jeudi 9 décembre 2010

Paroles, paroles…

Nicolas SARKOZY est en visite « d’affaire » en Inde et décroche des milliards d’Euros de contrats, notre premier ministre François FILLON essaye d’en faire autant en Russie. Félicitons-nous de cette ardeur commerciale introduite par notre Président actuel, et qui tranche heureusement avec la morgue administrative des précédents, pour qui les « affaires » étaient de basses besognes indignes d’eux.

Car ce sont de telles ventes à l’étranger qui nous enrichissent collectivement. Le reste n’est en effet que de la redistribution interne entre Français, celui qui gagne le faisant au détriment d’un autre français, alors que tout gain à l’extérieur accroît notre cagnotte nationale.

Il est donc du devoir des Etats de soutenir notre percée sur les marchés extérieurs.

Le hic, c’est que, depuis le temps que le gouvernement actuel conclut des contrats mirifiques, on devrait en voir les résultats dans la baisse du chômage. Mais rien à l’horizon. Ces grands marchés s’évaporent-ils ?

Cela serait anecdotique si le cas était isolé. Prenez les banlieues : combien de fois ne nous a-t-on pas annoncé la mort des mafias, karchérisées et annihilées par le fisc et les gendarmes. Pourtant les trafics y prospèrent toujours, les feux d’artifice de voitures y font flores tandis que policiers, pompiers et médecins y sont toujours caillassés et que le trafic d’arme explose.

Après chaque drame, les discours promettent de sévir toujours davantage. Pourtant, les performances de la justice demeurent toujours aussi lamentables (voir l’article « justice de nains » précédent) et la police semble se concentrer sur le harcèlement des conducteurs.

Nous ne parlerons pas de l’éducation nationale, dont la récente enquête PISA montre combien elle se dégrade. Je croyais pourtant que l’amélioration de notre enseignement était une ligne de force du programme de notre Président et qu’il était bien décidé à rétablir l’autorité des maîtres et leur évaluation en fonction des résultats atteints. On en est loin…

Les hôpitaux, quand à eux, livrés au désordre de multiples réformes, regroupements et autre administratisation galopante, sont en voie de désagrégation.

Alors ? Nous savons bien que la France est devenue le terrain de jeux d’avocats à la langue bien pendue, mais est-il trop ambitieux de leur demander des actes et, surtout, des résultats ?

Le Vilain Petit Canard

2 commentaires:

  1. Vous avez raison mais cela signifie tout simplement que le gouvernement ne fait pas le "job". Or celui-ci dans la conjoncture actuelle est paticulièrement ingrat. De quoi s'agit-il en effet ? De réduire massivement les dépenses publiques et sociales, en faisant travailler davantage les fonctionnaires (en tout cas plus efficacement)en coupant dans des prestations pas toujours utiles, en déléguant davantage ses propres responsabilité et donc son pouvoir; vous en conviendrez, rien de très folichon...Or cela avait été (déjà !) dénoncé par Tocqueville, le gouvernement tient à s'occuper de tout et de ce fait il fait tout mal.
    Alors évidemment, il est beaucoup plus agréable en hiver d'aller signer (on se demande au nom de qui puisque les fournisseurs sont la plupart du temps des opérateurs privés sauf pour certains armements...)de mirobolants contrats dans des pays ensoleillés.
    Mais cela ne créé pas d'emplois puisque ces entreprises embauchent désormais massivement dans ces pays émergents et pas chez nous...
    Ce sont des réformes de structure qu'il faut accomplir pour recréer de la croissance (ne rêvons pas ce ne sera jamais 8% car dans ce cas il y a un effet rattrapage que nous n'avons pas mais 2,5 à 3% serait déjà bien...) et des emplois en France.
    J'entendais ce matin le Ministre de l'Agriculture se féliciter d'une très forte augmentation du revenu moyen des agriculteurs en 2010. Or dans cette augmentation, il y a certes une part de tension sur les prix, mais aussi des subventions (+ 300 Millions cette année). Comment considérer cela comme un bienfait ? Quelle signification donner à cette augmentation sur le dos du contribuable et surtout comment peut on être fier de cela ? Voyez, c'est toute une culture de la dépense publique qu'il convient d'inverser et c'est pas gagné !

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  2. Au commentateur précédent

    Merci pour cet excellent commentaire.

    Je reconnais très volontiers que la réduction des dépenses de l’Etat est extrêmement difficile pour le gouvernement, avec en outre le contexte de la crise. Il aurait fallu le faire dans les moments d’abondance pour éviter d’infliger aux français cette « double peine ». Mais quel gouvernement en a le courage sans y être forcé ?

    Toutefois, j’ai surtout voulu souligner la bêtise des discours démagogiques et des fausses promesses, qui permettent un succès d’écoute sur l’instant mais qui sont dévastateurs dans la durée, car ils suppriment la confiance, qui est indispensable pour pouvoir gouverner sainement.

    Et votre message pose les bonnes questions à mon avis. Par exemple, pourquoi annoncer à grands renforts de publicité les contrats signés si la collectivité nationale n’en profite pas ? Le chef de l’État pourrait au moins s’en assurer avant de s’impliquer puis en suivre la réalité…

    En conclusion, parler moins et seulement à bon escient, et agir davantage, c’est sans doute les meilleurs vœux que l’on peut faire au bénéfice du gouvernement et, surtout, des français !

    LVPC

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net