lundi 21 mai 2012

L'Etat au pied du mur...




Commerce extérieur déficitaire comme jamais, dette au niveau du PIB, industrie anémiée quand elle ne s’est pas évaporée à l’étranger, chômage galopant, le nouveau Président élu aura besoin d’un optimisme solidement chevillé au corps, voire d’une certaine inconscience, pour ne pas sombrer en dépression et regretter d’avoir gagné les élections.

Il est en fait confronté aux décisions sans doute les plus importantes de notre histoire :

Si on continue à simplement penser à la sauvegarde de notre qualité de vie, voire à son amélioration, en renforçant écoles, police, justice... comme on l(entend actuellement, nous allons inévitablement dans le mur, un mur façon Grèce, Espagne ou Portugal. A un moment, les marchés vont se fermer et nous ne pourrons plus emprunter. Alors il faudra tout réduire drastiquement et brutalement, faute d’argent. Ce sera la catastrophe...

Le seul chemin viable est de redresser nos comptes, soit réduire les dépenses d’un côté, accroître les recettes de l’autre.

Réduire nos dépenses... Le défaut du gouvernement précédent est de l’avoir fait à la hache, sans discernement, en détruisant souvent l’utile (écoles, police, soins...) sans toucher à l’inutile : administrations à n étages (communes, communautés d’agglomérations, départements, régions, administrations diverses et variées, travaux routiers superfétatoires (ronds-points, refontes de voies...), luxe des hauts responsables administratifs et privés, limitation des dépenses de santé à ceux qui en ont réellement besoin.... Une politique plus sélective est bien sûr à adopter. Pourquoi ne pas consulter les français à ce sujet comme en Italie ? On pourrait sans doute en dégager une multitude de sources d’économies que le filtre administratif neutralise afin de préserver ses avantages.

Et il faudra ensuite du courage ! Mais les français, témoins chaque jour de gaspillages et d’excès de dépenses, y sont prêts...

Renforcer les recettes... Pour cela, le défi essentiel est de redresser nos entreprises. J’entendais encore hier que, dans le sud, le Bâtiment souffrait de la concurrence déloyale d'entreprises espagnoles, soumises à des taxes bien plus faibles et qui facturaient 40 % moins cher. L’état ne peut laisser nos entreprises disparaître suite à ces véritables agressions (et ceci se retrouve partout : producteurs de lait et cultivateurs face à la grande distribution, garagistes face aux assurances, etc, ; etc..). Il faut prendre conscience que les entreprises doivent être protégées à l’égal des citoyens face aux exactions.

Il nous faut également de grands projets porteurs dans les technologies d’avenir. Par myopie étatique, nous sommes malheureusement passés à côté de la plupart des domaines en forte croissance : l’Internet, l’électronique, les biotechnologies, etc... Seul l’État a chez nous la capacité de développer de tels secteurs avant que les recettes ne soient là. Les USA, par leurs investissements dans le Hi-tech (défense, aéronautique...), montrent bien l’exemple.

Il est enfin bien entendu bon que, à l’intérieur du pays, les efforts soient répartis justement, en fonction des moyens de chacun, à égalité entre le travail et les revenus financiers. Il est quasiment scandaleux et anti-économique que, jusqu’ici, ce soit essentiellement le travail qui ait été mis à contribution.

Ce sont quelques voies qui permettraient d’éviter les désastres tout en nous redonnant du peps.

Et, le peps, c’est justement ce qui nous manque en ce moment !

Le Vilain Petit Canard


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dimanche 20 mai 2012

Flamby ou Zorro ?




François Hollande vient d’être élu. Doté d’un programme précis et en apparence solide, mettant en avant son tempérament calme et réfléchi par opposition au caractère velléitaire et aux énervements de son concurrent, sa réussite a malgré tout été incertaine jusqu’au bout. En cause les doutes sur la solidité de sa personnalité face à la crise et ses aptitudes à la gestion, sa direction passée de la Corrèze comme du parti socialiste s’étant révélées plutôt laxistes et peu favorables.

Le voilà donc maintenant face à nos problèmes, et en particulier à la mauvaise santé de notre économie et, au-delà, de l’Europe :

Avec la crise Grecque et plus généralement la défaillance économique des pays du sud (Espagne, Portugal, France...), confrontés à des dettes insurmontables, elle est au bord de l’explosion, les pays « riches » du nord (Allemagne, Pays-Bas, Norvège...) refusant de payer pour tous.

Or le maintien de l’Euro l’implique de facto. Sans lui, les pays du sud auraient dû dévaluer comme au « bon » vieux temps afin de rétablir l’équilibre de leurs finances, avec comme conséquences des monnaies fortes au nord, faibles au sud. L’équilibre se rétablissait ainsi « automatiquement »

Aujourd'hui ce n’est plus possible avec l’Euro unique et cela confirme ce que disent les experts depuis longtemps : une monnaie sans gouvernement politique et économique homogène et énergique est vouée à l’échec à terme.

Alors quelles solutions ?

Il y en a en fait quatre de possibles :

• soit les pays européens en profitent pour réellement s’unir en une fédération unifiée, mais cela suppose que d’une part les gouvernements abdiquent, d'autre part les dettes soient payées par tous,

• soit que les pays « forts » se regroupent, les autres sortant de l’Euro peu à peu, ce qui signifie pour eux une faillite considérable,

• soit que l’on continue comme actuellement, avec une récession qui va s’aggraver et gagner tous les pays, les rigueurs en chaîne tuant l’activité.

• Soit une relance en actionnant le planche à billets, comme le font abondamment les Etats Unis, l’Angleterre et même en partie l’Allemagne. Mais cela implique baisse de l’Euro et inflation.

La première solution serait bien entendu la meilleure mais ni les gouvernants, ni les peuples, ne semblent prêts à y songer. L’Europe n’existe en réalité nulle part dans les têtes...

La seconde risque d’arriver rapidement pour la Grèce, qui semble dans l’incapacité de faire les économies requises mais aussi et surtout de restructurer son État et son administration pour repartir d’un bon pied. Puis, derrière la Grèce, l’Espagne et le Portugal peuvent avoir à suivre. Avec chaque fois la perspective d’une véritable banqueroute...

Quant à la France, les économies réalisées par le gouvernement SARKOZY ont été insupportables. Sans doute parce qu’elles étaient abruptes et insuffisamment dosées en fonction des situations et des besoins réels.

La troisième est sans issue tandis que l’Allemagne refuse énergiquement la dernière.

Alors que faire ?

Nous savons tous que de très importants gaspillages existent un peu partout : multiplication des étages administratifs avec les communes, les communautés d’agglomération, les départements, les régions, l’État, chacun dépensant des budgets considérables et souvent surdimensionnés, désorganisation de nos hôpitaux, salaires exorbitants de nos chirurgiens, patrons, politiques... etc, etc...

Ne serait-il pas temps de faire, comme en Italie, un examen minutieux de ce qui est inutile, dans le détail, domaine par domaine, au lieu de procéder par grandes décisions générales, qui font autant de bien que de dégâts ?

Mais est-ce que notre nouveau dirigeant restera comme toujours dans la facilité des grandes déclarations en contournant les vraies difficultés ou bien fera-t-il preuve de courage, d’analyse et de volontarisme en entrant dans le détail ?

Le Vilain Petit Canard

mardi 1 mai 2012

Ratés et réussites de la campagne électorale

Ce Dimanche, François HOLLANDE sera probablement élu. Il est intéressant d’analyser la campagne électorale de chacun des deux protagonistes en évitant tout esprit partisan afin d’essayer de comprendre comment on a abouti à la situation actuelle.

D’un côté un François HOLLANDE qui souffre initialement de son image de mollesse pendant son secrétariat du parti socialiste et qui se rajoute à la marge aux prétendants apparaissant les plus sérieux comme DSK ou Martine AUBRY. A l’époque peu nombreux étaient ceux qui misaient sur lui.

Mais on sait ce qu’il est advenu de DSK, piégé lors de sa tentative furtive avec Nafissatou DIALLO au SOFITEL, puis de Martine AUBRY, mise en minorité lors des primaires socialistes.

Parti de loin, François HOLLANDE se retrouve alors en première ligne.

Affichant clairement dès le départ un programme dans l’ensemble bien construit, réaliste et répondant aux attentes des français —même si on peut naturellement en contester certains aspects—, François HOLLANDE se construit alors l’image d’un homme raisonnable, rassembleur et non vindicatif, et cela fonctionne. Les sondages ne cessent d’être positifs, et ceci sera confirmé au premier tour.

De son côté, Nicolas SARKOZY part avec le handicap d’une profonde crise économique, d’un fort chômage, d’une pauvreté croissante et d’une image personnelle très dégradée. C’est beaucoup à remonter...

Mais, au lieu de valoriser les avancées de son quinquennat, qui sont malgré tout nombreuses (belle résistance et leadership européen lors de la crise des subprimes, grands contrats obtenus par la France, centres d’excellence, autonomie des universités, réforme des retraites, valorisation internationale de la France, etc...), il va se laisser piéger d'une part par les critiques de son bilan, qu’il ne saura pas valoriser, d'autre part par une attitude personnelle détestable : multiplication des propositions sans cohérence, mensonges quasi-permanents et agressivité vis-à-vis de son concurrent, discours contradictoires...

Il va ainsi au contraire renforcer les critiques qui le visent déjà, perdre sa crédibilité et faire ressortir le calme et le bon sens de son opposant.

Ou comment on peut être soi-même son premier ennemi...

Le Vilain Petit Canard

L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net