dimanche 15 janvier 2012

L’excellence industrielle, notre (seule) planche de salut ?


La note de la France a été dégradée. Il est vrai que notre position est largement critique : un endettement excessif qui pompe notre fluide vital, un commerce extérieur détérioré, une pauvreté qui gagne du terrain, une récession économique qui s’annonce et qui rend très difficile un redressement...


En pratique, tous ces sinistres ne sont que les avatars de la faiblesse de notre commerce extérieur. Seul ce dernier, qu’il prenne la forme de vente de produits ou de visites de touristes, nous enrichit. Le reste n’est que redistribution entre français. Notre incapacité à redresser nos comptes est simplement le résultat d’une insuffisance de recettes en devises.

Nous pouvons certes appauvrir les riches pour enrichir les pauvres, mais le « malheur » c’est que les seconds sont infiniment plus nombreux que les premiers et leurs besoins sont immenses. Confisquer la fortune des premiers ne conduirait qu’à améliorer très faiblement le sort des seconds, tout en tuant le moteur de notre économie, soient les entreprises.

Nous sommes étonnés des milliards qui sont agités de ci de là, mais un milliard réparti entre 60 millions de français, cela ne fait qu’un peu plus de 16 € par tête !

Même si une meilleure justice est effectivement souhaitable entre français pauvres et riches, la seule solution réellement constructive est donc d’arriver à redresser largement nos ventes aux étrangers.

Pour cela, outre acheter de plus en plus français, il n’y a qu’un seul moyen durable : être excellents ! Etre excellemment aimables avec les touristes et leur offrir des prestations incomparables. Fabriquer des produits innovants et parfaitement fiables avec des services dénués de tous reproches. A l’extérieur, être nous-mêmes des touristes exemplaires, sérieux et sympathiques... Bref, à l’image de l’Allemagne, donner envie d’acheter français à tous les citoyens des autres nations.

Comment y parvenir ?

D’abord stopper les certifications de systèmes de management, dont la récente affaire PIP a bien montré les limites et qui, non seulement sont un ersatz de qualité mais ridiculisent celle-ci en la faisant assimiler à des masses de papiers et à des montages artificiels. C’est certainement l’une des causes cachées de nos déboires actuels.

Il faut au contraire revenir aux « valeurs » : le sérieux du travail, le souci du client, la finition, la ponctualité...

Pour cela, il faut d’abord rétablir davantage d’éthique dans les entreprises.

Elaborons en concertation un référentiel simple qui mette en avant la qualité du travail, la motivation du personnel, le dialogue social au sein de l'entreprise, l’excellence des produits et services offerts aux clients, et décernons des récompenses à ceux qui le respectent.

Privilégions les PME qui ont à leur tête des patrons qui ont investi eux-mêmes dans l'entreprise et qui privilégient le développement de l'entreprise sur la rentabilité à court terme.

Aidons les entreprises à améliorer leur organisation et leurs méthodes, et aidons-les financièrement à s’améliorer sur ces plans en recourant à des conseils extérieurs. Les besoins sont immenses car la quasi-totalité des entreprises françaises fonctionnent mal aujourd'hui.

Des formations au management « motivant » doivent être mises en place et accessibles à bas prix.

Il faut enfin réprimer les excès patronaux et inciter ceux-ci à revenir à une vision beaucoup plus humaine de l'entreprise. Le code du travail doit être aménagé dans ce sens.

Communiquons enfin abondamment sur le retour aux valeurs.

L’Allemagne l’a fait. Pourquoi ne le ferions-nous pas ?

Le Vilain Petit Canard

mardi 3 janvier 2012

Et si le problème de la France, c’étaient les Français ?


En ces périodes de bilans et de vœux pour la suite, chacun espère que l’année nouvelle apportera des progrès.

En ces périodes d’élections, chaque candidat promet monts et merveille sur un ton décidé.

Et pourtant, nous sommes toujours déçus. Les réalités donnent presque toujours tort aux espérances.

Où est le bug ?

Il est facile à trouver et je renvoie à une excellente analyse écrite par Christian Meunier sur le blog mediapart : http://blogs.mediapart.fr/blog/meunier/151011/la-france-malade-de-ses-citoyens-les-problemes-de-la-societe-francaise .

Le bug, ce sont les français eux-mêmes, progressistes dans les paroles mais conservateurs dans les actes ; généreux et fraternels dans les principes mais terriblement égocentriques dans les faits, volontiers donneurs de leçons mais incultes en économie et politique, se croyant les plus intelligents mais dénués de bon sens dans la vie publique...

Qu’on essaye d’améliorer les choses et une armée de protestation se lève, qu’on ne les change pas et le résultat est le même, personne n’est content...

Reconnaissons que le mal est d’abord en nous et, pour cette nouvelle année, faisons le vœu de changer :

• Soyons plus logiques et disciplinés : si nous voulons des villes propres, soyons nous-mêmes propres ; si nous voulons que les autres soient honnêtes, soyons-le aussi ; si nous voulons qu’il n’y ait plus de triche dans les files d’attente, ne trichons pas nous-mêmes...

• Soyons plus collectifs et constructifs : cessons de refuser de négocier dans les entreprises comme ailleurs, abandonnons les positions de principe et raisonnons pragmatiquement pour des accords gagnants-gagnants

• Redevenons sérieux et minutieux : distinguons-nous par l’excellence de nos produits et de nos services et par notre dynamisme commercial. Il fut un temps où la qualité française était reconnue dans le monde entier, et chaque fois où elle l’est encore, les affaires marchent.

• Acceptons les différences avec les autres, cessons de nous croire toujours supérieurs ! Prenons modèle sur ce qui fonctionne bien ailleurs, soyons tolérants et intelligents !

Tant que nous demeurerons des râleurs impénitents, tant que nous aurons aussi peu de bon sens, tant que nous nous sentirons supérieurs, tant que nous resterons centrés sur nous-mêmes sans prendre en compte les intérêts des autres, il n’y a aucune chance de salut !

Le Vilain Petit Canard

Démêler le vrai du faux...


Lorsqu’on écoute les politiques actuels, on entend tout et son contraire : pour certains, c’est Sarkozy la cause de tout, pour d’autres, il est le seul à pouvoir nous sortir du pétrin, pour d’autres encore, la sortie de la crise passe par la rigueur alors que certains ne pensent que relance, d’autres encore veulent sortir de l’Europe et de l’Euro, d’aucuns pensent interdire le chômage ou ramènent tout à l’écologie.....

Ce qui suit essaie de faire la part du vrai et du faux dans tout ce brouhaha, à titre de propositions, en attendant vos remarques :

1- Sarkozy est-il la cause de la crise et de l’endettement considérable de la France ? Non, bien sûr et c’est même certainement ce qu’il a fait de mieux. Après la crise des subprimes, qui a vu plus de 6000 milliards de dollars partir en fumée, il était indispensable de renflouer nos banques. Sinon c’est toute l’épargne des français qui aurait disparu, comme ce fut le cas en Argentine lorsqu’elle a fait faillite.

L’endettement énorme actuel provient de ce renflouement ainsi que des plans de relance mis en œuvre.

Mais c’était indéniablement ce qu’il fallait faire et Nicolas SARKOSY est l’un de ceux qui ont le mieux réagi et le plus rapidement. Ceci nous a permis surmonter la crise sans trop de dégâts, alors que celle-ci a, rappelons-le, entraîné la faillite ou la quasi-faillite des plus grandes banques américaines et de géants tels que General Motors...

2- Aurait-on pu faire mieux ? c’est une vraie question. Pour ma part, je pense qu’il aurait été avisé de centrer nos efforts sur le commerce extérieur et la qualité de nos produits et services. Car, lorsqu’on perd de l’argent, la seule solution d’en regagner est de vendre davantage à l’extérieur.

Sinon c’est au Français à payer et, les salaires étant les plus faciles à ponctionner, ce sont eux qui sont inévitablement taxés. Et c’est ce qui s’est produit, paupérisant encore davantage nos concitoyens.

Il aurait été bien plus intelligent de faire comme les allemands, soit de faire feu de tous bois sur les marchés extérieurs. Mais pour cela, notre handicap est le manque de qualité et de sérieux de nos produits et services. Et cela, le gouvernement ne l’a jamais compris...

3- Faut-il sortir de l’Europe et de l’Euro ? Arguant du cas de la Grande Bretagne, d’aucuns y pensent.

Mais notre situation est fondamentalement différente de celle de nos voisins d’outre-manche. Ceux-ci dominent la haute finance via la City qui est, rappelons-le, l’une des premières places financières et l’un des premiers paradis fiscaux au monde. Nous, nous n’en sommes pas là. Sortir de l’Europe comme de l’Euro nous replongerait en pleine tempête financière et signerait notre faillite.

L’Europe est certes encore un gros conglomérat désordonné et désuni, mais elle vaut mieux que rien. Notre intérêt va dans le sens de son renforcement et non de son affaiblissement. Pensons aux Etats-Unis qui, du fait de la force de leur monnaie, peuvent se permettre pratiquement n’importe quoi... Notre désunion européenne crée notre faiblesse et nous jette au contraire dans les pattes des grands spéculateurs.

4- SARKOZY n’a-t-il fait que du vent et dégradé fortement la situation ? Il est vrai que l’on ne constate pas beaucoup de réussites à son actif : les banlieues sont toujours aussi dangereuses —voire davantage—, le chômage s’est largement accru, le niveau de vie des français de base s’est fortement dégradé et, sur le plan personnel, son manque de charisme et ses excès n’ont pas donné une bonne image de la France.

Il a été sans cesse bourré de bonnes intentions mais, en avocat qu’il est, il a trop confondu les paroles et les actions. Il a multiplié les rodomontades et les lois contre les mafias des zones mais a réduit les moyens de la police et de la justice ; il a incité au travail mais a oublié de soutenir les entreprises, il a lancé de grands projets, dont le Grenelle de l’environnement mais cela s’est souvent perdu dans les sables des réductions budgétaires successives...

Nous avons un beau parleur, un hyperactif qui fait feu tous azimuts, mais il lui manque d’être un homme de réalisation qui va au bout de chaque projet et qui n’annonce que ce qu’il sait tenir...

Enfin essayons de faire table rase de nombre d’autres idées fausses entendues bien souvent :

• Le bouclier fiscal est une erreur : actuellement, compte-tenu des lourds impôts supportés par les particuliers riches, ceux-ci partent tous en Suisse, Belgique, Monaco, Luxembourg... Il n’était donc pas idiot d’essayer de les faire revenir (ceci s’est d'ailleurs produit pour un certain nombre). Il vaut mieux pour un pays avoir de nombreux résidents riches, qui font marcher le commerce, que de ne voir rester que ceux qui n’ont que peu de moyens. L’opposition rencontrée par cette mesure est donc incompréhensible.

• Le nucléaire est un énorme danger : Certes Fukushima a mis en relief les dangers d’installations nucléaires mal entretenues et mal conçues. Mais est-ce qu’il faut condamner les voitures parce qu’il y a de temps en temps des accidents ? Le nucléaire français est l’un des plus sûrs au monde, il n’y a jamais eu d’accident gave. Il suffirait d’enterrer en grande profondeur les déchets pour qu’il n’y ait plus de problème (rappelons que le cœur de la terre est lui aussi radioactif).

C’est aussi une solution très écologique, qui ne produit que de la vapeur d’eau, tandis que les autres alternatives sont encore balbutiantes, faute de régularité (ce qui nécessite de multiplier les centrales au charbon, plus polluantes et plus chères). Le bons sens demanderait donc non pas de supprimer le nucléaire mais d’accroître encore sa sécurité, en continuant à développer en parallèle les autres énergies. Toutes les productions présentent des risques, faut-il ne plus rien produire ?

• Les OGM sont très risqués : les plantes génétiquement modifiées sont cultivées partout dans le monde depuis des décennies sans qu’il y ait eu de problèmes particuliers. Nous, petits français, nous serions donc les seuls à savoir protéger les populations tandis que les autres sont de sombres idiots ?

Rappelons au passage que les normes d’hygiène aux USA, gros amateurs d’OGM, sont bien supérieures aux nôtres et que le moindre incident y aurait déclenché des demandes d’indemnisation colossales.

Alors, vrai ou faux ! La parole est aux lecteurs !

Le Vilain Petit Canard

2011, l’année de tous les bouleversements...


2011 aura été une année marquante à bien des égards :

D’abord, la prise de pouvoir des marchés financiers sur les Etats, qui sont apparus tout petits et impuissants face aux sommes considérables qui se baladent de bourse en bourse. Jusqu’ici, c’étaient les Etats et les grandes entreprises qui faisaient la loi. Aujourd'hui même les Etats-Unis doivent s’incliner devant les desideratas de la grande finance, représentée par les agences de notation.

C’est un changement dont on a encore du mal à percevoir les conséquences : Sera-ce le début de la sagesse et la fin de la gabegie des dettes sans limites ? Mais ne va-t-on pas tomber inversement dans la rigueur permanente, au profit de ces milliardaires qui nous mangent la laine sur le dos ?

Il est clair qu’il faudrait réagir, taxer ceux qui ont acquis de telles richesses, supprimer les paradis fiscaux et les artifices boursiers qui permettent de gagner des fortunes démesurées sans investir le moindre sou... Mais le fera-t-on ?

Seconde évolution qui semble également historique : l’hégémonie d’Internet. Comparable à l’apparition de l’imprimerie au XVème siècle, Internet marque une mutation considérable. C’est le réseau qui a été le moteur des révolutions arabes, c’est lui qui brise le secret dans lequel sévissent les despotes. C’est lui qui pilote de plus en plus les politiques, via les buzz. C’est lui donne la parole aux gens ordinaires et leur permet de faire masse.

La terre vibre désormais toute entière aux mêmes informations. C’était déjà vrai mais 2012 en a marqué l’omnipotence. Le nouveau monde sera-t-il celui du partage ou celui du désordre et de la désinformation organisés ?

Troisième révolution : l’irruption de la Chine, désormais seconde puissance mondiale, riche de ses énormes réserves monétaires, et plus généralement des pays nouvellement industrialisés : l’Inde, le Brésil... La suprématie de l’occident est largement menacée. Le monde change et, au lieu d’en être les leaders, nous allons bientôt être à la traine. Serons-nous capables de réagir ou de nous adapter ?

Enfin, le réchauffement climatique se confirme, avec la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, sans que nous nous montrions capables de l’enrayer. La terre ressemble de plus en plus à un bateau ivre qui erre sans savoir où il va. Ne sommes-nous pas en train de jouer avec le feu ?

On ne peut également pas ne pas citer catastrophe de Fukushima, ses lourdes répercussions sur le Japon et la réorientation de la politique énergétique mondiale. Les énergies alternatives ne sont largement pas prêtes ou, comme le charbon, sont très polluantes. Allons-nous réussir à satisfaire nos besoins toujours croissants en énergie ?

Bref, 2011 a été une année tout à la fois extraordinaire par ses événements historiques, et détestable par ses nombreuses catastrophes.

Que souhaiter pour 2012 ? Qu’elle soit plus calme, plus constructive et plus prospère ?

Le Vilain Petit Canard

L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net