mardi 26 février 2008

L'arbre qui cache la forêt

Actualité du 23 Février 2008
Alors qu'il visite le Salon de l'agriculture, Nicolas Sarkozy serre de nombreuses mains dans l'assistance. Un homme refuse sa poignée de main en disant « Ah non, touche-moi pas ! Tu me salis ! ». Nicolas Sarkozy réplique : « Eh ben casse-toi alors, pauv' con ! ». Cette réplique va faire le tour du monde et restera attachée au nom de Nicolas SARKOZY.


Il y a quelques jours, le Président Français, de visite au salon de l’agriculture, a rabroué un quidam qui l’avait insulté, il l’a traité de « pauvre con » puis l’a prié de « se casser ».

Aussitôt, nos bons commentateurs, qui pourtant font d’ordinaire peu de cas de la morale en n’hésitant pas à s’attaquer à la vie privée des gouvernants et autres stars, ont poussé des hauts cris : cet homme n’est pas digne d’être Président ! Nous nous sentons offensés au nom de la France ! Sarkozy perd les pédales !

Moi, je m’interroge. Il faut certes éviter que le débat politique ne se transforme en combat de charretiers, mais un peu de « vérité humaine » ne me déplait pas. Pourquoi toujours ce langage « diplomatique » dans lequel, lorsqu’on vous félicite, on n’en pense pas un mot et dans lequel on multiplie les promesses tous azimuts tout en sachant pertinemment qu’on ne les tiendra pas ?

Pour ma part, je ne récuserais pas des politiques qui nous parleraient avec notre langage de tous les jours, qui iraient dans les banlieues lépar aux keufs et aux meufs (traduction pour les néophytes : parler aux hommes et femmes) ou à Amiens vir les gins de ch’nord (voir les gens du nord).

Peut-être que, alors, ils nous comprendraient mieux et nous écouteraient davantage.

Toujours est-il que la France est toujours aussi étonnante : elle s’insurge pour le détail secondaire et accepte passivement les catastrophes. Elle descend dans la rue parce qu’elle refuse de payer 1 € sur les consultations médicales mais ne dit mot sur le déficit béant du budget qui reporte l’énorme dette sur nos enfants.

Elle proteste parce qu’une procédure n’a pas été bien respectée (en l’occurrence l’avis du conseil constitutionnel sur le maintien en rétention des personnes dangereuses) et non parce que des délinquants condamnés mais non emprisonnés courent librement dans les rues.

Elle doit adorer piétiner lors des grèves des transports publics puisqu’elle soutient la lutte contre le service minimum.

Elle a un Président dynamique et travailleur qui prend à corps ses grands problèmes et fait travailler d’arrache pied gouvernement et parlementaires, mais elle ne voit que ses aventures personnelles, son dodelinement et ses excès de langage.

France, pourquoi toujours confondre l’essentiel et l’accessoire ? Pourquoi toujours te laisser distraire par les peccadilles au lieu de te pencher sérieusement sur tes problèmes, en essayant d’en comprendre les causes réelles et les vraies solutions ?

Pourquoi te laisser toujours séduire par les beaux parleurs ?

Femme fière, tu devrais au contraire redresser la tête, étudier tes dossiers, voir ce qui réussit ailleurs et t’en inspirer, en un mot être sérieuse.

Tu as qualifié ton Président de « bling-bling ». Mais es-tu sûre que ce ne sont pas tes propres œillères qui t’empêchent de voir le reste ?

Le vilain Petit Canard

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2 commentaires:

  1. Désolé, cher collègue des blogs des Echos, le langage de notre cher Président n'est pas le mien de tous les jours, peut-être lorsque j'étais en CM2, mais je ne crois même pas.

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  2. Pour « courant noir » (pourquoi ce nom ?)

    Je désapprouve bien sûr comme vous l’écart de langage du Président. C’était d'ailleurs le thème du précédent article « le roi immobile ».
    Mais je suis aussi attristé de constater que nos medias ne parlent que de ces billevesées : un jour Cecilia, le lendemain Carla avant l’étudiant qui a poignardé son professeur ou le chien qui a mordu un enfant… avec chaque fois une tempête sur les ondes.
    Tout ceci est important mais j’aimerais aussi que les commentateurs abordent de temps en temps nos « vrais pro-blèmes » : comment redresser la France, comment résorber le déficit, comme mieux éduquer nos enfants… et ali-mentent ainsi la réflexion de nos concitoyens.
    Aujourd’hui, on nous maintient dans une espèce de sous-développement mental, comme si nous étions des enfants qui ne pourraient pas aborder les choses sérieuses. On nous distrait…

    Comment une démocratie peut-elle progresser dans ces conditions ? Nos commentateurs ne peuvent-ils pas mieux utiliser leur intelligence et montrer leur vraie valeur au lieu de rester les experts bêtifiants des chiens écrasés ?

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net