vendredi 22 mai 2009

De l’enfant-roi à l’adulte asocial

Notre époque est vraiment sidérante.

Voici un professeur des écoles traîné en justice et pénalisé parce qu’il a plaisanté en menaçant de couper le zizi d’un gamin qui le montrait sans arrêt à ses petits camarades.

Voici plusieurs professeurs agressés au couteau par des élèves mal notés

Et on ne compte plus les agressions diverses contre principaux, enseignants, surveillants et étudiants...

Dans bien des lycées et collèges, les cours sont pratiquement impossibles à tenir à cause de perturbateurs que l’on ne peut pas punir, interdiction de mises à la porte et de redoublements oblige

L’orthographe, la politesse, le calcul, le savoir coulent à pic et conduisent à l’entassement en faculté d’étudiants sans avenir

Mais dès que la police intervient ou que l’on veut sévir, violente protestation des professeurs, des parents et des intellectuels de tous bords

La tolérance et la générosité sont des qualités

Sauf lorsqu’elles se transforment en faiblesse et en bonne conscience collectives.

A force de bons sentiments, ne préparons-nous pas une génération gâchée et une société invivable ?

Ces enfants-roi sauront nous en tenir rigueur car, en refusant d’en faire des adultes équilibrés et responsables,

Nous aurons en fait, sans le savoir, préparé leur déchéance.

LVPC

mercredi 20 mai 2009

Voyage au pays des loups

Le rapport 2008 de la Miviludes (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) —mon Dieu, pourquoi toujours ces sigles insensés ?— a été remis hier au premier ministre. Et il a dénoncé avec raison tous ces fous qui veulent nous asservir.

Mais ils ne sont pas les seuls…


A la façon du SLAM

Nos ancêtres de l’avant-télévision vivaient tranquillement,
Aujourd’hui, l’homme moderne est assailli constamment
La publicité, le marketing, les produits de toutes parts
Les crédits miracles (dépensez, vous paierez plus tard…),
Les placements mirifiques, les vacances de rêve, les plages sublimes
Les séries répétées de la violence, du sexe et du crime
Les politiques et les gourous : viens chez moi, crois-moi en tout, sois aveugle

Aujourd’hui il faut être un aigle
Pour résister à toutes ces tentations
Aller dans le désert, être fou d’abnégation

Sinon, tu es condamné
à l’obésité,
à la pauvreté,
à la débilité

Et tu enrichis ces déjà milliardaires
Qui exploitent ton calvaire

L’homme doit être protégé
C’est le rôle de la société.

LVPC

mardi 19 mai 2009

Démocratie de pouvoir ou démocratie de service ?

Ce matin, l’actualité apporte quelques bonnes nouvelles :

Dans cette ambiance de gouvernance technocratique, dans laquelle l’Elysée et Matignon semblent faire fi des difficultés concrètes rencontrées par les citoyens de base, j’ai noté, en écoutant les informations matinales, Valerie PECRESSE qui se soucie des étudiants boursiers mis en difficulté par le report des examens, les présidents d’université qui prennent (enfin !) des mesures d’ordres pour protéger ceux qui veulent travailler, et Carla Bruni qui soutient Aung San Suu Kyi.

Certains trouveront tout cela dérisoire. Pourtant c’est ainsi que l’on doit concevoir la politique me semble-t-il : au service des français, attentive à leurs difficultés et à leurs désirs, efficace et concrète, attentionnée…

Sachant concilier réformes difficiles avec un soutien, sur le terrain, aux drames induits.

Carton rouge par contre pour la crise du lait. Pourquoi toujours attendre le conflit ouvert, tradition bien française ? Il était évident que la baisse du prix du lait de ces derniers mois mettait en forte difficulté les éleveurs. Qu’est un gouvernement qui ne réagit pas aussitôt ? Qu’est un gouvernement qui laisse faire et ne sait qu’envoyer les CRS lorsque les malheureux se rebellent ?

D’un côté le bon exemple, de l’autre un pouvoir qui se soucie peu des problèmes et ne les anticipe pas.

Je ne suis pas contre un gouvernement qui agit vite et bien, sachant à l’occasion court-circuiter les lenteurs du parlement ou des administrations. Mais la contrepartie doit être une écoute attentionnée de la base, en se mettant à son service.

Et lorsqu’une décision est difficile —et il n’en manque pas par ces temps de crise—, l’apport d’autant de soin et d’énergie pour décider que pour compenser les difficultés pratiques provoquées.

La démocratie est une délégation de pouvoir à des mandants élus. Elle ne vit que de l’adhésion et de l’amour de ses citoyens.

En retour, nous n’en attendons pas moins de sa part envers nous !

LVPC

lundi 18 mai 2009

HADOPI, de mal en pis

La loi HADOPI contre les téléchargements illicites de musiques et videos vient d’être votée…

On pourrait pousser un ouf de soulagement, heureux que les medias cessent de nous harceler avec ce nom ridicule.

Il était aussi tout à fait légitime de protéger la création artistique.

Mais la réforme résout-elle le problème ?

On peut craindre que non :

Les dispositifs techniques en cours de mise au point par les pirates vont permettre de la tourner facilement, tandis que la frustration de nos téléchargeurs va les inciter à toutes les ruses.

Rajoutons l’Europe qui émet des directives contraires.

On peut enfin s’étonner de son manque de cohérence :

Des sanctions lourdes (l’interdiction d’Internet tout en le payant n’est pas rien) sont prises par un acteur privé en dehors de toute justice contradictoire.

Les auteurs n’en tireront aucun profit direct. Seuls sont gagnants les stars reconnues, déjà millionnaires. Les petits, qui pouvaient percer grâce à Internet, sont sanctionnés et donc la création « libre », alors qu’elle était sensée être protégée.

Les jeunes me disent que la solution était simple : prévoir une rétribution modique qui irait aux artistes concernés, comme fonctionne déjà aujourd’hui la SACEM.

Mais, que ce soit pour les hôpitaux, les universités ou le web, nos autorités ne semblent plus écouter la « France d’en bas ».

Attention ! C’est elle qui gagne toujours à la fin…

LVPC

La police aux arrêts

Depuis 30 ans, la sécurité dans les banlieues semble au statu quo : voitures brûlées le week-end, trafic de drogue, bandes rivales, « business » en tous genres… se perpétuent dans l’indifférence quasi-générale

Les gouvernements successifs se sont tous courageusement dérobés devant l’obstacle :

Les gouvernements de gauche sous le prétexte de la désespérance des jeunes de banlieues —alors que ce sont eux qui sont les premières victimes de ce gangstérisme.

Les gouvernements de droite forts en parole mais sans effet ou presque sur le terrain.

Alors je ne comprends plus…

Les exactions de ces bandes se multiplient : attaques de lycées, bagarres meurtrières dans les lieux publics, braquages de petits commerçants, incendies de bus, désertification des « zones », embuscades de policiers et de pompiers…

Au lieu de lutter contre elles, on transforme les écoles en bunkers, on multiplie les policiers dans les bus et les métros, les gardes du corps privé prolifèrent, peur et drogue s’étendent…

Les policiers ont des objectifs précis de répression contre les conducteurs qui dépassent de quelques kilomètres / heure les limites autorisées et ils se répandent à foison le long des routes.

Mais dans les banlieues, rien…

Pourtant, la police connaît bien ces 222 bandes et à tous les moyens de les mettre hors d’état de nuire, notamment en enquêtant sur leurs recettes illicites.

Alors ???

LVPC

vendredi 15 mai 2009

De l’art de bien mener les réformes

Mise à jour du 17 mai 2009

Réformer est par nature difficile. Pensons aux obstacles déjà rencontrés pour simplement modifier les habitudes de son conjoint ou de ses enfants ! Ce n’est pas plus facile dans un groupe, un club, une entreprise…

Alors, au niveau d’un pays, au sein duquel se mêlent toutes les tendances, tous les intérêts, toutes les opinions, de façon souvent contradictoire, c’est une véritable gageure.

Le français reste un gaulois râleur et accepte mal toute imposition. Il en voit d'abord les inconvénients et met un point d’honneur à résister…

Les réformes en cours, qu’elles concernent l’hôpital, les universités ou Internet le démontrent bien.

Encore faut-il, pour espérer réussir, respecter un certain nombre de règles incontournables. C’est ce que nous allons essayer de résumer ici.

Il faut d'abord réaliser que le changement conduit à modifier un ensemble très complexe d’habitudes, de relations, d’intérêts, avec une composante humaine dominante et en grande partie irrationnelle. Il n’y a pas seulement des facteurs objectifs à gérer, mais tout un ensemble flou de craintes, d’idées parfois fausses, de rancœurs, de parti-pris, souvent aiguisés par des leaders et des démagogues qui se font ainsi une clientèle à bon compte.

Si ces réticences ne sont pas surmontées, la réforme capotera, même si elle est objectivement parfaitement justifiée et adaptée. Une adhésion « émotive » des intéressés est indispensable.

C’est par ailleurs pour les personnes concernées une remise en cause profonde : elles doivent s’adapter, se re-former, modifier leurs habitudes et leurs comportements. Cela n’est pas simple, demande des efforts et du temps.

Il faut donc « laisser du temps au temps » et ne pas multiplier les changements en même temps. Sinon, on risque de se heurter à des résistances tout simplement « physiologiques ».

Les conséquences en cascade d’un changement peuvent enfin être aussi considérables et il faut s’en méfier.

Prenons un exemple simple : la réforme du permis de conduire de façon à le rendre plus difficile à décrocher. On peut croire que cela se passera simplement : les élèves feront des efforts supplémentaires et la sécurité y gagnera.

Pourtant les incidences concrètes peuvent être tout autres :

Les prix augmentent fortement suite aux tentatives plus nombreuses rendues nécessaires, certains candidats n’ont pas l’argent suffisant, cela les empêche de trouver un travail et les engage ainsi dans un enchaînement néfaste vers la pauvreté.

Les plus indisciplinés se mettent à conduire sans permis (et en conséquence sans assurance), ce qui renforce le danger sur les routes alors qu’on cherchait à le diminuer. La transgression de cette limite les pousse également à en transgresser d’autres et cela répand l’anarchie.

Le mécontentement général contribue à la décrédibilisation des gouvernants et compromet la suite des réformes.

Ainsi une petite erreur de jugement initiale peut-elle se transformer en un vaste insuccès, avec des résultats opposés à ceux espérés. Cette situation n’est pas rare. Beaucoup de réformes connaissent ce phénomène.

Alors comment faire ?

Tout changement met en jeu deux aspects très différents : la réussite « opérationnelle » du projet d'une part, la tactique adoptée et la gestion psychologique du changement d'autre part. Ce sont des aspects très différents, aussi importants l’un que l’autre.

Abordons d'abord la « technique » : si le nouveau système est mal adapté, fonctionne mal, a des conséquences négatives, il est évident que cela décrédibilise le projet dés le départ et laisse le champ libre à toutes les oppositions. Dans ces conditions, il aura beaucoup de mal à réussir.

C’était le cas dans l’exemple précédent et c’est inévitable lorsqu’on n’a pas pris la peine de tester et de qualifier soigneusement le système prévu avant sa diffusion.

Une excellente préparation est donc indispensable en validant dans détail le projet technique, son organisation, les moyens à mettre en œuvre (en incluant la formation des techniciens, la communication, les guides …), les crédits nécessaires, en parcourant tous les cas probables, les risques, les déviances possibles…

Il ne faut pas hésiter à expérimenter et à suivre attentivement les essais au niveau du terrain (et pas seulement avec les directeurs…).

Il faut ensuite veiller à sa bonne mise en place, avec énergie et soucis du détail. L’opération doit être menée comme un projet industriel. Si on ne dispose pas de tout ce qui est idéalement nécessaire, adapter au mieux le dispositif dès le départ (cela vaut mieux que de devoir boucher les trous ensuite).

Certains trouveront cette approche excessive. Pourtant elle correspond à la réalité. Réussir un changement au niveau d’un pays est une opération extrêmement complexe, qui doit être menée avec beaucoup de méthode et de rigueur si on veut qu’elle réussisse.

Sous l’aspect psychologique et tactique, commencer par consulter largement les acteurs (responsables, leaders et citoyens de base), évaluer leurs attentes et leurs positions, adapter au mieux le projet. Il vaut largement mieux répondre aux demandes qu’imposer, et cela permettra de bien coller aux réalités. Les chances de succès en seront multipliées.

On peut constater à ce moment-là que le projet rencontre une opposition massive et doit être profondément remanié. Inutile de s’entêter. Si les opposants sont nombreux et de qualité, nous avons certainement fait une erreur d’appréciation. Par ailleurs, le projet ne pourra pas aboutir correctement dans une telle ambiance.

Il faut aussi évaluer les positions des différents leaders et groupes impliqués, à un titre ou à un autre (y compris presse, financeurs, collectivités locales, politiques…). Les considérer un par un et analyser leurs arguments et leurs motivations. Tenir compte de leurs avis et rechercher un compromis. Chercher les moyens de les motiver pour la réussite du projet.

Pour réussir, le mieux est de créer l’envie de réussir chez les intéressés eux-mêmes.

Identifier les obstacles irrémédiables. SI ce sont des rumeurs et des idées reçues, commencer par les rectifier grâce à une large information. Si c’est une incertitude administrative sur les crédits, agir à haut niveau pour les faire dégager. S’il s’agit d’opposants résolus, essayer de les marginaliser.

Cette préparation est l’étape la plus importante. Il est tentant de la réduire en espérant gagner du temps et de l’argent. Mais c’est toujours une erreur. C’est la préparation qui permet d’éviter les principales sources d’échec.

Il faut ensuite bien entendu soigner la mise en œuvre, organiser méticuleusement les travaux, réaliser les guides utiles pour faciliter la prise en main du nouveau système. Une bonne méthode est de se mettre à la place de ceux qui vont devoir appliquer les nouvelles règles. On en déduit leurs besoins et on peut les accompagner efficacement.

Ne pas hésiter à communiquer abondamment. La partie psychologique est la plus importante dans le changement.

Une fois la structure mise en place, il ne faut surtout pas s’arrêter mais suivre attentivement. Rien ne se passe jamais comme prévu : des problèmes techniques vont survenir, des usages imprévus vont apparaître, des résistances vont se manifester, des déviances vont se faire jour…

Le facteur humain est imprévisible. Il suffit d’un détail, d’un leader mécontent, d’un incident médiatisé pour tout remettre en cause et retourner l’opinion. On aura ainsi parfois besoin de compléter les textes réglementaires, d’adapter les moyens, de revoir la communication…

Cette période de validation et d’adaptation est donc extrêmement importante. Sans elle l’échec est encore assuré.
Une réforme n’est terminée que lorsque tout fonctionne bien.

Les réformes disputées en cours le sont justement parce qu’elles posent des problèmes de mise en œuvre : dans les hôpitaux, la T2A conduit par exemple à faire rejeter les soins de base, rentabilité oblige ; l’indicateur de morbidité risque de faire rejeter les patients mourants… Un peu plus d’écoute du terrain résoudrait ces problèmes…

« Rien n'est plus dangereux que la certitude d'avoir raison… » écrivait François Jacob, prix Nobel de physiologie ou de médecine 1965.


Résumons en quelques mots : commencer par consulter, dialoguer et anticiper les problèmes, puis réaliser avec soin, enfin suivre et adapter jusqu’au succès.

Voilà, la leçon d’organisation est terminée !

On m’excusera pour cet exposé un peu sentencieux, mais lorsqu’on considère les réformes en cours, il semblait nécessaire.

S’il vous semble juste, faites-le connaître aux intéressés !

LVPC

mardi 12 mai 2009

L’hôpital malade des réformes

Mise à jour du 30/05/09

L’Hôpital est aujourd’hui certainement un exemple de ce qu’il ne faut pas faire en matière de réforme et l’on pourrait sous-titrer celle-ci : comment apporter de fausses solutions à des problèmes réels.

Car quelle est la situation réelle ?

D'abord un manque criant d’effectif suite aux 35 heures et face à une demande croissante, des infirmières et des médecins surchargés de travail, dont la vie est devenue un vrai cauchemar, confrontés à trop de malades, à trop d’urgences et à trop de contraintes.

A cela se rajoute une multiplicité de dysfonctionnements : guerres des services au sein d’un même établissement, mandarinat des « grands » médecins qui confondent encore management et dictature, prise de pouvoir des administratifs, énormité des centres qui les rend ingouvernables, absences de complémentarité et rivalités entre établissements voisins, judiciarisation des erreurs de soin qui rajoute un stress supplémentaire…

Face à cela qu’ont été les reformes proposées ces dernières années ?

Leur principal défaut est certainement qu’elles ne se sont pas réellement (ou assez ?) préoccupées des « vrais » problèmes précédents, voire les ont aggravés en rajoutant des charges supplémentaires :

La tarification à l’acte (T2A) et la recherche de la rentabilité, associée à la nomination de directeurs administratifs non directement concernés par la qualité des soins (nommerait-on à la tête d’une cimenterie quelqu’un qui ne connaît pas le ciment ?) ouvrent la voie à négliger les soins de base, peu rentables. Cela ne peut que choquer des personnels qui dédient leur vie à ces soins.

Ensuite, une administratisation de plus en plus forte, que renforce une certification orientée vers la multiplication des procédures et des papiers, tandis que la crainte de procès conduit également à multiplier les précautions formelles. Au lieu de permettre aux infirmières de mieux remplir leurs missions en renforçant leurs effectifs, on les surcharge de documents à remplir.

Le dossier médical du patient, très utile en théorie mais très difficile à mettre en place en l’absence d‘une informatisation totale de l’établissement, rajoute lui-aussi une couche de formalisme.

La génération d’une ambiance générale de suspicion envers les soignants, en multipliant les indicateurs, les audits, les reportings, les enquêtes à la moindre défaillance, les procédures à respecter… ainsi que les articles de presse et les déclarations négatives, n’ont enfin rien arrangé…

Au total, les soignants ont l’impression, qui n’est pas fausse, que tout est fait aujourd’hui au détriment du soin et contre eux, et qu’ils sont les derniers remparts pour préserver un système de soin de qualité.

Qu’aurait-on dû faire ?

D'abord, beaucoup plus d’écoute des professionnels qui sont d’excellents niveaux et qui se donnent beaucoup de mal, avec une approche de terrain au lieu d’édits décrétés du haut des autorités administratives.

C’est le mal du siècle : pour les théoriciens, les problèmes sont toujours simples à résoudre. Il est vrai que seul un grand établissement peut avoir les moyens nécessaires : IRM, Scanners… Mais quid de la réalité humaine ? Quid des changements de résidence imposés aux personnels ? Quid des rivalités existantes entre les établissements à regrouper ? Quid du manque de compétences managériales des nouveaux directeurs, incapables de gérer correctement la masse humaine ainsi constituée ?

Il est vrai que le gaspillage est important dans les hôpitaux (comme d'ailleurs dans toutes les administrations) et qu’une gestion « analytique » est souhaitable. Mais pourquoi ne pas traiter les problèmes concrets posés par la T2A ? Pourquoi ne pas procéder plus progressivement à une réforme qui touche les tréfonds de la culture hospitalière : il faut désormais se préoccuper de facturation, de comptabilisation des dépenses… Les soignants ne le sont pas devenus pour cela. Travaillons avec eux et en adaptant les méthodes aux réalités et aux vrais besoins.

Il est bon que toutes les informations sur le patient soient regroupées, mais ne doit-on pas tenir compte d'abord de la surcharge des infirmières avant de leur imposer de nouvelles tâches ? Ne devrait-on alors pas commencer par informatiser correctement (mais l’investissement est très lourd …), afin que ce dossier de soient pas un pensum rempli au détriment des malades ?

Suggérons (mais nous ne serons bien sûr pas entendu) quelques réorientations :

D'abord, redonner la prédominance aux soignants sur les administratifs, en nommant des directeurs médecins, choisis pour leur aptitude au management des hommes et bien formés à celui-ci.

Maintenir de petits établissements à taille humaine en les spécialisant.

Revoir les budgets en fonction des besoins et en agissant pour réduire le coût exorbitant des nouveaux médicaments et des nouveaux appareils. On peut penser notamment à diminuer la lourdeur (encore administrative !) des différentes formalités à remplir pour les agréments, qui grèvent fortement les budgets de développement. On peut aussi développer la concurrence…

Se préoccuper des dysfonctionnements journaliers grâce à des démarches qualité de terrain réelles, qui renforcent le travail d’équipe et la motivation des personnels, en détruisant les chapelles.

Faire confiance aux professionnels et les protéger contre les poursuites : l’homme n’est malheureusement pas infaillible et il nous faut accepter la perspective d’erreurs médicales, tout en faisant la chasse aux mauvais professionnels (insanctionnables aujourd’hui…).

En un mot, revenons au bon sens et au terrain…

LVPC

L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net