samedi 6 août 2011

Les agences de notation aux commandes !


Tremblement de terre dans le Landerneau économique et financier ! L'agence Standard & Poor's a retiré cette nuit le triple A aux USA, notation qui évalue la solidité financière de chaque Etat. Bouleversement considérable dans un monde placé depuis 50 ans sous le règne du dollar roi, la monnaie censée être la plus solide du monde.


Ceci fait déjà suite à la mise en cause de la Grèce par l’agence de notation Moody et aux graves dérèglements que cela a entraîné : plans de rigueur drastiques en cascade pour la population, mobilisation de tous les pays européens avec le dégagement de crédits considérables...

Nous assistons à une véritable révolution : les Etats, et même le plus grand d’entre eux, tremblent maintenant devant des agences qui jouaient jusqu’ici un rôle mineur de suivi de la solidité financière des banques et des grandes compagnies. Que se passe-t-il ?

En fait tous les Etats se sont endettés considérablement depuis des dizaines d’années. Cette masse énorme de capitaux, qui a servi à placer (les fameux « bons du trésor ») les profits des grandes sociétés, de la spéculation ainsi que probablement du grand banditisme (mafias et autres), constitue aujourd'hui un ensemble financier totalement incontrôlable, qui bouge à la rapidité de l’éclair et qui peut décider du sort d’une bourse, d’une monnaie et, nous venons de le voir, d’un pays. Car ce monde financier, que l’on a laissé se créer sans réagir, est aujourd'hui bien plus puissant que les états et souhaite rentrer dans ses fonds...

Les agences sont ses antennes. Comme des mouches percevant le moindre mouvement, la moindre menace peut les faire s’envoler ou du moins demander des intérêts supérieurs, liés au risque ressenti comme accru.
Comme les ménages surendettés qui voient arriver l’huissier qui va les mettre à la rue, les agences de notation et leurs exigences nous mettent ainsi au pied du mur : il faut rembourser !

Considérons la France : Aujourd'hui, le remboursement de la dette du pays consomme l’équivalent de tous les impôts (sur le revenu, sur les sociétés, ISF...) et équivaut presque à la TVA. Ce qui veut dire que tout ce que nous versons ne sert aujourd'hui qu’à engraisser quelques richissimes hiérarques ou fonds de pension, voire quelques mafias, qui achètent les bons de trésor nationaux. Sans la dette, nous ne payerions rien !

Vu de l’État, cet argent fait inversement défaut au pays pour investir et prospérer. Pour notre économie c’est une véritable fuite de richesse —et ce n’est pas mince : 50 % des recettes nettes annuelles du budget général de l’État ! Cette dette étouffe littéralement le pays. Imaginons qu’un usurier nous prélève chaque mois la moitié de notre salaire, sans aucune contrepartie !

Enfin, il est évident que le déficit chronique de l’État est un véritable scandale moral. Nous vivons aux crochets de nos enfants et de nos petits-enfants, car il faudra bien rembourser un jour... Et l’on sait que, du fait des intérêts, on rembourse bien plus que ce que l’on a emprunté !

Alors, on peut se plaindre de cette entrée fracassante des agences dans le concert économique mondial, faite sans nuances et qui risque de semer la désolation dans de nombreux pays. Mais peut-on continuer à accepter que chaque pays dépense sans compter, condamné à payer de plus en plus et à engraisser le monde financier ?

Mais quelles perspectives ?

Il est clair que, comme dans les ménages très endettés, cette situation risque de conduire rapidement à des drames considérables, voire à une nouvelle crise mondiale : la récente crise des sub-primes n’était-elle pas déjà elle-même due à l’endettement excessif des ménages américains dans l’immobilier, mais à une échelle bien plus faible que celle des états ?

On peut penser que des aménagements pourront sans doute être trouvés (mais lesquels ?). Pourtant n’attendons pas trop de considérations et de mansuétudes, surtout pour les plus faibles. Le monde financier est sans visage et sans pitié.

Alors, que faire ?

Il est clair qu’il nous faudrait commencer par être plus raisonnables. Comprenons qu’il nous faut dépenser moins, travailler davantage, avoir moins de soins, moins de confort... au moins le temps de revenir à un équilibre plus raisonnable. Raisonnons comme si notre ménage avait de grosses dettes, les laisserions-nous en héritage à nos enfants ? Ce langage est évidemment difficile à entendre, mais il est pourtant inévitable.

Il est par ailleurs évident que chacun doit être mis à contribution à la juste mesure de ses moyens et de sa fortune, et en premier lieu ceux qui profitent à plein du système actuel...

Il faut ensuite incontestablement que les Etats reprennent la main, qu’ils mettent le holà aux excès de la finance mondiale : paradis fiscaux, bonus démentiels, profits extravagants, spéculation complétement débridée et immorale, mafias sans frontières... C’est vital pour leur propre survie... Peut-être que la situation critique actuelle les amènera enfin, contraints et forcé, à avoir le courage de prendre tous ensemble les mesures nécessaires.

Ce pourrait être un enjeu majeur des prochaines élections présidentielles...

Le Vilain Petit Canard



Laissez vos commentaires, vous êtes assurés d'une réponse.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net