samedi 8 novembre 2008

Bienvenue, Barack OBAMA !

Tout a été dit sur l’élection américaine.

D'abord ce formidable pied de nez au racisme et à la discrimination.

Ayant vécu mon adolescence en milieu multiculturel, je n’ai jamais compris comment et pourquoi certains peuvent mépriser ceux qui n’ont pas la même couleur de peau ou le même niveau d’éducation qu’eux, alors que tout démontre que nous sommes tous bâtis de la même manière, avec la même chair, les mêmes gênes, les mêmes organes, y compris ceux de l’intelligence ou de la sensibilité.

Au lycée, mes copains arabes, juifs ou noirs étaient aussi sagaces, talentueux ou inversement dissipés que les eurasiens que nous sommes. Attribuer à la seule couleur de la peau une supériorité ou une infériorité est aussi intelligent que de classer les chiens ou les chevaux par couleurs …

L’élection de Barak OBAMA marque ainsi la prise de conscience par l’Amérique d’une simple évidence, soit l’égale valeur de tous les hommes. De parents noir et blanc, musulman et chrétien, OBAMA en est à lui seul la synthèse parfaite.

Si cela pouvait se diffuser dans le monde, cela marquerait un progrès énorme pour notre intelligence collective. Combien de conflits et d’ennuis nous éviterions-nous alors ! Ceci concerne aussi bien le racisme ordinaire de nos concitoyens, le mépris des pays riches pour les pays pauvres, l’exploitation éhontée de leurs personnels par certaines entreprises…

Le mépris et les inégalités attirent la haine, multiplient les difficultés pour tous et empêchent toute coopération constructive…

Mais l’élection du nouveau président marque aussi l’efficacité formidable de la démocratie. Quel avantage pour un pays de pouvoir faire naître de nouveaux talents en dépassant les castes et les oligarchies qui monopolisent le pouvoir et empêchent les idées nouvelles de germer ! Quelle capacité formidable d’évolution et d’adaptation aux mutations erratiques du monde !

Quelle leçon pour nos vieux pays aux partis politiques fermés sur eux-mêmes ! Quelle leçon d’ouverture et d’intelligence ! Quelle démonstration donnée à nos concitoyens volontiers entiers dans leurs opinions et ennemis acharnés de l’autre camp, par l’union de tout le peuple américain derrière le nouvel élu!

On peut juger impossible la tâche à accomplir. Les défis à relever sont colossaux. Mais c’est oublier l’importance primordiale du psychologique en économie. L’enthousiasme qu’a su créer le jeune homme vaut tout l’or et tous les plans de redressement du monde.

Alors, Barack, souhaitons simplement que tu saches faire bon usage de toute cette force que tu as su acquérir, au profit des Etats-Unis certes, mais aussi à celui de tes autres concitoyens du monde.

« Bon vent ! »

Le Vilain Petit Canard

lundi 3 novembre 2008

Le miracle de sœur Emmanuelle

mise à jour du 01/12/08

Il a fallu ta mort pour que tu renaisses, telle un phénix, à la télévision. Ce fut un premier miracle. Quel plaisir de retrouver ton visage, ta gouaille, et surtout ta générosité et ton amour des autres, par ces temps de disette morale !

Jusqu’à présent, je t’avoue que j’avais une dent contre les religions car elles étaient associées à la plupart des malheurs des hommes : qui disait religiosité disait presque toujours intolérance et sectarisme. Sans remonter à notre inquisition, aux guerres de religion du XVIème siècle ou à la Shoah, il suffit de penser aux guerres et au terrorisme de ces dernières années : Ben Laden et Al kaïda, le KOSOVO et le massacre des musulmans, l’Irak déchiré entre sunnites et chiites, le Pakistan et les talibans, Israël et les palestiniens, le Rwanda…

Même si, en réalité, il s’agissait de luttes de pouvoir et de territoires, tous ont eu un habillage religieux et recrutent leurs troupes sous cette oriflamme.

Il est aussi remarquable de voir comment les hommes deviennent idiots et malhonnêtes dès qu’ils entrent en religion : les extrémistes qui deviennent débiles et tuent pour leur Dieu, les sectes américaines qui refusent l’évolution, le pape lui-même qui condamne la contraception et l’avortement, indifférent aux désespoirs ainsi provoqués…

Toutes ces désolations ont une seule cause : elles proviennent de ce que les religions demandent d’aimer avant tout leur propre Dieu. Mais il est si facile de faire dire ce que l’on veut à Dieu ! Le meilleur comme le pire ! Et, quand Dieu à parlé, celui qui n’est pas d’accord devient un hérétique, un ennemi que Dieu demande d’exterminer.

Toi, tu as apporté une autre vision, une autre lumière : au Caire, tu as soigné les chrétiens comme les musulmans, tu t’es dressée contre le pape pour distribuer la pilule dans les quartiers surpeuplés, tu t’es mêlée aux plus pauvres et tu as agi, au lieu de te cantonner aux sermons bien pensants des hiérarques.

En réalité, même si tu t’en défends, tu as inventé la première religion laïque, celle qui demande d’aimer avant tout les autres.

Cette religion-là, j’y crois…

C’est celle dont nous avons besoin pour retrouver le sens de la communauté humaine et des valeurs, pour redevenir des être humains à part entière, capables de nous dépasser et de construire un monde plus sain.

Alors, Sœur Emmanuelle, même si cela te semble un parjure, depuis ton dernier repos, aides-nous à oublier un peu les faux prophètes et à porter toute notre attention sur les hommes !

Le Vilain Petit Canard

samedi 1 novembre 2008

L'agent virtuel

La crise financière que nous vivons a au moins un mérite : elle a révélé le secret sans doute le plus important et le mieux gardé du monde contemporain, celui de l’origine de ces masses colossales d’argent que nous voyons circuler de toutes parts au-dessus de nos têtes.

Qui ne s’est demandé d’où sortent les milliers de dollars de la spéculation internationale comme ceux que l’américain PAULSON ou que les gouvernements européens ont alloués aux banques, alors que nous, nous avons bien de la peine à économiser quelques centaines d’euros ?

Ces dons traduisent-ils une duplicité effrayante des politiques, prêts à gaver d’argent les banquiers alors qu’ils répugnent à accorder le moindre sou pour sauvegarder les emplois mis à mal par la récession économique ?

Il est normal que l’ordre de grandeur des sommes manipulées varie selon le niveau où on se place : le citoyen moyen raisonne en centaines ou milliers d’euros (je parle des achats importants), une entreprise, qui regroupe des centaines d’individus, comptera par dizaines ou centaines de milliers d’euros, un état par dizaines de millions d’euros… C’est normal.

Là où le bât blesse, c’est lorsqu’on constate qu’un seul individu peut gagner ou perdre à lui seul des milliards. C’est aussi lorsqu’un Etat est capable de débloquer 300 milliards pour les financiers alors que, dans la seconde d’après il déclare inacceptables les neuf petits milliards de déficit prévus pour la sécurité sociale ou les ridicules 100 millions nécessaires pour sauver les 800 emplois de la CAMIF…

Il y avait là un mystère, et grâce à la crise, j’ai compris : il y a deux sortes d’argent : celui que nous utilisons vous et moi chaque jour. Cet argent a une réelle contrepartie matérielle : nous l’échangeons contre un kilo de tomates, un appareil électro-manager, une voiture… Cet argent permet ensuite de payer les producteurs, les intermédiaires, les fonctionnaires via la TVA et les impôts… Cet argent évite le troc et fluidifie les échanges. Ce sont les paiements « au comptant », lorsqu’on règle immédiatement.

De l’autre côté, il y a les banques et les crédits qu’elles accordent. Prenez un exemple : vous avez 100 € sur votre compte. Le banquier, partant du principe que tous les déposants ne vont pas réclamer leur dû simultanément et comptant sur les remboursements des prêts accordés, va profiter de ce dépôt pour prêter 10 000 € à M. B.

Avec les 10 000 € qu’il a empruntés, M. B va acheter une voiture à M. C. et ce dernier va déposer son bénéfice, soit 2 000 € dans la banque D qui, forte de ce dépôt, va prêter à son tour 100 000 € à M. E. Et ainsi de suite…

Je ne sais pas si vous avez suivi, mais voyons le résultat : vos 100 € initiaux, correspondant à un acquis réel, se sont transformés à la fin en plus de 100 000 € de crédit, c’est-à-dire d’argent « virtuel », qui correspond en réalité à une avance sur des remboursements futurs.

Et nous n’avons cerné qu’une toute petite partie de la question, car il faudrait rajouter les grandes entreprises, les Etats ou les spéculateurs qui vivent pratiquement tous à crédit, c’est-à-dire avec de l’agent virtuel qui se compte, comme la crise l’a révélé, en milliards de milliards d’euros (on estime que cette monnaie virtuelle représente 6 à 10 fois l’économie « réelle » !).

Tant que l’économie était prospère et que les remboursements avaient lieu, tout marchait bien, pour le plus grand bonheur des financeurs, qui touchaient les intérêts à chaque stade.

Mais supposons que la machine économique se grippe et que les emprunteurs ne puissent plus rembourser. Alors tout s’écroule comme un château de cartes. Et c’est ce qui se passe en ce moment, comme dans toutes les crises passées : crack de 1929 comme, plus récemment, l’éclatement des « bulles » successives : bulle immobilière, bulle Internet… Dès que les bénéfices baissent, tous ceux qui vivent à crédit disparaissent, entraînant dans leur chute leur personnel et leurs sous-traitants…

Alors, quelles solutions ?

Laisser la situation en l’état ? Une économie fondée sur le crédit ne peut fonctionner que dans le cadre d’une forte expansion, et plus la part de crédit est forte, plus l’expansion doit être forte. Comme il y a toujours des ralentissements, nous vivrons alors de crise en crise, avec chaque fois les mêmes victimes : nous.

Et puis est-il équitable que les financiers fassent fortune en endettant les autres ?

Abandonner tout crédit ? La libéralisation croissante des crédits depuis l’abandon de l’étalon or (accords de Bretton Woods) a permis le fort développement économique mondial. Pensons qu’il y a à peine 60 ans, la télévision et la 4L de Renault apparaissaient tout juste ! Sans crédit immobilier, chacun devrait attendre 50 ans pour avoir sa maison, après avoir amassé patiemment la somme nécessaire année après année…

Généraliser les secours actuels en distribuant des milliards à tout va pour soutenir les industries et les ménages en difficulté, accroître les salaires, financer des logements… ? Ceci paraît logique (pourquoi les financiers et pas nous ?) et est prôné par tous les démagogues actuellement (c’est si facile !). Mais c’est oublier que cet argent, quoique virtuel, devra être remboursé un jour. L’Etat doit emprunter les fonds qu’il distribue et sa dette aspire chaque année l’essentiel de nos gains. Ces propositions sont donc irresponsables.

La seule solution est de revenir à un encadrement raisonnable du crédit, les banquiers et autres financeurs ne pouvant plus dépasser un certain cota de prêts par rapport à leurs actifs. L’expansion en sera un peu limitée (surtout au détriment des spéculateurs), au profit d’un développement plus sain et de la sauvegarde de la planète.

En revanche, s’il a été logique de dépanner en urgence les banques afin que nous puissions nous-mêmes continuer à avoir notre argent (le vrai…), ce devrait être elles —et non nous— qui remboursent les sommes qui leur ont été versées, à crédit, Ce serait un juste retour des choses.

Enfin, réalisons que tout accord ne peut être aujourd’hui que mondial. Tout « paradis fiscal » devient inacceptable car il servirait d’échappatoire aux règles précédentes et rien ne serait résolu. Alors, transformons ces paradis en enfers !

Bien à vous,

Le Vilain Petit Canard

L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net