dimanche 28 avril 2013

Crise économique : les patrons sont-ils eux-mêmes leurs pires ennemis ?



L’entreprise française rencontre aujourd'hui de profondes difficultés : submergée de charges, confrontée à des clients qui en demandent toujours plus pour toujours moins, en butte à une bureaucratie, à des normes et autres réglementations galopantes... Il ne faut pas s’étonner si la France est désormais le pays d’Europe dans lequel l’industrie compte le moins dans le PIB national, derrière l’Espagne, le Portugal ou même la Grèce... Les usines fuient notre pays ou ne s’y maintiennent pas...

On peut certes imputer cette situation à la crise économique, aux charges excessives, à la concurrence des pays à bas coût, mais le canard sauvage et indiscipliné que je suis propose une cause plus profonde : le désamour des français pour leurs entreprises.
Tous les signes montrent que les français n’aiment pas ou aiment moins leurs entreprises :
  • Ils sont réticents à y travailler. Ils les accusent, à tort ou à raison, de les exploiter puis de les laisser tomber au moindre orage. Étant données les évolutions erratiques des compagnies (rachats, changements permanents d’organisation, dépôts de bilan...) ils pensent qu’ils n’y feront pas carrière. Ils deviennent des employés mercenaires qui en donnent juste pour leur salaire et ne s’investissent pas.
  • La crise économique aidant, les exigences et la pression vis-à-vis des personnels se sont accrus, le stress au travail et les maladies professionnelles progressent exponentiellement, l’image de l'entreprise est devenue un lieu de souffrance dans l’imagerie populaire.
  • Les scandales à répétition dont les medias raffolent donnent aux entreprises un renom de triche et de manque de patriotisme et de solidarité vis-à-vis de la collectivité nationale : les patrons s’enrichissent sur le dos des salariés, ils fraudent le fisc et s’abritent dans les paradis fiscaux, ils truquent sur les matières, ne se soucient pas de la santé de leurs consommateurs, sont prêts à tout pour faire de l’argent...
  • En conséquence, les français ne se sentent pas tenus (dans leur grande masse) d’acheter français car cela enrichirait surtout les patrons, déjà très riches, et ils sont ravis lorsqu’on les taxe et charge davantage.
Tout ceci est pourtant très largement faux dans les faits :
  • dans leur très grande majorité les dirigeants sont honnêtes et se donnent beaucoup de mal pour faire survivre leur entreprise et les emplois qu’elle représente.
  •  La plupart des dirigeants touchent des salaires confortables certes, mais loin des excès que rapporte la presse : stock-options, primes mirifiques, parachutes dorés...
  • Beaucoup d'entreprises sont pérennes, gèrent correctement leurs personnels et on peut y faire carrière.
Mais les médias insistent naturellement sur les catastrophes et les scandales et cela donne une image très dégradée et très déformée des entreprises.
Les conséquences en sont considérables :
  • Une guerre sociale larvée et des syndicats ouvriers peu coopératifs, qui soupçonnent en permanence les dirigeants des pires intentions.
  • En retour, pour surmonter la rigidité induite par cette opposition chronique, les dirigeants doivent recourir à un management dur et rusé. Les rapports deviennent des rapports de force et l’intérêt de l'entreprise est oublié. Les situations sont bloquées.
  • À l’image de leurs électeurs, les politiques se défient des entreprises : Elles sont suspectées de dévier si on ne les encadre pas : il faut donc les réglementer et les contrôler. Les normes et les règles prolifèrent dans tous les secteurs : comptabilité et finances, social, technique, environnement, Hygiène et Sécurité... Cela entraîne des coûts et des rigidités considérables.
  • De même, il devient d’utilité et de solidarité publique de les taxer dès qu’un besoin de financement apparaît. On pense ainsi faire justice des richesses sensées indûment acquises par les patrons.
J’ai fait un rêve :

« J’ai rêvé que les entreprises étaient aimées des français.
Leurs personnels allaient au travail en souriant car ils y retrouvaient des copains, leur travail était dur mais les dirigeants savaient reconnaître leurs mérites, étaient honnêtes avec eux et traitaient les problèmes.
Leur entreprise faisait une excellente qualité, ne tolérait pas le défaut et soignait ses services. Elle était très appréciée des clients pour sa grande fiabilité et ses finitions parfaites. Les clients accouraient et ne barguignaient pas sur les prix. Les affaires étaient prospères. Les français étaient fiers de leur travail,
A l’étranger la marque « France » était porteuse et le commerce extérieur n’en finissait pas d’engranger les succès.
Les Français estimaient ces entreprises qui remplissaient bien leur rôle social. Ils comprenaient que c’étaient elles, par leur valeur ajoutée, qui enrichissaient la nation.
Les politiques les rejoignaient en soutenant les entreprises. Il ne serait venu l’idée à personne de trop les taxer, ni de les submerger de réglementation et de formalités car cela les aurait affaibli et aurait affaibli par là-même le pays, et donc ses citoyens.
A la tête des entreprises, les syndicats patronaux veillaient à faire respecter une forte éthique : la reconnaissance du bon travail, l’honnêteté vis-à-vis des clients, des personnels, des partenaires, des fournisseurs et de la collectivité, la recherche de l’excellence…
C’était la clef du succès. Les entreprises inspiraient respect et confiance. Elles étaient aimées et soutenues. »

Comment atteindre cet idéal, qui résoudrait nos problèmes et nous assurerait la prospérité ?

Il faut simplement faire comme les allemands dans les années 85, époque à laquelle ils ont construit leur puissance économique actuelle :

D’abord que les entreprises, de façon individuelle et au travers de leurs groupements professionnels, s’engagent fermement dans la voie de l’éthique et de l’excellence : qu’elles promeuvent collectivement les valeurs du bon travail et de la perfection, qu’elles fassent la police elles-mêmes vis-à-vis des déviants, qu’elles forment au management « motivant » fondé sur un bon dialogue social, qu’elles prennent en main les formations professionnelles, qu’elles aident et développent les innovations par des centres techniques puissants, enfin qu’elles s’entraident et attaquent vigoureusement à l’exportation...

Ensuite qu’elles communiquent abondamment afin de donner aux entreprises françaises une image d’excellence : la « french touch », la qualité française... Mais il faut qu’au préalable cette excellence existe réellement, sous peine de décevoir au lieu d’attirer...

Bref, il faut qu’elles se prennent en main elles-mêmes, sans attendre les solutions des autres. Les dirigeants ont la clef de leur propre redressement dans leurs mains.

Le Vilain Petit Canard





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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net