samedi 8 mai 2010

Nous sommes tous des Grecs

Actualité
Émeutes dans les rues d’Athènes et grèves à répétition suite au programme d’économies considérables rendu nécessaire pour rembourser l’énorme dette du pays et imposé par l’Europe pour sauver l’Euro.

6 000 milliards de disparus lors de la crise des subprimes. Et nous voilà au pied du mur : Etats lourdement endettés, des décennies de serrage de ceinture en perspective…

Certes les 6 milliards disparus étaient en partie de l’ « argent virtuel » comme disent les financiers, c’est-à-dire des crédits décernés en cascade, chaque crédit permettant d’en décrocher un autre, pratique permise depuis que les banques peuvent librement accorder des prêts, sans limites.

Mais cet argent ne s’est pas évaporé sans contrepartie… Certains ont du ou doivent le payer, comme ces millions d’acheteurs de maison américains qui se retrouvent à la rue faute de pouvoir rembourser les crédits contractés, ou bien maintenant nous-mêmes, dont les pays ont dû s’endetter très lourdement afin soutenir l’économie, et notamment les banques en faillite.

Et il va bien falloir régler ces dettes…

On pourrait croire naïvement, en voyant les milliards gagnés par les spéculateurs, banques et autres traders, par les agences immobilières et les bâtisseurs américains, que ce sont logiquement à eux de rembourser sur les fonds ainsi facilement acquis, à la limite de l’escroquerie (comment appeler autrement l’accord de prêts à des personnes notoirement insolvables en refourguant ensuite ces crédits « pourris » à la collectivité ?).

On pourrait aussi penser que les agences de notation, dont le rôle est justement de détecter ce genre de risque, devraient être mises à contribution.

Et bien non ! Nos gouvernants laissent bien tranquille ce petit monde de rapesous et s’adressent encore à nous !

Le hic, c’est que l'essentiel de nos systèmes d’imposition reposent sur la taxation de revenus du travail, de façon directe ou indirecte : l’impôt sur les salaires, les taxes sur les logements, sur les entreprises, sur les achats (la TVA)…

Par contre les gains financiers, par nature fluides (il suffit d’un clic de souris pour les transvaser à l’autre bout de la planète) et soigneusement à l’abri dans les paradis fiscaux, échappent, par un tour de passe-passe magique, à tout prélèvement.

Les banquiers de Wall-Street peuvent continuer à spéculer et à distribuer des bonus invraisemblables, les paradis off-shore à prospérer, les fonctionnaires européens, certains PDG, députés, sénateurs et autres haut conseillers à recevoir des prébendes éhontées…

Est-ce que nos gouvernants s’imaginent que nos peuples accepteront longtemps cette injustice ? Pensent-il qu’il pourra subsister longtemps deux mondes aussi antagonistes, celui de ceux qui profitent et celui de ceux qui payent ? Pensent-ils pouvoir faire rembourser sans casse d’aussi lourdes sommes ?

Il serait temps qu’ils voient la réalité en face. Si l’imposition des profiteurs demande des aménagements légaux, qu’ils s’y attèlent dare-dare.

Trouvons l'argent là où il est.

C'est vraiment urgent aujourd’hui.

Le Vilain Petit Canard

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net