sinon, en effet, tant chercher à nous impressionner au début par des images chocs et une répétition qui tourne à l’obsession, si ce n’est pour nous mobiliser à aider les malheureux ? A moins que ce ne soit pour flatter nos instincts sadiques, pour montrer simplement ces souffrances ? Le marquis de Sade faisait moins bien dans le genre.

Non, en réalité, tout ce tapage médiatique est réalisé pour recueillir les idées de nos concitoyens. Et cela marche à merveille ! A chaque fois, les solutions fusent des auditeurs. Ainsi, ces derniers jours, un pédophile venant sortir de prison n’a pas été placé immédiatement sous contrôle, faute de moyens de la Justice, et en a profité pour violer aussitôt un petit garçon. Instantanément, la sagesse populaire a exigé que tous les psychopathes soient enfermés à vie.

Il est vrai qu’il n’est pas tout à fait normal que les enfants se fassent violenter au coin des rues, et c’est tout à fait sympathique que l’opinion publique se mobilise ainsi. L’enfermement à vie devrait certainement résoudre le problème. Il faudra toutefois des centres d’accueil (on disait des asiles de mon temps), et donc des communes et des riverains qui acceptent cette cohabitation, génératrice de troubles et de baisse des prix immobiliers. Ainsi, si nos chers concitoyens veulent à tout prix de telles installations, c’est bien sûr chez les autres, le plus loin possible de chez eux. Pas de problème pour trouver un tel emplacement !

Pourquoi aussi ne pas étendre cette logique à tous ceux que nous aimerions bien voir éliminés, les trafiquants de drogue, les escrocs en tout genre, les meurtriers, les voleurs et autres hold-upers, les brûleurs de voiture le week-end, les grévistes qui paralysent les transports les jours de travail…, sans oublier notre voisin de palier qui fait trop de bruit… La France se transformerait alors en immense prison…

Vous me direz que cela permettrait déjà de mieux circuler en voiture. Encore faut-il que nous ne soyons pas dans le lot, dénoncés par quelque fâcheux que nous n’aurions pas salué en allant promener le chien !

En fait, tous ces problèmes télévisuels se résolvent (ou non…) sans qu’on s’en occupe réellement, en dehors des acteurs directs, qu’on laisse tranquillement se dépatouiller tous seuls. Je suis toujours frappé par ce contraste entre le bon sens dont fait preuve chaque homme et chaque femme dans sa vie de tous les jours et le manque de responsabilité que nous montrons au niveau collectif. Ainsi, nos concitoyens peuvent-ils très bien être d’un pragmatisme absolu pour choisir l’école de leur fille ou lorsqu’ils vont acheter leurs légumes au marché, en essayant de penser à tout, alors qu’ils raisonnent si peu —ou si mal— dès qu’il s’agit de questions qui ne les concernent pas immédiatement et directement. On les comprend car ils ont déjà tellement de mal avec leurs propres affaires ! Mais en se cachant la tête dans le sable, l’autruche laisse sans défense la plus partie la plus charnue de sa personne ! Gare aux coups de pieds dans les fesses !

Les hommes politiques y mettent aussi du leur en caressant toujours dans le sens du poil leurs supposés électeurs. Envisage-t-on d’enfermer les pédophiles à vie comme on l’a vu ? Excellente mesure pour les fans du parti au pouvoir, mais défaut déplorable de réflexion et mesure inadaptée pour les opposants. Suite à un accident grave, le Ministre réagit-il rapidement ? C’est de la précipitation et de la démagogie pour la presse. Prend-t-il un peu de temps ? Il s’en fout ! Ne fait-il rien ? Il ne fait jamais rien ! Le débat politique donne parfois l’impression de ces cours d’écoles primaires où toute la joie de nos enfants consiste à se chamailler par principe, rien que pour s’affirmer. Quels grands enfants que nos élus ! Ils sont si attendrissants, ces petits !

Ce serait vraiment moins drôle si, dans le cas de tous ces désastres annoncés, des experts prenaient le temps d’instruire complètement les dossiers avec les solutions à adopter et leurs répercussions, en visant le bien collectif sans idéologie et en toute transparence.

Ce serait complètement triste si les journalistes et nos mandants prenaient au sérieux ces questions et en assuraient un suivi effectif jusqu’à résolution.

Ce serait enfin d’un ridicule absolu si le français moyen se sentait partie prenante, examinait posément et sérieusement la question, puis acceptait d’ouvrir son portefeuille si nécessaire (par exemple pour renforcer les moyens de la Justice).

Heureusement que cela n’a aucune chance de se réaliser.

Théâtre d’ombre pour des ombres, la télévision a bien raison de continuer à faire défiler des images terrifiantes, à la manière de la caverne de Platon, dont les habitants enchaînés ne voyaient du monde que des silhouettes en trompe l’œil, sans pouvoir intervenir.

Elle a aussi raison de ne parler que de ce qui va mal. Comme le dit la blague citant une affichette supposée placée gare de l’est : « nous informons les honorables passagers que les trains prévus pour Strasbourg demain entre 14 h 15 et 15 h 07 partiront exceptionnellement à l’heure ».
On ne parle que des trains qui déraillent. Prenons garde que nous ne déraillions pas nous aussi !
LVPC
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La carte d’identité

Suite des mésaventures courantes d'un français moyen.
Texte écrit en 2007

Il faut aussi parler des cas où tout marche bien. C’est rare mais ça fait plaisir. On en oublierait presque les colères et les crises prises dans les autres cas. Félicitons ici les hommes et femmes qui ont pris à cœur de bien nous servir, et même de nous faire plaisir, alors qu’ils eussent pu rester dans la cohorte infernale de ces gens qui s’évertuent à nous pourrir la vie.

Voici une histoire qui avait mal commencé mais qui s’est bien terminée. A vrai dire, j’avais été terrorisé au début.

Lors du retrait d’un recommandé à la poste, le préposé, consultant ma carte d’identité, m’avait annoncé d’un ton revêche qu’elle était périmée. Auparavant, sa durée de vie était illimitée mais, depuis les nouveaux formats « carte de crédit », elle a une date de péremption, tout comme les yaourts. C’est du reste raisonnable, mais il faut y penser !

Bien que je sois correctement habillé, mon interlocuteur me considérait visiblement comme un fraudeur en puissance ─il devait être de mauvaise humeur ce jour-là─ et j’eus toutes les peines du monde à lui expliquer que, même périmée, la carte restait valable pour les opérations courantes telles que celle-ci (ce qui est vrai). Et je réussis finalement à récupérer ma lettre. Fin du premier acte.

Je commençais toutefois à « flipper » à la perspective des formalités sans doute insurmontables qui seraient à remplir pour renouveler ce véritable droit de vivre qu’est ce petit bout de plastique. Je parle bien entendu de la carte d’identité.

On se sent parfois peu de chose lorsqu’on constate que, dans nos sociétés dites civilisées, nous n’existons que par notre n° de sécurité sociale, notre n° fiscal ou notre carte d’identité. Tout comme les veaux de batterie, dont l’individualité pourtant certainement attachante se résume à un numéro et à une bague attachée à leur oreille. Certainement qu’un veau a aussi des peines de cœur, des soucis de santé, des envies, des espoirs… et ne se rend pas compte de son état de « pion », engagé en sursis dans un voyage inéluctable vers la mort. C’est dans ces cas-là que l’on réalise que nous sommes en réalité nous-aussi des veaux de batterie…

Toujours est-il que je me branche sur mon Internet favori, puis sur le site de l’administration et tape le mot-clef magique : carte d’identité. Devant mes yeux ébahis (encore toutes mes félicitations à l’État pour ce site Internet) s’affiche aussitôt une fiche claire qui énonce les pièces à réunir, soit des photos d’identité au format normalisé, un extrait d’acte de naissance et une attestation de domicile.

Concernant les photos, un photomaton proche, et qui fonctionnait ce jour-là, me les fit immédiatement. Concernant l’extrait d’acte de naissance, le site m’aiguilla également vers celui de la mairie ad-hoc et le remplissage d’une fiche simple me permit de recevoir gratuitement la pièce quelques jours après. Ma femme et moi, nous croyions rêver…

Lorsque la machine fonctionne bien, c’est-à-dire lorsqu’on correspond parfaitement aux petites cases que le concepteur du programme a prévu, tout est merveilleux. Cela dédommage des crises prises à répondre à ces répondeurs automatiques qui égrènent (à 0 .34 € la minute) des choix sans fin avec deux options finales quasi-systématiques : soit vous ne répondez pas aux rubriques (ouste ! dehors !), soit les opérateurs sont occupés et la « voix » vous invite à rappeler. Ah, la poésie de ces standards qui exploitent une idée absolument géniale : faire payer au client ses propres déficiences !

Et plus il y en a, meilleur est le gâteau ! Votre ordinateur tout neuf est en panne ? Hop ! Le fournisseur récupère le bénéfice qu’il n’a pas fait en cassant ses prix sur Internet ! L’opérateur qui gère votre téléphone portable ou votre ADSL survivrait-il s’il était au-dessus de tout reproche ? J’en doute ! Ce qui est vraiment malheureux, c’est que nous ne puissions pas en faire autant ! Pourquoi ne pas mettre à l’amende la police lorsque nous loupons un stop ou le fisc lorsque nous sous-évaluons notre déclaration ? Pourquoi la pompe à fric ne fonctionne-t-elle toujours que dans un seul sens ?

Revenons à notre « CIN ». Je rassemble les pièces précédentes et, comme je veux être sûr de ne pas être rembarré comme un malpropre, je me munis de plus de mon livret de famille et de trois attestations de domicile sous la forme de factures de téléphone et d’électricité soigneusement imprimées à partir des sites Internet ainsi que de mon RIB (relevé d'identité bancaire). Je me dis que j’ai tout ce qui est possible et Je m’achemine vers le service d’état-civil de la Mairie, bardé à la fois d’assurance et de mes papiers.

J’ai pris la précaution de téléphoner au préalable afin de connaître les horaires et j’arrive à l’ouverture. Chic la salle est vide ! Deux préposées s’affairent à allumer leur PC, mais de client, nenni ! Je me précipite ! C’est sans compter avec une dame assise derrière un comptoir à l’entrée et dont l’unique fonction est de faire retirer un ticket numéroté aux nouveaux arrivants.

Elle m’intime donc de le faire. Je m’excuse et lui explique que, comme il n’y a aucune attente, j’ai cru que le ticket n’était pas nécessaire. Non, cela doit être écrit dans le règlement, il faut le ticket, même s’il ne sert à rien ! Finalement tout est bien plus simple comme cela. Tout est écrit, systématique. On nous dresse comme feu le chien de Pavlov. Et le fonctionnaire n’a pas à réfléchir. Il n’est d'ailleurs pas là pour cela. Il serait d'ailleurs bien plus simple de ne pas mettre de fonctionnaire du tout et d’installer une porte blindée qui ne s’ouvrirait que moyennant le ticket. Le ticket ne sert à rien, mais il est écrit qu’il le faut. Alors, malheur à celui qui sort des rails et ne l’a pas ! La machinerie administrative de s’en remettrait pas ! Nous serions le grain de sable de Cléopâtre. Tout l’édifice s’écroulerait.

Je prends mon ticket. Quelque temps après, un écran que je n’avais pas vu clingue (ou fait « cling ! » si vous préférez) et, miracle, mon n° s’affiche. Comme quoi la technique est formidable ! Je cours, je vole ! Je suis très poli : « bonjour madame, j’espère que je ne vous dérange pas trop ! ». Cette dame est formidable : elle comprend tout de suite le problème. Elle épluche mes papiers et remplit à ma place un formulaire.

Tout à l’air d’aller le mieux possible dans le meilleur des monde quand elle sourcille : « vous n’avez pas d’originaux pour les factures d’EDF et de téléphone ? » me demande-t-elle. Je lui réponds que cela n’existe plus. Cela semble fortement la géner. Elle s’adresse alors à une collègue arrivée entre-temps. Celle-ci confirme qu’il faut des originaux.

J’ose remarquer qu’il s’agit en fait d’originaux puisqu’ils sont directement issus du site de la société, sans copie ou autre artefact. « Non, pour l’administration, ces impressions sont assimilées à des copies ». Je sens qu’elle est très contrariée de me contrarier. Elle essaie de toutes ses forces de trouver une solution. « On peut essayer, me dit-elle, mais vous savez, cela ne dépend pas de nous. A la préfecture, ils sont très à cheval sur ce point. Votre dossier a toutes les chances d’être refoulé. Il faudrait que vous demandiez une attestation par courrier.»

Je montre mon RIB, qui est quand même la pièce qui atteste que j’habite bien là où j’habite puisque c’est là que me sont adressés chéquiers et courrier bancaire. Mais cela n’est pas prévu. Sa copine et elle réfléchissent intensément : « Peut-on prendre le risque ? ». Je les soutiens : « je pars en vacances dans 3 jours, je n’aurai pas le temps de recevoir le papier », argue-je. Finalement, et au grand désespoir de ces dames, le dossier est mis au départ. Fin du premier acte. Je me sens dans la peau de César passant le Rubicon, le sort en est jeté : alea jacta est !

J’ai toutefois une pensée émue pour tous ceux qui n’ont pas tous les papiers en règle comme moi : les français nés à l’étranger, les rapatriés, les étrangers nationalisés, les SDF…

Ma fille elle-même, qui était revenue 3 mois auparavant d’HawaÏ après un séjour de 6 ans, avait rencontré toutes les difficultés imaginables. Imaginez : elle n’avait pas de n° de sécurité sociale puisqu’elle avait commencé à travailler là-bas après un mastère. Elle n’existait donc pas administrativement. Elle ne pouvait pas entrer dans les systèmes informatiques. Donc pas d’inscription comme chercheuse d’emploi, pas d’assurance maladie (naturellement) et heureusement que nous étions là pour qu’elle puisse avoir un logement ! Essayez un peu de trouver un appartement avec des bulletins de salaire hawaïens, sans emploi en France, sans quittance de loyer précédent… ! Gagner le 200 mètres nage libre devant Laure Manaudou est certainement plus facile. L’informatique et les réglementations n’ont pas pensé à tout, et en particulier à nos enfants prodigues qui développent l’influence de la France à l’étranger. Restons bien chez nous. Surtout ne quittons pas notre village. Et accueillons le plus mal possible les « étrangers » (même s’ils sont français !).

Mais j’ai parlé d’un succès. C’est parce que la suite s’est déroulée sans encombre, et même de façon étonnamment parfaite. Jugez-en : Un mois et demi plus tard, je me dis qu’il serait temps de prendre des nouvelles. Je passe à la mairie. Las, une queue monstrueuse patiente tandis que nos deux préposées s’activent. J’indique à la cerbère de l’entrée que je voudrais simplement savoir si ma carte d’identité est arrivée et que, si c’est le cas, je ferai la queue très volontiers. Il me semblerait par contre exagéré d’attendre deux heures si ce n’est pas le cas. Cette dernière me répond avec tact qu’elle n’en sait rien et qu’il me faut attendre. Je m’installe donc debout dans la file, car tous les sièges sont pris.

Pourtant, mon argumentation a-t-elle créé un début d’illumination dans sa cervelle embrumée par 30 ans de stationnement imperturbable et inactif au même poste (cette dame est d’un certain âge et semble avoir été créée avec le meuble qui la supporte) ? Je la vois qui quitte son siège et va s’enquérir auprès des employées —non pas celles qui conversent avec les clients, mais celles qui, sur les sièges arrières, contemplent le tout avec l’air dynamique des crocodiles qui font la sieste dans un reptilarium. Sans doute sont-elles là pour valoriser les deux qui travaillent (et pour aider à dépenser nos impôts locaux…). Aussitôt, l’une se dirige vers un classeur à tiroirs et consulte des dossiers. Je me dis que c’est peut-être pour moi. Effectivement, la dame de l’entrée revient et m’indique que la carte n’est pas arrivée. Quel ange cette dame ! Je vais pouvoir éviter au moins deux heures de temps perdu ! Qui aurait pu raisonnablement imaginer que j’aurais pu y échapper ? Le deuxième acte s’achève ainsi. C’est un succès dans la mesure où le pire a été évité.

La perfection a toutefois été atteinte lorsque, deux semaines plus tard, mon téléphone portable a bipé. En le consultant, j’ai trouvé un SMS qui m’annonçait l’arrivée de ma carte. Ainsi, l’administration n’acceptait pas mes attestations par Internet mais recourait au SMS ! Je m’en suis frotté les yeux d’incrédulité, moi qui en suis simplement à l’apprentissage de ces messages. La vie est merveilleuse car elle nous surprend toujours ! Simultanément, une lettre me l’annonçait aussi. Fin du combat ! J’ai donc maintenant une carte d’identité à jour ! Mais que me réserve le renouvellement ?

Bah, n’y pensons pas… Carpe Diem, goutons l’instant présent !

LVPC

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Les clefs de la voiture !

Suite des mésaventures courantes d'un français moyen.
Texte écrit en 2007

Avez-vous un chien ? Si oui, vous connaissez les joies d’une affection sans réserve, d’un accueil toujours frétillant, d’une gentillesse inconditionnelle. Mais aussi celles des ballades quotidiennes, que l’on ne ferait pas sans cela, et qui nous permettent de redécouvrir la nature, voire de se redécouvrir soi-même.

Après le départ de nos grands enfants tel l’envol des oisillons hors du nid, la maison nous paraissant soudain très vide, j’ai décidé d’avoir un chien. Direction donc Internet afin d’acheter un guide sur la conduite à tenir vis-à-vis de la bête, d’accumuler le maximum d’informations et de consulter l’offre.

Finalement nous avons décidé d’apporter le bonheur à une chienne recueillie par la SPA, un croisement très élégant entre un labrador noir et un dalmatien, que nous avons appelé derechef et de façon très originale « Belle ».

Disons tout de suite que nous n’avons rien regretté. Belle nous donne toute les joies du monde. Caline, obéïssante, dynamique, c’est une copine de tous les instants. Tous ceux qui ont eu un chien vous diront combien on s’y attache.

Tout ceci pour revenir à ce Vendredi de Mars où je partais promener l’animal. Notre pavillon se trouve en pleine zone citadine, avec pour tous promenoirs les trottoirs souvent jonchés d’excréments canins et de débris de verre. De plus, les véhicules frôlent à toute vitesse les piétons qui ont la folie de s’y aventurer, une promenade est alors aussi paisible que la ronde d’un peloton de GI dans les ruelles de Bagdad.

J’ai donc pris l’habitude d’emmener la bête en voiture jusqu’aux divers espaces boisés des environs, où elle et son maître peuvent alors s’ébattre en liberté sans crainte. Belle monte donc dans le coffre de notre voiture. Je me penche pour lui mettre sa ceinture de sécurité, en l’occurrence une chaîne fixée à un anneau, sans lequel elle serait rapidement sur mes genoux.

Je referme le coffre sans m’apercevoir que, en me penchant, la clef a subrepticement glissé de la poche de poitrine où je l’avais soigneusement rangée, et est tombée. Et c’est là que le drame se noue…

Il faut vous dire que notre voiture est une voiture d’occasion récemment achetée et seule une clef nous a été fournie avec la voiture. Nous aurions naturellement dû en demander une autre auprès du garage (car ces clefs à « bips » contiennent un microprocesseur qui interdit toute reproduction par un néophyte) mais, que celui qui n’a jamais oublié une action essentielle —comme d’acheter des petits pains au chocolat pour le petit déj du lendemain matin ou de tuer sa belle mère— nous jette la première pierre, nous ne l’avons pas fait…

Nous voilà donc avec Belle à l’intérieur de la voiture fermée aussi hermétiquement qu’une huitre attaquée par un bigorneau perceur, et sans possibilité de libérer notre pauvre animal, tandis qu’un soleil ardent (le mois de Mars de cette année avait été caniculaire) promet de porter sous peu à ébullition le contenu du véhicule. Panique à bord !

Armé d’un fil de fer passé par le léger interstice qui subsiste entre la glace des portières et la carrosserie, j’essaye d’actionner la commande manuelle d’ouverture à l’intérieur, comme j’ai vu les voleurs le faire au cinéma. Les voisins se joignent à moi mais, malgré tous nos efforts réunis, rien ! J’ai toujours été envieux des malfrats des films qui ouvrent votre porte de sécurité avec un cure-dent, pénètrent dans votre voiture et la mettent en marche en joignant simplement deux fils… Ils doivent avoir un truc…

Aujourd’hui j’ai donc l’impression d’être une cruche. Et cette impression va se confirmer très vite. En effet, au bout de deux heures d’efforts et alors que je commence à me résigner à retrouver ma chienne sous la forme d’une carcasse rôtie (d’où le nom des hot-dogs), un de nos garagistes habituels (nous partageons tout avec les voisins) vient à passer par là par hasard. Nous lui expliquons notre galère. Il sort un outillage essentiellement constitué de petites barres très fines de son coffre et nous ouvre l’habitacle en moins de deux. Impressionnant ! Dans ces cas-là, on salue l’artiste ! Mais, ouf ! Belle est sauvée ! Cela vaut bien le pourboire astronomique que je verse à notre sauveur sous le choc de l’émotion. J’espère qu’il aime les chiens !

Donc, le lendemain, je joins le vendeur de notre petite auto et m’étonne de n’avoir qu’une clef. Ce dernier m’explique que, pour les véhicules d’occasion, il peut n’y en avoir qu’une (je saurai plus tard que c’est faux), et qu’il me reste à en acheter une seconde. Aussitôt dit, aussitôt fait. Je vais au magasin du garage et commande ma clef. Un vendeur charmant (pourquoi les vendeurs sont-ils toujours aussi charmants ?) me promet que la clef sera prête rapidement et il me rappellera pour me prévenir. L’affaire est dans le sac ! Napoléon devait se dire la même chose avant Waterloo et Blüsher.


2 mois passent. M’étant mis imprudemment dans l’esprit que le garage ferait signe, je n’y pense plus. Soudain, ma femme me le rappelle. Je téléphone illico au garage. La clef est arrivée ! Je cours, je vole !

Hélas, sur place, il apparaît que la clef n’est pas la bonne. C’est une simple clef sans le « clip » qui permet l’ouverture à distance. Or j’aime bien ce gadget. Il permet aussi de retrouver facilement sa voiture sur un parking plein. Qui n’a pas déjà passé des heures à chercher sa voiture au sein d’une multitude de véhicules « ennemis » ?

Je passe donc une nouvelle commande. Nous sommes en Mai. Un autre vendeur, tout aussi charmant que le premier, m’assure que tout sera réglé sous peu. Pour que je ne m’inquiète pas, il m’indique qu’il me téléphonera dès réception de l’objet du délit.

Je n’ai jamais su résister au charme. Rassuré, je vaque à mes affaires habituelles pendant encore deux mois. Juillet arrive et nous nous préparons aux vacances. En récapitulant nos besoins, soudain un éclair nous frappe : et la clef !

Retéléphone au garage, cette fois-ci un peu énervé. Mon interlocuteur me calme. Il recherche la commande sur sa console. J’ai le double et peux donc lui donner les références précises. Pas trace ! Le vendeur charmant qui l’avait passée n’existe plus. Il a quitté l’entreprise. Peut-être a-t-il emporté la commande avec lui ! Mais le nouveau vendeur (le troisième déjà, ils ont les moyens dans ce garage !) me promet que ce n’est qu’une question de jours. Il me téléphone dès que c’est prêt !

Et là un premier miracle se produit. Deux jours plus tard un coup de téléphone de la secrétaire. Elle commence la conversation en me disant : « ne criez pas ! Je ne supporte pas les engueulades ! » Je me calme en me disant que, quelque part, c’est une fille qui n’y est pour rien. Je me dis aussi que, la crainte de l’engueulade étant le début de la sagesse, nous progressons.

En continuant donc avec douceur, j’apprends que la clef est bien là mais non la télécommande, car il faut les deux, et le vendeur précédent n’a passé la commande que pour la première ! Pourtant, il a pris tous les renseignements pour cela, car elle me redemande les mêmes. Mystère ! Dans ce garage, l’information s’évapore ! Heureusement qu’ils sont nombreux. Je vais bientôt connaître toute l’équipe ! Peut-être que c’était cela le but caché. Ils ne font pas de la vente mais du relationnel. Peut-être sont-ce aussi des tests d’usure psychologique et que je suis sans le savoir le cobaye d’un programme de l’INSERM ?

Mais, en poursuivant notre conversation qui reste aussi calme qu’un trimaran au cœur de l’anticyclone des Açores, cette (vraiment) charmante dame m’apprend aussi que le coût total sera à la hauteur du délai pris depuis ma première demande, soit maintenant 5 mois, c’est-à-dire astronomique. Ah ! On ne m’avait pas dit ça ! Mon interlocutrice pressent que le calme actuel devient celui qui précède les cyclones sous les tropiques et prend tout de suite les devants : « ne criez pas ! » Et ajoute-t-elle : « c’est bien une voiture d’occasion ? ». Je confirme. La voiture est récente mais elle est bien. Alors me dit-elle sans vergogne, « vous auriez du avoir deux clefs. C’est le vendeur occasion qui devrait payer la clef ! ».

J’étais assis, heureusement. Je juge inutile de faire remarquer à cette dame dont je ne connais que la voix mais qui doit être ravissante, que j’ai commencé par cela. Très calmement, je susurre : « vous pouvez voir avec lui ? ». Peut-être qu’ils arriveront à se mettre d’accord entre eux si je ne m’en mêle pas. Un silence suit. Elle reprend « il est en congés jusqu’à la fin Août ! ». Tilt ! Nous n’aurons pas notre clef pour les vacances !

Et bien, nous avons fini par avoir notre clef, après 6 mois d’attente.

Cette aventure est totalement véridique, dans le moindre détail. Elle continue de montrer le monde kafkaïen dans lequel nous vivons. Ce garage n’est certainement pas pire que les autres, et sans doute mon cas a-t-il été exceptionnel. Mais comme ce genre de mésaventure arrive de plus en plus fréquemment, on peut se demander si l’exceptionnel ne devient pas la règle…

Peut-être est-ce le bon Dieu qui veut nous tester. Peut-être que tous ces gens qui s’évertuent à nous empoisonner la vie sont en réalité des saints qui nous ouvrent la voie du paradis, épreuve après épreuve. Alors tous les espoirs nous sont permis.

Mais, Brrr ! Leur paradis administratif, je ne sais pas si cela me tente…

LVPC

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Quand les transports aériens sortiront-ils de la préhistoire ?

En cette période de vacances, suite des mésaventures courantes d'un français moyen.

(texte écrit en 2007)

Alors que les voyages en train ressemblent de plus en plus à des voyages de rêve (je dis bien en dehors des grèves…) : les trains partent à l’heure, on peut s’installer dès arrivé, le confort est très correct, la rapidité des TGV remarquable, les horaires généralement scrupuleusement respectés, les expéditions (je dis bien « expéditions ») en avion s’apparentent encore à des cauchemars :

Il faut déjà souvent de 1 h à 1 h 30 pour atteindre l’aéroport de départ, situé loin de la ville et éloigné de tout moyen de transports collectifs, avec des parkings dont le prix est au niveau du caviar Beluga, ce qui interdit à toute personne ne payant pas l’impôt sur la fortune d’emprunter sa voiture, alors que les gares sont toutes proches et facilement accessibles par métro ou bus.

Ensuite, lorsque vous avez eu la chance de dégoter un chariot sans devoir traverser tout l’aéroport, trois attentes successives : d’abord pour récupérer les billets d’avion auprès du stand de l’agence à partir du mail reçu l’avant-veille et affecté du doux nom de « voucher ».

Là, une seule préposée essaie de survivre face à une meute de vacanciers bardés de valises, s’égrenant au long d’une file de plus de 20 mètres qui barre résolument le passage aux milliers de voyageurs courant dans tous les sens, tels des fourmis dans une fourmilière attaquée par des tamanoirs.

Ensuite pour enregistrer les bagages, les hommes ont inventé astucieusement les files en zig-zag. En arrivant, vous êtes ravi de ne pas être loin du but, voyant à portée de main les stands tant désirés où vous pourrez vous débarrasser de vos valises, mettant alors déjà un pied dans vos vacances.

Mais c’est sans compter avec ces files sinuantes qui transforment 10 mètres à vol d’oiseau en 100 mètres de queue et 3/4 d’heure d’énervement. De plus, par un malicieux hasard, la file qui jouxte la vôtre avance plus vite, la préposée que vous visez semblant avoir son ordinateur en panne ou bien ayant mal dormi la veille et ressentant un impérieux besoin d’effectuer le plus lentement possible l’examen minutieux des billets.

Vous finissez quand même par arriver au « stand » (pourquoi ce nom, s’agit-il vraiment d’une foire ?) d’embarquement, en veillant à aborder poliment l’intéressée, devinant avec raison que si vous l’énervez par quelques remontrances, celle-ci sera encore plus lente. Après qu’elle ait vérifiée que c’est bien vous (pourquoi sinon vous demander votre passeport ?), voilà vos bagages partis !

Vous avez bien une petite inquiétude, nées de vos expériences passées, que vos affaires de vacance n’aboutissent à Pékin au lieu de Bangkok, dans l’avion qui part au même moment que le vôtre et dont les stands sont voisins. Mais il faut être positif ! Vous foncez vers la porte des départs. Vous savez qu’il vous reste encore 2 heures à tirer, mais vous espérez en profiter pour faire quelques achats hors taxes ou bien rattraper un peu du sommeil gâché par votre réveil aux aurores.

Et c’est là que tout se complique : un embouteillage comme les aime bison futé vous attend pour passer la police. Après cette nouvelle attente, il vous faut d'abord vous dévêtir, y compris chaussures, clefs, stylos et autres objets contondants, afin de passer dans un portique. Vous avez alors une chance sur deux pour que votre montre déclenche la sonnerie redoutée et vous fasse illico fouiller au corps.

Vous supportez aussi philosophiquement le déballage de vos bagages de cabine pour vérifier que vous ne transportez par le moindre flacon de liquide, en pensant que, si vous étiez réellement un terroriste, connaissant les contrôles réalisés, vous trouveriez bien le moyen de les contourner…

Ouf ! Vous voici prêt au départ ! Vous sentez déjà l’odeur des palmiers et le doux souffle des alizés.

Vous visitez les boutiques hors taxes, consultant les prix des apéritifs et autres parfums. Vous n’allez toutefois pas vous charger inutilement. Vous achèterez au retour.

Vous vous dirigez gaillardement donc vers la porte d’embarquement, prêt à profiter de l’heure qui vous sépare de l’envol pour faire un petit somme. Mais c’est oublier que votre avion comporte 450 passagers, qui s’agglutinent déjà sur les sièges.

Dans le brouhaha et l’agitation bien compréhensible des vacanciers frustrés, vous vous installez sagement. Le siège n’est pas vraiment confortable pour une attente d’une heure, mais les compagnies n’ont sans doute pas pu faire mieux. Faute de dormir, vous essayez de lire la revue que vous venez d’acheter, mais le cœur n’y est pas. Quand va-t-on pouvoir s’installer définitivement dans l’avion et prendre ses aises ?

Vous vous efforcez aussi de ne pas penser à la torture qu’ont vécu à ce stade certains de vos amis : le « surbooking », nom par lequel on désigne l’aimable pratique qui consiste à vendre plus de billets que l’avion ne peut accueillir de passagers et qui a sans nul doute été inventée par un sadique. Apprendre au dernier moment, après avoir enduré toutes les affres précédentes, qu’on ne part plus ! Non, cela ne nous arrivera pas ! Courage !

Enfin, l’heure de l’embarquement arrive. Un frémissement parcourt la salle. Certains se lèvent déjà et se placent près de la porte. Les hôtesses s’affairent après des machines à composter. Pourtant l’heure passe. 10 mn, 15 mn, ½ heure de retard. Toujours rien ! Et aucune explication !

Pour m’occuper, je me lève et vais à la recherche d’informations auprès des hôtesses : « L’avion est en retard » m’indique-t-on simplement, façon M. de La Palisse. La cause doit être secret défense. Mais que celui qui a vu un avion partir à l’heure se lève ! Personnellement, de mémoire de relativement grand voyageur, je ne crois pas que cette énormité me soit arrivée sur les longs courriers. Il doit y avoir un décalage horaire dont on ne parle pas entre ces avions et la terre.

Après ¾ h d’attente énervée, le soulagement arrive. Le top de départ est donné. Le passage à la porte se fait tant bien que mal à la queue leu leu mais de nouveaux bouchons se forment aussitôt en aval.

En effet, nos managers n’ont pas pensé à échelonner les passages en fonction du rang des places. Aussi ceux qui ont des sièges avant bloquent ceux qui sont derrière. Je me dis aussi que quelque obstacle inconnu doit empêcher d’utiliser toutes les portes de l’appareil, ce qui accélérerait les entrées. Peut-être même que ces portes sont factices…

Quel bonheur enfin de parvenir dans la carlingue ! J’essaie tant bien que mal de ranger ma mallette dans les casiers du haut surchargés et m’affale dans le fauteuil. C’est parti pour 10 h de calme et de volupté, servi par de charmantes hôtesses aux petits soins.

Ce devrait être cela. Mais ça ne l’est pas… Je pense que les concepteurs de l’aménagement des cabines et les éleveurs de poulets en batterie doivent être du même club : Comment arriver à passer 10 h engoncé dans un siège trop étroit, les genoux coincés par le siège de devant et les coudes écrasés contre les accoudoirs afin de ne pas gêner le voisin ? Je commence à mieux comprendre le drame des poulets.

Lorsque je compare la qualité des repas, bons mais ne rivalisant pas avec un menu à 15 € dans un petit restaurant, au prix du billet, je me dis que quelqu’un doit faire un gros bénéfice. Les écouteurs fonctionnant mal et l’écran étant peu lisible sans des jumelles de précision, je me résigne à essayer de dormir, malgré les cris et les coups de genou dans le dos des enfants qui occupent les places de derrière. Je pense aussi que le froid picardien (Par référence à la société PICARD, bienfaitrice de nos congélateurs) de la cabine est pour notre bien, car c’est connu : le froid conserve.

Ah, l’atterrissage ! Cela va faire du bien de se détendre les jambes. Au passage, je n’ai jamais compris les applaudissements qui fêtent les atterrissages, plus d’un siècle après Clément ADER. Sommes-nous toujours aussi inquiets de leur réussite ?

L’avion roule interminablement sur la piste. Puis c’est la délivrance, la sortie à l’air libre, dans un air tiède et parfumé. C’est la fin de l’après-midi. La chambre princière nous attend, avec un bouquet d’orchidées.

Je me presse, mais déchante rapidement. Certainement que l’avion n’était pas prévu. Au contrôle de police, deux fonctionnaires fatigués font face aux 450 touristes. En plus on a dû leur demander d’être particulièrement pointilleux. Là aussi, comme par hasard, la file de gauche, dans laquelle je ne suis pas, avance plus vite (c’est un phénomène systématique, que l’on constate aussi dans les embouteillages).

J’arrive enfin auprès de « mon » fonctionnaire. Il lit consciencieusement nos fiches (pourtant complètement illisibles car je les ai remplies à la hâte en équilibre instable sur ma malette) et nos passeports. Les fiches rejoignent la pile impressionnante des autres fiches (je me demande toujours à quoi servent toutes ces fiches, car elles ne sont sans doute honnêtement remplies que par ceux qui n’ont rien à se reprocher…). Quelques coups de tampon et hop, en route pour les bagages et le bonheur !

Mais l’hôtel ressemble de plus en plus à ces mirages, qui s’éloignent au fur et à mesure qu’on s’en rapproche. Malgré le temps passé à la police, les bagages ne sont pas encore là. Le système de cet aéroport ne doit sans doute pas prévoir que les passagers en aient besoin aussitôt arrivés. Peut-être est-ce pour qu’ils aient le temps de visiter la ville voisine et de revenir.

Je me précipite pour réserver un chariot. Enfin, les bagages sont chargés, il n’y a pas de formalités de douane visibles hormis un écriteau qui nous informe de faire une déclaration volontaire le cas échéant.

Et c’est l’accueil du public enthousiaste, en l’occurrence les représentants des différentes agences qui essaient de regrouper leurs ouailles autour de grands panneaux qu’ils agitent au-dessus de leur tête. Sommes-nous tous là ? Presque. Il manque deux personnes, que nous nous résignons à attendre, alors qu’autour de nous les autres groupes partent vers leurs autocars. Mais ce n’est pas grave, nous voilà arrivés ! Ce n’est plus qu’une question de minutes.

Une fois le groupe réuni, nous fonçons vers le car mais une dernière difficulté imprévue survient. Il nous faut laisser les chariots dans l’enceinte de l’aéroport, alors que le car, si je comprends bien, est à plusieurs centaines de mètres. Une armée de porteurs nous submerge. J’en choisis un qui a une bonne tête et lui confie nos quatre valises.

Voilà. Nous sommes ensuite arrivés à l’hôtel sans plus d’encombres. Nous avons toutefois eu besoin d’une bonne journée de repos complet pour nous remettre de ce voyage « ordinaire » en avion.

Mais, vive le train ! J’ai aussi connu l’époque des trains inconfortables, qui n’arrivaient jamais à l’heure. Mais le ferroviaire a su changer. Quand verrons-nous des avions respectant scrupuleusement leurs horaires ? Quand sera-t-il possible d’éviter ces attentes interminables au départ et à l’arrivée ? Quand pourra-t-on passer un vol sans crampes et sans ennui ? Quand n’applaudirons-nous plus les pilotes qui réussissent leurs atterrissages ?

Il serait temps que les compagnies aériennes sortent de la préhistoire du confort et de la qualité. Certes, elles ont beau jeu de répondre que les « problèmes » ne sont pas de leur fait mais des aéroports et des administrations. Mais, vu des clients, ces derniers sont leurs prestataires. Quel industriel pourrait se contenter de dire que ses problèmes de livraison proviennent de ses distributeurs ou des contrôles administratifs ? Il ne vendrait tout simplement plus.

Quand les transports aériens prendront-ils en charge toutes les étapes qui jalonnent le calvaire de leurs clients ? Quand vont-ils faire leur « révolution qualité » ?
LVPC
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Avatars bancaires

En cette période de vacances, cet article débute une série de récits sur les mésaventures courantes d'un français moyen

La banque fonctionne bien en France. L’histoire suivante en témoigne.

Suite à quelques rentrées imprévues, nous avions récemment un peu d’argent sur notre compte en banque. Soudain, par quelque mystère non élucidé, nous avons été harcelés ma femme et moi par une succession de coups de téléphones de conseillers financiers. D'abord celui de notre banque puis d’autres.

C’était plutôt flatteur car notre « magot » était relativement peu important et certainement provisoire. Cela semblait aussi naturel de la part de notre banque, mais les autres ? Tout le monde était-il donc au courant ? Étions-nous sur table d’écoute ? Toutes les banques sont-elles d’accord pour se refiler leurs prospects ?

Nous nous sentions dans la peau d’un pot de miel convoité par un troupeau d’ours affamés.

Toujours est-il que ces contacts nous donnent l’idée d’essayer de mieux placer cette quinzaine de milliers d’euros qui, sur notre compte en banque, stagnaient lamentablement sans rapporter.

Je prends donc rendez-vous avec l’un des conseillers financiers de notre banque, sachant qu’ils avaient déjà été trois à nous téléphoner. Et là, miracle ! Cette dame propose un fonds commun de placement qui semble à priori miraculeux : les fonds sont indexés sur la bourse (le CAC 40) tout en étant garantis. En clair, on ne peut que gagner, et le gain peut être considérable d’après les simulations que me présente cette dame.

Elle m’indique aussi quand même que, si la bourse baisse, je ne récupérerai que ma mise, et cela dans trois ans, durée pendant laquelle elle sera bloquée. Je la quitte donc très emballé. Avec les gains, dans trois ans, nous pourrons sans doute nous payer de bons restaurants. Cette dame est une bienfaitrice de l’humanité. Bernadette SOUBIROU, à Lourdes, en a fait moins que ça.

J’ai toutefois une fois pour toutes décidé de ne jamais rien décider dans ce domaine sans un minimum de réflexion.

Le lendemain j’approfondis donc mais me heurte rapidement à une présentation aussi claire pour un profane que le brouillard en plein hiver à Toulouse. Bien sur, je peux gagner, mais il y a des limites : déjà les frais, la banque ne redistribuant que la moitié des gains en bourse, plus des coûts considérables en cas de sortie avant les trois ans fatidiques.

Je consulte sur Internet l’évolution du CAC 40, écoute les informations financières à la radio et vais même jusqu’à acheter une revue spécialisée. Il apparaît alors que les pronostics sont partagés.

Certes la bourse a beaucoup progressé les deux dernières années, ce qui explique les extrapolations mirifiques de mon interlocutrice, mais la situation semble moins porteuse : l’essoufflement de la croissance américaine, les « bulles » spéculatives qui risquent d’éclater, la guerre en Irak… Je vous en passe et des meilleures…

La planète entière semble se liguer contre mon placement Cette incursion dans le monde financier ressemble à une expédition sur Mars. On découvre un nouveau monde, au langage apparemment inaccessible au simple mortel que je suis. Je ne dois pas être doué pour gagner de l’argent en me reposant…

Je persiste quand même et demande à voir le second conseiller qui m’a téléphoné.

Celui-ci m’accueille comme le messie. Méfiance, il doit croire que je suis plein aux as. Première question : « Commençons par un bilan de votre patrimoine… ». Je l’arrête aussitôt : je ne suis pas venu pour qu’il prenne en charge maison, voiture —sans oublier le chien. Par ailleurs, je le décevrai sans doute et perdrai ainsi la forte —et agréable— considération qu’il me témoigne.

Entretenons donc l’incertitude. Je le canalise sur le sujet. Premier constat, la proposition de ma première conseillère ne semble pas lui convenir du tout car elle serait réservée aux entreprises et mon nouvel interlocuteur dit à peu près l’inverse d’elle.

J’insiste et demande à la joindre (je n’aime pas qu’on me prenne pour une bille). Après moultes tergiversations, il apparaît que la première a raison. Mais mon interlocuteur sort alors ses atouts : une quirielle d’autres placements aussi sûrs et encore plus rentables !

Une chose toutefois me turlupine : les rendements affichés sont d'une part calculés sur trois ans, d'autre part les frais et impôts sont en dehors. Sur mon insistance, il évalue le rendement net annuel dans des hypothèses moyennes de progression de la bourse. Et là, patatras ! Leur rendement est à peine plus élevé que celui de mon bon vieux livret de caisse d’épargne ou de SICAV monétaires ordinaires, l’argent l’étant en outre alors pas immobilisé !

Je le quitte le plus aimablement possible. Sans doute, la rentabilité annoncée dans les gazettes n’est-elle possible qu’au dessus d’un certain seuil de fortune. Pour le manant que je suis, les placements ressemblent plus à l’exploitation de l’homme par l’homme, comme disait Coluche, qu’à une bonne affaire.

Fin du premier acte.

Même si je me rends compte que les gains à en attendre sont aussi limités que mes chances de gagner au loto, cette aventure financière m’intéresse car elle me fait découvrir un autre univers (une autre jungle je devrais dire).

Ayant comblé mon carnet d’épargne, je décide d’ouvrir un « compte-titre » me permettant, comme l’a expliqué le conseiller, d’abriter ensuite des SICAV ou autres. Via Internet, on peut alors acheter facilement ces placements lorsqu’on a un peu d’avance puis les revendre lorsqu’on en a besoin.

Des amis qui procèdent ainsi m’ont dit que cela leur rapporte un petit bonus moyennant juste quelques minutes de temps en temps sur le web. En outre, cela me permettra de faire mon apprentissage de financier !

Je téléphone à ma banque qui m’aiguille vers un troisième conseiller. C’est bien d’être dans une banque qui a des moyens ! Même si je me dis que cela doit expliquer le coût élevé de la tenue de mon compte, j’en suis en fait heureux car je n’avais pas le cœur de déranger encore mes interlocuteurs précédents alors que je n’avais pas donné suite à leurs offres.

Ma nouvelle interlocutrice me reçoit dans un bureau cadenassé comme la banque de France : portail vocal à l’entrée, peut-être video, il faut donner le mot de passe. Une secrétaire vient ensuite m’ouvrir et m’amène, moyennant un escalier étroit et tortueux, au bureau de ma correspondante.

Je la découvre derrière des piles de dossiers en désordre. Comme elle s’excuse, je lui dis que je connais bien ça (mon bureau porte l’affichette « un bureau bien rangé est le signe d’un esprit dérangé », qui me déculpabilise).

Ceci fait, elle me demande si j’ai bien les pièces à fournir. Il faut en particulier une attestation de domicile, soit traditionnellement une facture de téléphone, EDF, etc… Le problème, c’est que, maintenant, toutes les factures sont récupérées sur Internet et imprimées, et cette charmante dame (on ne peut en vouloir à ceux qui font leur travail, même en appliquant des règlements idiots) m’explique aimablement que je peux en faire des cocottes.

Mais j’ai ma botte secrète : je sors un relevé de la banque elle-même concernant mon compte actuel. Ce relevé porte toutes les mentions nécessaires et est irréfutable puisqu’il sert de base aux rapports entre la banque et moi-même, sans aucun incident.

Mais non ! L’adorable dame (on ne peut en vouloir… vous connaissez la suite) me signale que mon relevé peut rejoindre les cocottes. Il faut un relevé parvenant par la poste (ceci ne m’étonne d'ailleurs qu’à moitié, car j’ai eu le même problème récemment pour renouveler une carte d’identité. La réglementation ignore encore Internet). Un relevé de la banque elle-même n’est pas accepté.

Nous voila donc dans la position de la négociation à la RATP un jour de grève, soit un blocage total. Help !

Finalement, après que je lui ai démontré toute l’inanité de la chose et insisté sur le fait qu’elle allait perdre un client important car je ne reviendrai pas, l’exquise dame se résigne à accepter ce satané relevé. Elle remplit quelques pages de formulaire (je lui rends encore grâce de l’avoir fait à ma place) et me les fait signer. Youppie, l’affaire est dans le sac !

Je la quitte avec mes remerciements les plus sincères, encore étonné de m’en être sorti !

Effectivement, deux semaines plus tard, je reçois la notification de la création du compte-titre. Me branchant sur Internet, j’ai le ravissement de voir affichés mes deux comptes, le compte courant et le compte-titre. Comme quoi rien n’est impossible avec de la persévérance. En fait ce n’est que la fin du second acte.

Troisième acte : quelques jours plus tard, à la réception du relevé bancaire mensuel, je me dis que ce serait bien d’acheter quelques SICAV avec le solde. Aussitôt dit, aussitôt devant l’ordinateur : ce miracle permanent qu’est Internet s’ouvre sans encombre, le site surgit et avec lui mes deux comptes.

Il ne me reste plus qu’à cliquer sur mon compte-titre pour démarrer l’achat de SICAV. Mais le clic reste inopérant. Je clique, clique et reclique, ferme et réouvre le site, parcours le mode d’emploi… Rien n’y fait. La machine se révèle rétive à tout accommodement. Je butte sur l’obstacle comme CHIRAC contre la dissolution.

Nouveau coup de fil à la banque, à 0.15 € la minute. Un conseiller (c’est maintenant le nom qu’on donne à tous les employés semble-t-il) m’écoute patiemment, consulte son ordinateur et m’annonce d’un air que je devine goguenard, que le compte a bien été créé sur Internet, mais seulement pour consultation et non pour action. Pour les achats ou ventes de titres, il faut que je passe par mon agence. Pour utiliser le compte Internet, il faut que je remplisse un nouveau dossier qu’il se propose gentiment de m’envoyer séance tenante.

Là, je reste perplexe. Il me semblait que, depuis le début, j’avais demandé le compte-titre pour m’en servir. Pourquoi m’avoir créé un compte inutilisable ? Quelle intention cachée avait la gentille préposée précédente qui m’avait ouvert le compte et préparé le dossier ? Était-ce du sadisme ?

La création de ce compte ressemblait de plus en plus au chemin d’épreuves initiatiques des adolescents chez les bantous à leur puberté. Comme quoi nous sommes peut-être plus près des bantous que nous ne le pensons.

Enfin, le jour arriva où le compte fut activé, après plus de 3 mois d’efforts, 3 visites, n coups de téléphone (à 0.15 € la minute) et deux dossiers.

La banque avait aussi perdu 3 mois de placement. Le plus terrible, c’est qu’un ami, à qui j’en parlais, me dit ensuite que, dans sa banque, il lui avait suffi d’un coup de téléphone pour faire de même.

En fait, des banques comme la mienne rendent un grand service à la nation. D'abord, elles luttent efficacement contre le chômage grâce à la multiplication des conseillers financiers qui suivent la même personne. Ensuite elles sauvegardent bien la morale en nous préservant au maximum du démon de la bourse.

Ainsi, mon succès est-il sans doute un constat d’échec pour elles. Il leur faut encore accroître la paperasserie et les obstacles pour atteindre la perfection, soit l’impossibilité absolue d’obtenir un compte-titre actif.

Ah, le bonheur de travailler sans clients, uniquement en se définissant soi-même son travail (et en jouant aux cartes ???) !

Colimaçons écrasés…

Ce matin, une bordée de nouvelles édifiantes…

Le Ministre s’entête…

Le Ministre de l’Agriculture persiste (suite de l’article précédent) : il exige toujours le remboursement des subventions indûment versées, mais « dosé en fonction de l’état de l’entreprise » et prévoit en contrepartie des aides.

Soit toute une machinerie administrative qui va occuper des centaines de fonctionnaires, demander quantité de dossiers et de justifications, pour un résultat nul.

Et tout cela alors que la justice européenne n’a pas encore statué sur la justification ou non de ces remboursements.

Heureusement que le ridicule ne tue pas. Le Ministre n’aurait passé que 6 semaines au gouvernement !

Règlement, règlement, screu-gneu-gneu !

Une fillette se noie dans la Durance au cours d’une sortie en hydrospeed, coincée par une barre de fer immergée.

Lors de son interview, le procureur de la république, qui fait le point sur l’enquête, souligne d’un ton grave les non-respects de la réglementation : pas d’attestation de capacité du moniteur (en réalité qui l’a mais non sur lui), pas de liste des participants, moyens de secours à terre non réglementaires, etc…

Pas un mot sur la « vraie cause » : l’absence de reconnaissance préalable de cette partie de la rivière, aberrant lorsqu’on pratique avec des enfants de cet âge.

Finalement, la mort de la fillette permettra de rajouter une couche réglementaire mais parions que, demain, on ne cherchera pas d’avantage à détecter à l’avance les obstacles sous-marins.

Ah, l’administration ne changera jamais !

Des morts « politiques »

Une flambée de violence et un record de militaires tués en Afghanistan où les talibans gagnent du terrain en dépit des 90 000 soldats mis en place.

Le bilan de l’OTAN est flatteur ! : une culture de la drogue accrue ­­─ et donc l’emprise de la Mafia et des Talibans ─ , une population dressée contre nous suite aux nombreuses bavures, un pays en décrépitude…

Ce blog avait déjà prévenu (voir notamment l’article « guerre ou paix ? » du 14 Octobre 2007) : ce n’est pas avec des soldats qu’on gagne une guerre mais en instruisant les peuples et en les faisant progresser, de façon à ce qu’ils ne voient plus leur salut dans le terrorisme ou la révolte.

What else ?

Re-banco en bourse !

Les banques américaines d’abord puis maintenant la BNP prévoient de nouveau de verser des bonus mirifiques à leurs traders : 1 milliard d’Euros pour la BNP, excusez du peu !

Bravo ! La spéculation a déjà entraîné l’une des plus graves crises économiques que le monde ait connue et créé des centaines de milliers de chômeurs.

Nous sommes heureux de constater que l’appât du gain reste toujours aussi vigoureux et nous prépare déjà la prochaine catastrophe.

Continuez, il reste encore quelques entreprises en France qu’il faut absolument supprimer et quelques pauvres bougres qui sont encore indûment au-dessus du seuil de pauvreté.


Bref, des nouvelles courantes, qui montrent encore une fois les immenses progrès qu’il reste à accomplir pour l’humanité afin de devenir intelligente !

Que cela ne gâche pas vos vacances !
LVPC

mardi 4 août 2009

Ce qui est donné est donné !

Le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire a déclaré que les producteurs de fruits et légumes d'une part, les pécheurs d'autre part, allaient devoir rembourser les aides versées par l'Etat français entre 1992 et 2002 (plus de 330 millions), suite à une exigence de Bruxelles.

Donner c’est donner
Reprendre c’est voler
En cas d’erreur
L’erreur vient de celui qui a donné !

LVPC

samedi 1 août 2009

Echecs programmés

Avez-vous déjà remarqué que la logique est à notre époque ce que l’eau est à l’huile, c’est-à-dire un corps parfaitement étranger et non miscible ?

Prenons quelques exemples :

L’Europe : nos pays veulent la construire et pourtant ils refusent tout gouvernement européen ayant une réelle autorité, ce qui serait le seul moyen pour que l’Europe ait une réelle consistance.

Certains répondront que l’objectif n’est que de créer un grand marché, mais alors pourquoi y avoir fait rentrer les états de l’est qui nous font une concurrence déloyale avec des charges beaucoup plus basses que les nôtres ?

De même, l’OMC nous affirme qu’elle œuvre pour notre prospérité, mais l’ouverture de nos marchés aux pays à bas coûts a exactement l’effet inverse en faisant disparaître nos usines.

Idem pour la libre circulation des capitaux et les paradis fiscaux qui laissent le champ libre aux spéculateurs et aux mafias qui s’enrichissent à nos dépens.

Mêmes prouesses chez nous :

Les paysans se plaignent de ne pas vendre assez de fruits et au bon prix. Mais ne devaient-ils pas s’y attendre en produisant des fruits certes beaux mais verts, et donc immangeables, et en plaçant leur diffusion sous le monopole des grandes surfaces ?

Les patrons condamnent la révolte des salariés, mais cela ne coule-t-il pas de source alors qu’ils multiplient les abus, traitent leurs personnels comme des pions et les jettent au premier revers ?

Les pêcheurs n’arrivent plus à vivre, mais ils ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis en exterminant sans discernement leur ressource.

On se plaint de l’incivilité des jeunes, mais on a lutté inlassablement contre tout ce qui avait inculqué une certaine morale aux vieux, soient la religion, l’autorité et la retenue dans les medias.

Il semble aberrant que nos cités soient les royaumes des bandes, de la drogue et des incendies de voiture, mais nous avons créé des ghettos sans emplois, sans commerces et sans police.

Enfin, nous passons notre temps à nous plaindre du manque de réalisme et de compétence de nos gouvernants, mais nos ministères sont peuplés, grandes écoles obligent, de personnes intelligentes mais sans expérience de terrain.

D’aucuns diront que chaque situation a ses bons motifs. Mais les résultats finaux sont là. Le plus étonnant aurait été qu’ils soient différents.

Le vrai progrès ne serait-il pas que nous apprenions à anticiper toutes les conséquences de nos actes et à prévenir celles qui sont néfastes ?

LVPC

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net