lundi 28 janvier 2008

Ouragan sur la finance mondiale, les subprimes

Crise de l’immobilier aux Etats-Unis, baisse généralisée des bourses, le monde de la finance mondiale ressemble à ces après-midis sombres qui précédent les cyclones sous les tropiques, alors que les nuages s’accumulent et que le vent commence à souffler en tempête.

300 à 400 Milliards de dollars de perte dans le monde à cause des subprimes américains (soit le budget de la France), 666 Milliards de déficit du commerce extérieur américain, 150 Milliards de dollars de pertes suite à l’éclatement de la bulle Internet, et maintenant 5 Milliards de pertes à la société générale à cause des spéculations hasardeuses d’un seul « trader », le marché financier donne le tournis. Des sommes fantastiques s’échangent et virevoltent au-dessus de nos têtes sans aucun contrôle.

Nous avons du mal à percevoir de telles grandeurs, nous qui achetons notre petit crème 2 Euros, avons du mal à gagner quelques milliers d’euros par mois et avons des mots avec notre banquier si nous avons 10 € de découvert... C’est aussi le cas de nos entreprises, qui manipulent certes des sommes plus importantes, mais lilliputiennes à côté des énormités précédentes, d’autant plus qu’il s’agit seulement de pertes et non des capitaux manipulés… Le monde des financiers internationaux et le notre ne sont pas les mêmes.

D’un côté, il est normal que ces sommes soient colossales puisqu’elles émanent finalement de l’addition des activités des 6 milliards d’humains. Mais si, à l’échelon local, l’argent correspond à des échanges matériels bien concrets, au niveau du « marché financier », on tombe dans le domaine de la spéculation. L’argent devient « virtuel » !

Facile de faire fortune dans ces conditions : on vend 100 Millions de devises à Paris à 1,38 $ et on en rachète aussitôt autant à 1.37 $ à Toronto, avec un bénéfice immédiat de 1 Million d’Euros sans avoir rien déboursé. On joue aussi sur les actions, le cours des matières premières, comme on pourrait le faire sur le résultat du prochain match du Paris Saint Germain (mais, là, pas de suspens !) ou le succès du prochain « Johnny » (idem).

Et voilà la toute dernière venue, tout juste débarquée des States : la titrisation !

Qu’est cette dernière ? Illustrons simplement : supposons que vous prêtiez à votre voisin 1000 € sur 20 ans. Vous ne récupérerez votre mise que peu à peu et, en attendant, cet argent vous manque. Des financiers ont alors inventé un mécanisme astucieux : vous cédez votre créance à un autre investisseur, qui se paiera ensuite directement auprès de votre débiteur. Vous touchez ainsi de l’argent frais tandis que l’investisseur place son argent.

Alors que s’est-il passé ? De véritables escrocs ont vendu aux Etats-Unis des maisons à crédit à des personnes visiblement sans ressources suffisantes puis, malins, ont cédé les crédits correspondants à des banques. C’était super ! : les vendeurs encaissaient les chèques tandis qu’ils faisaient supporter le risque par les banques.

Tout cela a bien marché tant que le prix de l’immobilier montait, chacun pouvait rembourser en hypothéquant ou en revendant son logement. Mais dès qu’il a baissé, les défauts de paiement se sont multipliés. Rusées, les banques ont aggloméré les crédits « pourris » avec d’autres plus sains et cela dans la plus complète opacité. Au total, plus personne ne connaissait le risque réel encouru et les pertes ont été colossales, correspondant aux dizaines de milliers d’américains ne pouvant pas rembourser leurs prêts et obligés de quitter leur logement.

On pourrait dire que tout cela est assez moral et fait penser à l’arroseur arrosé. C’est bien fait pour ces grands financiers qui gagnent de l’argent facile.

Mais c’est oublier que ces énormes pertes dans l’économie virtuelle de la grande finance sont à la fin payées par l’économie réelle, c’est-à-dire par nous. D’abord par les milliers d’américains mis à la rue. Ensuite, ne rêvons pas, les pertes des banques seront financées par les frais qu’ils nous prélèveront. L’éclatement de la bulle Internet dans les années 2000 a entraîné la faillite de centaines d’entreprises. Les spéculateurs et les intermédiaires sur les matières premières se payent sur la baisse des prix d’achat, au détriment des producteurs. C’est le terrien de base qui fait in fine vivre tous ces intermédiaires et tous ces spéculateurs… L’argent ne pousse pas tout seul…

La morale de tout ceci ? On retrouve une vieille règle : l’obscurité et l’absence de contrôle laissent libre jeu à toutes les déviances.

Tant que le monde financier sera aussi complexe, peu transparent et incontrôlé, les escrocs et les profiteurs auront beau jeu d’en profiter. Et tant que ces derniers pourront sévir sans courir de risques sur leurs propres deniers, pourquoi s’arrêteraient-ils ?
Alors, lumière ! Mafias, spéculateurs et escrocs en tout genre profitent de la désunion des pays pour nous voler librement. Il serait temps de montrer que notre bêtise et notre inertie ont des limites. Créons un Tribunal Economique International (TEI) qui jugerait ceux qui gagnent ainsi des milliards sans apporter le moindre service en échange.

Œuvrons pour un « gouvernement » mondial qui fasse respecter les règles de bonne cohabitation entre pays.

Réagissons !

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net