samedi 4 octobre 2008

Libéralisme versus Etatisme : de Charybde en Scylla ?

(Mise à jour du mardi 26 mai 2009)

Compte-tenu de l’histoire économique et politique de ces cent dernières années, il est curieux de voir encore se battre les tenants du libéralisme contre ceux d’une direction de l’économie par l’Etat, avec chacun la ferme conviction d’avoir pleine raison.

Les deux stratégies ont en effet largement montré leurs limites :

L’Etat s’est toujours révélé malhabile en matière de gestion. Nous ne remonterons pas à l’Etatisme soviétique mais, dans notre propre pays, nos grands déboires ont généralement été dus aux interventions initiales de l’Etat : la ruine des actionnaires du tunnel sous la manche, alors encouragés par l’Etat à investir alors qu’il était patent que l’affaire ne serait pas rentable avant longtemps, les déconfitures répétées des pécheurs et des agriculteurs, les uns poussés à moderniser à grands frais leurs flottes alors que la ressource baissait, les autres subventionnés pour produire à des prix non compétitifs puis « lâchés » par l’Europe, etc… On murmure même qu’aux USA, la crise des subprimes a été due initialement à la demande de l’Etat américain faite aux banques de soutenir l’accession à la propriété des plus démunis…

Sans oublier les déficits abyssaux des Etats qui démontrent leur incapacité à gérer sainement, l’évolution erratique des politiques et des réglementations en fonction du bord politique des gouvernants (gauche-droite, gauche-droite…), qui ne permet pas une action continue…

La cause en est simple : les structures administratives privilégient l’égalité des personnels sur le mérite, emploient des agents n’ayant pas d’expérience de terrain, ne savent pas attirer les meilleurs experts et sont soumises aux volontés de dirigeants politiques, eux-mêmes liés aux attentes de leurs partisans.

Il est évident que, dans ces conditions, l’Etat ne peut pas être compétent pour gérer une problématique aussi complexe que l’économie moderne.

Les adeptes de l’Etatisme devraient donc commencer par nous construire un Etat compétent, avec des décideurs expérimentés et réellement responsables, c’est-à-dire engagés sur leurs propres deniers en cas d’erreurs…

Mais les « libéraux » ne sont pas mieux lotis. L’absence de régulation des économies montre régulièrement qu’elle aboutit rapidement à la loi de la jungle, au droit du plus fort, à la prédominance des intérêts des actionnaires sur ceux de la collectivité. La récente crise financière en est là-encore une superbe démonstration, mais aussi le fort déséquilibre nord-sud, les grandes entreprises privilégiant toujours les marchés rentables du nord, les fermetures d’usines et les délocalisations sauvages au mépris de toute considération pour les personnels, la spéculation mondiale, qui pénalise les plus pauvres, la désunion des états et des entreprises face au réchauffement de la planète et à la survie de l’espèce, la pollution, etc, etc…

Les libéraux devraient donc admettre que l’économie ne peut être laissée régie par les seules lois du marché et que seule une régulation peut permettre un fonctionnement équilibré et utile pour la société. Ils devraient admettre et militer pour la création d’une autorité compétente puissante.

Nous voyons que, si nos combattants recouvraient un peu de bon sens, ils seraient d’accord et pourraient s’unir pour étudier le seul problème qui compte : définir la meilleure façon de réguler le marché. Et c’est une question redoutablement difficile, qui demanderait que des économistes chevronnés cogitent et présentent des solutions, sur la base d’analyses bien établies.

Essayons d’en tracer quelques grands traits préliminaires, en n’hésitant pas à rêver : même si un rêve n’est pas réaliste à un moment donné, il donne la direction de l’avenir…

Tout d'abord, la régulation est à concevoir à l’échelon mondial, car les économies et les délinquances ne sont largement plus nationales, avec à la fois :
- tous les moyens d’autorité, de police et de justice nécessaires
- le respect du principe de subsidiarité : les Etats doivent conserver leur autonomie tant qu’une coordination internationale n’est pas absolument indispensable. Ceci de façon à rester adapté aux spécificités de chaque environnement local.
- Une régulation « à minima » : c’est le problème (ou le risque avéré) qui doit créer la nécessité de règles, et non des convictions idéologiques par exemple.

Il faut des personnes compétentes : cela implique une refonte complète des principes administratifs dans le cadre du nouvel « Etat supra-national ». C’est certainement le point le plus important, qui doit conditionner les règles de recrutement et de gestion.

Pour avoir l’autorité morale nécessaire, ces dirigeants devraient être élus par les peuples, sur la base d’une présélection fondée sur leurs capacités.

Cette autorité devrait être contrôlée par des chambres représentant les peuples, selon les principes de la démocratie.

Elle doit être clairement au service de la collectivité mondiale, c’est-à-dire du bien-être de tous et non au service de quelques uns, avec des sanctions si elles s'écartent de cette voie.


Les grandes crises sont les moments propices aux remises en question et aux reconstructions.

Pourquoi ne pas profiter de celle-ci pour avancer et définir de nouvelles bases qui nous permettraient de redémarrer avec des perspectives autres que la disparition annoncée de notre espèce face à la surpopulation, à la raréfaction des ressources et au dérèglement climatique ?

Cela ne serait-il pas le plus beau cadeau que nous puissions faire à nos enfants, de façon à leur créer un nouvel avenir et de nouvelles espérances ?

LVPC

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net