François FILLON a détaillé hier mercredi les mesures d'économies de 12 milliards d'euros, jugées nécessaires pour assainir les comptes du pays.
Ce n’est jamais un exercice facile. On pouvait s’attendre à des réactions unanimes de protestations. Cela n’a pas manqué.
Mais n’est-il pas dommage que le débat se cantonne à des réactions essentiellement politiques ? Ne serait-il pas souhaitable que des débats réellement explicatifs et pédagogiques aient lieu, afin de mettre en évidence les raisons des choix et de permettre de mieux les « comprendre » ?
Car, à l’inverse de ceux qui nous expliquent que ces mesures sont soit parfaites, soit idiotes et que d’autres, elles idéales, auraient dû être prises, rien n’est simple en la matière et aucune solution n’a que des avantages :
Ainsi, on peut deviner que si on taxait davantage les plus riches, argument massue de beaucoup, on les reverrait fuir vers la Suisse ou la Belgique alors qu’on a déjà tant eu de mal à en faire revenir certains, bouclier fiscal oblige. Et notre pays a besoin des riches, qui font tourner les affaires et alimentent l’impôt. Mais dans quelles mesures, dans quelles limites ? Faut-il croire ceux qui disent que la taxation est trop faible ou bien le gouvernement qui annonce l’inverse ? Où se situe le « bon » niveau ? Il y a là un excellent sujet de débat et cela éduquerait le citoyen et contrarierait la démagogie ambiante.
Autres exemples : nous avons tous en tête la taxation des super profits des spéculateurs, des bonus des traders, des bénéfices exonérés de tout impôt des majors du CAC 40 (tel que Total, qui ne baisse pas ses prix alors que le baril de pétrole a largement fléchi sur les marchés internationaux), les évasions fiscales vers les paradis fiscaux, etc... Il serait bien utile que nos gouvernants nous expliquent pourquoi ils ne font rien. Est-ce par laxisme, voire par intérêt, ou bien y a-t-il des raisons cachées que nous ne voyons pas ?
Il est certain que ce n’est pas aussi simple que certains l’affirment : taxez-vous les opérations en bourse et, dans la minute qui suit, elles déménagent vers d’autres cieux... Imposer les grandes sociétés est souvent juridiquement impossible compte-tenu de l’entrelacs des filiales et holdings qui permettent d’évader facilement les profits à l’étranger...
Mais nous aimerions vérifier que le gouvernement s’en soucie bien, travaille dans ce sens, et ne tombe pas tout simplement dans la facilité en accablant toujours les mêmes...
Un débat national ne serait donc pas inutile lorsque de telles décisions sont à prendre. Il permettrait à chacun de comprendre et de mieux accepter ses contributions à l ‘effort national, aux opposants de passer d’une critique systématique et de propositions vagues à des projets précis démontrant —ou non— leur compétence, il recréerait enfin une communauté nationale qui s’est malheureusement désagrégée depuis de nombreuses années dans notre beau pays.
Car le français n’est pas aussi idiot que nos politiques semblent le croire. Mais à force de ne recevoir que des dictats sans réels débats explicatifs et contradictoires, il a un peu l’impression qu’on lui bourre tout le temps le mou.
Et il n’a pas forcément tort...
Le Vilain Petit Canard
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