dimanche 15 mai 2011

Urgences en déshérence


Il est réconfortant de savoir que, en France, lorsqu’on est gravement malade, on peut être soigné rapidement. Ou du moins pourrait-on espérer que cela le soit.

L’anecdote suivante est éloquente à ce sujet :

Une vieille dame de la famille, largement quadragénaire, a glissé sur le pont du navire sur lequel elle faisait une croisière. La chute a été mauvaise et elle s’est retrouvée incapable de marcher, avec en outre de fortes douleurs pouvant faire craindre des répercussions internes.

A son retour, réalisé avec l’aide de la compagnie de navigation mais s’arrêtant à son seul rapatriement, nous avons naturellement voulu la faire prendre à l’avion par une ambulance afin de l’amener rapidement dans une clinique.

D’abord, prise de contact avec les urgences de cette clinique afin de savoir comment procéder. Cela devrait être simple, mais ne rêvons pas ! : pas de n° d’urgence dans les pages jaunes, il faut passer par le standard et nous sommes samedi. Un de ces répondeurs numérisé qui font notre régal répond et égrène un chapelet de touches à actionner. Formidable pour des urgences, il ne faut pas être vraiment pressé, d’autant qu’à la fin, le dispositif signale que le n° est occupé et interrompt brutalement la communication.

Ai-je fait une erreur ? Je reprends tout le processus, même résultat. Idem les deux fois suivantes. Bon, il faut se faire une raison : nous irons sur place et ils seront bien obligés de nous prendre !

Je me mets donc en quête d’une ambulance. Mais c’est oublier que nous sommes samedi. La première contactée m’explique qu’elle est complétement saturée et que j’aurai du mal à en trouver car beaucoup ferment le week-end. C’est déjà un enseignement précieux : il ne faut pas avoir d’accident les jours fériés... Pensez-y lecteurs : cassez-vous la jambe ou prévoyez votre infarctus uniquement en semaine ! Les samedis et dimanches, prudence ! Ni urgences, ni ambulances ! Il reste ces braves pompiers qui sont les seuls à rester disponibles. Honneur à eux !

J’arrive toutefois à en trouver une après avoir écumé les pages jaunes. Il faut maintenant savoir comment procéder à l’aéroport, Orly ouest en l’occurrence. Ce devrait être simple car ces gens-là doivent avoir l’habitude de ce genre de problème.

Mais, à commencer, pas de n° de l’aéroport dans l’annuaire (vous pouvez vérifier). On croit rêver. L’aéroport a disparu. Sans doute encore un coup d’Al Kaïda ?

Pourtant, après m’être gratté la tête dans tous les sens, une idée géniale perce ! Téléphonons au siège d’Aéroports de Paris. Ils doivent bien être au courant ! Effectivement, le siège existe bien dans l’annuaire Internet.

Et là, nouvelle attente avec défilé de touches à enfoncer et de messages d’abord en français puis en anglais. Je suis sur le chantier depuis près de deux heures. Je suis heureux de ne pas avoir à traiter d’un accident cardiaque.

Enfin une interlocutrice ! Le paradis est proche ! Mais, patatrac, elle explique que l’on ne peut pas joindre de l’extérieur les services qui s’occupent de la prise en charge des malades à leur sortie d’avion. Il faut que ce soit la compagnie qui les mandate. Ma joie fait un piqué en vrille et s’écrase au sol.

Finalement, nous ramènerons tant bien que mal la parente chez elle en chaise roulante puis par un taxi puis la conduirons nous-même aux urgences.

Nous sommes heureux de constater que le système français de soin est à la hauteur. Il est à la hauteur de ceux qui se portent bien et qui n’ont pas besoin de lui...

Le Vilain Petit Canard.



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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net