Actualité
Éric Besson, le ministre de l'Immigration, de l'Intégration et de l'Identité nationale lance un débat sur l’identité nationale.
Dans notre pays d’irréductibles gaulois, certains n’ont, comme toujours, l’impression de penser que lorsqu’ils sont opposés à ce qui est pour —tout en étant pour ce qui est contre—. D’aucuns ont donc aussitôt crié au scandale, soit parce que ce n’était pas le moment, soit parce qu’ils y voyaient une résurgence du front national, soit parce qu’ils avaient autre chose à faire ou avaient mal aux dents….
C’est pourtant un sujet intéressant car il a des conséquences directes sur notre comportement en tant que français, sur notre attitude vis-à-vis de l’immigration, sur nos relations internationales et plus généralement sur notre image extérieure.
Il n’est donc pas vain de quitter les chiens écrasés et les polémiques stériles de l’actualité (ce que nous appelons ici les colimaçons par allusion à la nature baveuse de ces gastéropodes) pour réfléchir un peu et se reposer les questions de fond.
L’identité nationale ? Elle correspond d'abord certainement au contexte de chacun : les lois, les coutumes, l’enseignement, qui porte d'abord sur notre pays, et bien sûr la langue. De ce point de vue, un français est forcément différent d’un belge ou d’un italien, même s’ils habitent à quelques kilomètres l’un de l’autre.
Mais y-a-t-il vraiment « similitude » et « uniformité » ? La diversité de chaque population semble le nier : quels points communs entre le terrassier et l’énarque, entre le noir fraichement émigré de son village et le bobo du 15ème ?
Se rajoutent en sus la dispersion des idées politiques, religieuses et morales, des tempéraments, des situations familiales, des régions… Il n’est pas si loin le temps où chaque village était en rivalité contre le village voisin et nous voyons resurgir périodiquement des aspirations à revenir aux traditions locales, au provençal, au breton… Un corse est-il plus corse que français ou l'inverse ?
En outre le tout est très fluctuant : comme les Etats-Unis, notre pays est une terre d’immigration : ne parlons plus des francs et des romains, dont nous bénéficions certainement encore des gènes, mais la France moderne s’est bâtie avec les arrivées massives d’italiens, de portugais, de polonais, etc… La diversité des noms nous le prouve chaque jour.
Alors, où se cache donc cette fameuse identité française ?
Il serait très dangereux de la rechercher dans telle ou telle idéologie. Le nazisme en a montré l’exemple, mais le racisme, les conflits religieux et ethniques continuent à en prouver toute la bêtise, comme si une couleur de peau ou une religion différentes prouvaient une supériorité quelconque : le chien blanc est-il supérieur au chien noir ?
Les conséquences de ces approches sectaires sont surtout des conflits autodestructeurs où tout le monde est perdant, sauf les meneurs qui, eux, ne se battent pas.
En fait, pour pouvoir arriver à un début de réponse, il faut se poser la question de l’utilité ou non de cette « identité ».
On pourrait très bien lui en dénier tout intérêt. Aujourd’hui, avec les médias qui nous informent en continu de tous les malheurs de la planète, avec l’avion qui rend New-York plus proche de Paris que Marseille, avec Internet, nous nous sentons parfois davantage « citoyens du monde » que français. La notion de pays a tendance à s’atténuer, comme cela le fût en son temps pour le village ou la région.
On peut ainsi avoir tendance à trouver un peu vieillotte et paralysante la disparité des états, chaque gouvernement restant jalousement sur son quant-à-soi, à la façon des féodalités du moyen-âge. N’est-il pas temps de balayer tous ces archaïsmes et de coopérer raisonnablement et constructivement, tous ensemble ?
D’autant que l’ampleur et la gravité des défis posés par le réchauffement de la planète, la pollution, la raréfaction des ressources et la surpopulation poussent fortement dans ce sens, ainsi que la lutte contre les mafias et spéculateurs financiers, qui prospèrent dans le no-mans-land international.
A l’opposé, nous avons besoin fondamentalement de nous sentir membres d’une « tribu », d’un groupe qui nous reconnaisse, nous rassure et nous aide. Nous ne pouvons pas faire grand-chose tous seuls.
Alors, pourquoi ne pas développer une nouvelle "identité", non plus administrative, défensive ou agressive, mais constructive, fondée sur la coopération et la fraternité entre nous, de façon à rebâtir une France puissante et écoutée :
Réactualisons l’excellence française, dans le luxe, l’accueil des touristes, la cuisine, mais aussi dans les entreprises et les produits. Nous dominerons alors le mode économique.
Sachons économiser les deniers publics à tous les niveaux : gouvernants, députés, administrations, collectivités, entreprises, ménages : nous vivrons mieux.
Renforçons notre influence internationale en aidant les pays sous-développés, en nous affirmant dans les organismes multinationaux et en coopérant activement avec les autres nations.
Sachons accueillir dignement les étrangers qui viennent nous aider à bâtir la France de demain.
Arrêtons de nous chamailler entre nous, cumulons les bonnes idées de chacun et oublions les différences.
Entraidons-nous, n’admettons plus la pauvreté de certains accolée aux excès de richesse des autres, les appartements vides alors que l’on meurt de froid dans les rues, le chômage induit par la seule soif de plus de profits…
Regroupons-nous dans une communauté unie, sympathique, conviviale et fière de ses vertus. Nos valeurs de liberté-fraternité-égalité retrouveront alors leur sens et elles redeviendront une « vraie » marque nationale, au delà de toutes nos différences.
Si le débat amorcé pouvait nous faire progresser dans ce sens, quelle réussite !
Le Vilain Petit Canard
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