Les élections avaient enflammé nombre de français. Les projets du Président étaient clairs et ses débuts furent époustouflants : il relança l’Europe, revalorisa le travail, lutta contre les déficits, traqua les mafias des banlieues, libéra les otages, et, moyen le plus sûr pour redresser l’économie, aida l’industrie à gagner de gros contrats…
Mais, emporté dans son action tourbillonnante, il comprit mal la France d’ « en bas ». Les ennuis commencèrent lorsqu’il se donna une image de dilettante richissime, côtoyant le jet set et se permettant un faste contrastant avec les difficultés journalières des millions de français, confrontés à une hausse du coût de la vie sans précédent. Un Euro devenait de plus en plus l’équivalent du Franc ancien, entérinant ainsi une multiplication par 6 des prix en quelques années. La pauvreté se répandait dans le pays.
L’action gouvernementale devint de plus en plus incohérente, au moins en apparence :
Le gaz augmenta fortement alors que GDF faisait des profits énormes. Idem pour la SNCF et la carte « familles nombreuses » que l'on annonça réduite alors que SNCF était largement bénéficiaire.
On diminua le RSA, qui était un excellent moyen de ramener les inactifs au travail, alors qu’on prônait sur tous les toits qu’il fallait travailler davantage.
On voulut limiter les dépenses de santé mais on obligea les « patients » à passer par leur médecin traitant avant d’aller chez un spécialiste, ce qui doubla leurs frais.
De nombreux tribunaux, hôpitaux et autres casernements disparurent, semant la désolation et le chômage dans les régions.
On soutint les droits de l’homme et on condamna les agissements de la Chine dans ce domaine, mais, à l’occasion du passage de la flamme olympique, on fit tout pour empêcher d’agir les défenseurs de ceux-ci, alors que cette contestation était à l’évidence le moyen non-violent le plus efficace pour ramener les chinois à la raison. La France, pays des droits de l’homme, avait honte…
On répéta à l’envie qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses, mais on en trouva toujours pour des dépenses inutiles ou inadaptées : combien coûta la protection de la flamme ? L’accueil de Khadafi ? La hausse des rémunérations des députés ? Ne pouvait-on pas réduire provisoirement un peu les dépenses de défense pour aider la France à se relever tant qu’aucune menace n’existait ?
Les économies forcenées cassèrent aussi la dynamique économique et le déficit finalement s’aggrava.
Les français ne comprenaient plus un président qui s’était fait le champion du pouvoir d’achat et de la prospérité. Sans doute les mesures prises avaient-elles une justification, mais les explications manquaient et le gouvernement paraissait de plus en plus planer sur un nuage, à des lieues des préoccupations journalières de ses citoyens.
Quelle que soit sa politique, un gouvernement ne peut agir efficacement et durablement sans l’appui de sa nation. Pour cela un message clair, cohérent et mobilisateur est indispensable.
Sinon il est condamné à se heurter à des oppositions grandissantes, l’empêchant d’agir.
La communication et le dialogue sont les prix à payer pour la démocratie.
Le Vilain Petit Canard
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