samedi 1 mars 2008

L’industrie pré-moderne

Rapport sur l'historique de l'industrie daté du 10 Mars 2250

Cette histoire s’est passée il y a bien longtemps.

L’industrie s’était alors fortement développée en France, mais elle était encore à l’état sauvage. Comme du temps de la ruée vers l’or, elle vivait une course irraisonnée à l’argent.

Les entreprises faisaient de gros bénéfices et pourtant licenciaient afin d’accroître encore leurs gains, elles n’hésitaient pas à polluer les pays mal protégés pour éviter quelques dépenses, les patrons se versaient des primes et salaires colossaux alors que leurs employés avaient du mal à survivre…

Dans ce Far-West industriel, les dégâts étaient élevés : chômeurs de tous âges laissés sur le bas-côté, jeunes sans avenir des zones, smicards vivotant, cités désertées suite à une délocalisation, évasions de capitaux hors du pays et, finalement, extension de la pauvreté dans beaucoup de pays au profit de quelques grandes fortunes.

Et tout cela au-dessus des lois : alors que le moindre dol à votre voisin vous conduisait au tribunal, le patron pouvait exploiter ses salariés puis les laisser sur le sable, sans ressources, avec des dommages certains, sans encourir la moindre peine. De la même façon que les barons du moyen-âge lançaient dans leurs batailles des nuées d’hommes tout en prenant le thé, des dizaines de milliers d’existences étaient détruites sans que les PDG soient le moins du monde inquiétés.

Au lieu d’aider à la construction des sociétés, les entreprises reproduisaient ainsi avec retards les frasques de l’ancienne monarchie, lorsque ducs et princes harassaient serfs et vassaux dans leur seul intérêt et se battaient entre eux.

Les entreprises avaient oublié qu’elles sont avant tout une organisation sociale servant à fédérer les efforts pour réaliser des productions complexes. Les entrepreneurs avaient oublié que leur première mission était de conduire avec équité le groupe humain dont ils étaient responsables, et que c’était finalement lui qui créait la richesse et qui les mandatait, eux, les coordonnateurs.

Plusieurs affaires mirent le feu aux poudres : D'abord, plusieurs Présidents s’attribuèrent de très fortes primes alors que leurs sociétés se portaient mal et que des efforts importants étaient demandés aux personnels. On découvrit aussi des actes délinquants un peu partout : accords illicites entre producteurs pour maintenir les prix au plus haut, caisse noire considérable dans une fédération patronale, abus de position dominante… C’était la jungle…

Malgré tout, cet âge d’or pour les exploiteurs se maintint encore tant qu’ils pouvaient trouver des salariés acceptant leurs conditions dans les pays en voie de développement. Mais peu à peu, ceux-ci protestèrent également et rejoignirent la cohorte des protestataires des pays développés.

Contraints d’agir sous la pression de leurs électeurs, les hommes politiques votèrent alors à l’échelon mondial des lois pour réguler le monde des entreprises :

• Celles-ci durent respecter une juste répartition de leurs profits entre leurs actionnaires, leurs personnels et leurs investissements

• Elles durent assumer les conséquences de leurs décisions qui entraînaient des dommages à leurs salariés ou au milieu

• Les abus des patrons firent l’objet de sanctions pénales. Un délit d’abus du travail et des efforts d’autrui fut institué.

Ce sont ces mesures qui marquèrent le début de l’ère nouvelle et notre renaissance économique. C’est grâce à elle que l’entreprise a retrouvé aujourd’hui sa vocation citoyenne, qu’elle veille à l’environnement et contribue positivement au développement de l’humanité.

Sans elles, les menaces que nous avons eu à surmonter : réchauffement de la planète, pénurie des ressources naturelles, surpopulation, pollutions… nous auraient conduites au désastre.

LVPC

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net