En ces temps de crise, beaucoup critiquent l’Etat et en particulier Nicolas SARKOZY pour l’inefficacité de sa politique face au chômage, lui qui s’était proclamé imprudemment « le président de la hausse du pouvoir d’achat ».
Lui qui avait promis aussi que « travailler plus rapporterait plus ». En fait, c’est le « travailler moins rapporte moins » qui se réalise.
Mais il faut reconnaître que le problème n’est pas simple, voire impossible à résoudre. Ses causes en remontent loin dans le temps.
Lorsque les nations ont décidé d’abaisser les droits de douane dans le but de développer les échanges mondiaux, il était clair que cela sonnait le départ d’une course à la productivité, les moins chers devant écraser les autres.
Or, les autres c’est nous. Avec notre niveau de vie et notre confort social, nos producteurs ne peuvent rivaliser avec des salariés payés 100 fois moins.
Abandonner nos protections condamnait donc inéluctablement nos pays au chômage dans les secteurs concurrencés, les pertes de recettes entraînant elles-mêmes une baisse générale de pouvoir d’achat.
L’ouverture des marchés conduisait également à la mondialisation des entreprises car pour vendre à bas prix, le mieux est encore de produire de même, soit dans les pays les moins avancés.
Ces conséquences étaient prévisibles et inéluctables.
Certes, les avantages ont été importants et les promoteurs du libre échange les mettent toujours en avant : les progrès technologiques majeurs qu’ont permis les majors compte-tenu de leur puissance d’étude, l’abaissement des prix pour le consommateur du fait des grandes séries, les progrès sociaux dans les pays producteurs…
Certes la compétition a aussi stimulé nos entreprises, les forçant à innover et à devenir toujours plus performantes.
On pourrait avancer également que le commerce mondial a permis un rééquilibrage global entre pays riches et pays pauvres, ce graal que toutes les négociations n’ont jamais pu faire progresser, et a donc été globalement bénéfique.
Mais était-il responsable de laisser nos concitoyens sans défenses, n’avons-nous pas fait du libre-échange et de la totale liberté des entreprises une religion irrationnelle et extrémiste ? L’ouverture des marchés exclut-elle toute régulation ?
Nous nous trouvons aujourd’hui face à des entreprises qui sacrifient tout au profit et sur lesquelles nous n’avons plus de prise. Ainsi ARCELORMITTAL licencie-t-il et réduit-il de moitié l’activité des sites européens qu’il a acquis (à crédit…) afin de faire progresser de 20 % sa marge. Belle manœuvre : il a pu acheter ses concurrents avec de la monnaie de singe et il apporte l’estocade finale en les supprimant !
Mais PEUGEOT et RENAULT, nos champions automobiles, qui sont au cœur de la crise, ne valent pas mieux : Ils ont constitué dans les pays à bas coût un parc d’usines qui fabrique aujourd’hui les modèles les plus vendus. Les usines françaises étant plus anciennes et moins compétitives, leur mort était donc planifiée à l’avance et la crise n’en a fourni que l’opportunité.
Alors, rendons-nous à l’évidence : que ce soit face aux grandes entreprises comme d'ailleurs aux mafias, à la spéculation ou pour la préservation de la planète, nos états apparaissent bien petits et désarmés.
Si on ne veut pas que le monde se transforme de plus en plus en une jungle sauvage dont nous serons continuellement les victimes, une puissante régulation internationale devient impérative.
Quelles pourraient en être les bases ?
Il ne peut s’agir de tout harmoniser, les écarts étant trop grands entre pays. Les mêmes droits sociaux partout, la même fiscalité, les mêmes aides…, qui placeraient tous les peuples à armes égales est encore un rêve irréalisable.
Par contre, replacer l’homme au cœur de l’économie, vérifier que les décisions managériales ne sacrifient pas exagérément les salariés au profit, donner une valeur au travail similaire à celle du capital, réguler la spéculation, limiter les fuites fiscales…, les chantiers ne manquent pas…
Notre époque est à la croisée des chemins, et cela dans de nombreux domaines : la préservation de la planète, l’épuisement de ses ressources, la surpopulation, la spéculation sauvage… et la maîtrise des grandes entreprises.
Nous portons une responsabilité écrasante vis-à-vis des futures générations : si nous ne sommes pas assez sages pour nous dégager de nos préoccupations immédiates et locales pour penser à nos petits enfants, en privilégiant l’avenir, nous leur préparons un véritable cauchemar.
Nous préparons un monde de guerres, voire d’exterminations, les plus forts disputant aux autres des ressources raréfiées dans un monde sans lois. Les derniers conflits, de plus en plus sanguinaires, en sont les prémices. Nous aurons vécu moins que les dinosaures… Et notre mémoire sera marquée du sceau de la bêtise.
Quand nous considérons les difficultés rencontrées pour construire une Europe forte, raisonnable et efficace, nous voyons que nous avons du souci à nous faire. Ressaisissons-nous, c’est urgent !
LVPC
Il est évident que la Mondialisation a été globalement bénéfique pour tout le monde et d'abord pour les pays développés. Je vous renvoie sur ce point au livre de l'économiste américain de gauche et récent prix Nobel Paul KRUGMAN "La mondialisation n'est pas coupable". Simplement il faut ajouter que certaines catégories de la population (les travailleurs peu qualifiés de l'industrie exposée à la concurrence internationale) ont plus souffert que les autres (c'était à prévoir). Il appartenait au pouvoir politique de prendre les mesures de requalification de ce personnel, de développement des emplois de service non délocalisables, de développement d'une industrie de pointe non concurrencée par les bas salaires, d'amélioration de la performance du secteur protégé des services publics. Ce qu'il n'a pas fait...
RépondreSupprimerPar ailleurs, il ne faut pas exagérer l'effet de la concurrence des bas salaires : qui dit bas salaires dit en général productivité plus basse et surtout environnement (infrastructures, sécurité juridique, corruption...) différent, moins performant que dans nos pays. Donc, quand une entreprise délocalise elle prend un risque, et certaines d'ailleurs en reviennent et relocalisent...
Pour ce qui concerne les salaires stagnant dans les pays comme la France, il ne faut pas négliger l'effet des réductions de charges jusqu'à 1,5 SMIC qui font qu'il n'est pas intéressant pour un employeur de promouvoir son personnel au-delà car le coût devient beaucoups plus important; raisonnement à courte vue direz-vous... peut être mais c'est une réalité...
Par ailleurs, c'est bien en recherchant le profit mordicus que les entreprises améliorent la situation de tous et non en tergiversant...il ne vous a pas échappé que la demande d'acier avait beaucoup chuté depuis la crise; un vrai patron ne doit pas regarder l'avenir dans un rétroviseur mais doit prendre les mesures aujourd'hui qui feront les profits de demain même quand la situation présente n'est pas mauvaise. A condition bien sûr qu'il réinvestisse ces profits et non qu'il les utilise, comme on l'a vu pour racheter ses propres actions...