lundi 26 décembre 2011

Internet et la démocratie

Actualité

La Russie, qui s'était jusqu’ici opposée avec force à toute action de l'ONU contre la Syrie, a surpris en proposant un projet de résolution au Conseil de sécurité condamnant la répression dans ce pays. Elle est elle-même la proie de mouvements de contestation d’une ampleur sans précédent.

Que se passe-t-il ? Nous avions pris l’habitude d’un monde bien rangé, nos démocraties prospérantes d’un côté, les dictatures paupérisantes de l’autre, le tout bien stable, chacun se satisfaisant de cette situation et les pays développés évitant soigneusement d’ébranler les autocraties dont elles profitaient à plein.

Mais Patratac ! Partout dans le monde, des pays arabes à la Mongolie ou à la Russie, dans des conditions souvent héroïques, les peuples opprimés se rebellent et contestent.

Est-ce un hasard, sont-ce simplement des soubresauts passagers avant que le tout ne revienne dans « l’ordre », les plus virulents —militaires ou religieux— redominant les plus raisonnables ?

Certains le pensent et craignent que la charia ne remplace les caprices velléitaires des tyrans.

On pourrait effectivement le craindre dans l’« ancien temps », avant qu’Internet et les médias ne prennent l’ampleur qu’ils ont aujourd'hui. Mais ceux-ci placent désormais sous les feux des projecteurs du monde entier les satrapes qui matraquent leur peuple, que ce soit au nom (supposé) de Dieu ou au leur propre. Les potentats ne peuvent plus sévir dans l’ombre, sans témoins, tandis que sont dévoilés les progrès considérables des démocraties.

Ceci change tout : les tyrannies survivent en serinant à leurs peuples qu’ils sont bien plus heureux que les autres, elles ne le peuvent plus et leurs citoyens n’acceptent plus d’être sacrifiés alors qu’ils voient que leurs homologues des républiques sont bien plus prospères.

En outre, Internet et les réseaux sociaux redonnent la parole aux simples citoyens et c’est une véritable révolution. Les gouvernants avaient tous pouvoirs contre les individus isolés. Ils ont désormais face à eux des mouvements collectifs de grande ampleur qui se coordonnent savamment.

Qu’on ne s’y trompe pas, Internet est une révolution analogue à ce que fut l’imprimerie au XVème siècle et qui a mené directement à l’explosion culturelle, économique et humaine de la renaissance.

Le monde intenettisé ne ressemblera plus à celui d’hier. Le changement est en cours et sera colossal.

Cette démocratie médiatique, forte de promesses dans les pays totalitaires, court-circuite par contre aussi, dans nos vieux pays, les rouages parlementaires patiemment mis au point pour contrôler les situations. Le vacarme des medias déstabilise les politiques, les sites libertaires dévoilent les secrets inavouables, les rumeurs deviennent vérité...

Il nous reste donc à décider si ce changement sera en bien ou en mal. On peut déboucher sur une terre sans frontière, unie devant les dangers qui l’assaillent (dégradation du climat, pénuries de ressources, rééquilibrages Chine / Occident et Nord-Sud) mais aussi vers un tohu-bohu informatisé, une dictature des buzz et de ceux qui sauront les organiser.

KAFKA peut resurgir du chaos des bits déshumanisés.

Le Vilain Petit Canard

.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net