jeudi 17 mars 2011

Billevesées journalistiques

Pris au vol sur les radios :

Lundi 14 Mars. Un journaliste interviewe un habitant de Tokyo. Celui-ci explique calmement qu’il ne voit pour l’instant pas la nécessité de partir : les vents sont au nord, Tokyo est pour l’instant à l’abri en cas de nuage radioactif. Il verra en fonction de l’évolution de la situation. Un journaliste coupe alors la parole à l’intervieweuse et lance en substance : « vous ne croyez pas plutôt que vous êtes insensé de rester, ou bien vous êtes inconscient ! Pourquoi agissez-vous ainsi ? » : no comment.

Plus tard, un autre journaliste, pensant sans doute apporter un argument massue en faveur du démantèlement des centrales françaises, lance : « en Allemagne, Mme MERKEL a décidé d’arrêter plusieurs centrales… ». Faux, elle seulement décidé un moratoire de 3 mois pour réfléchir à la suite… ce qui est naturel et sera sans doute partagé dans le monde entier. La différence est de taille !

Mercredi soir, les deux réacteurs en quasi-fusion ont réussi à être stabilisés, la seule inquiétude réside pour l’heure dans les piscines de stockage des combustibles irradiés, qui perdent leur eau. Au journal télé de 20 h le présentateur interroge un expert de l’IRSN (Institut de Recherche en Sûreté Nucléaire). Celui-ci expose que, justement, la situation semble s’améliorer, il faut maintenant reremplir les piscines, cela va plutôt mieux. Après l’avoir écouté, le journaliste exprime tout son mécontentement : « mais vous savez que si cela ne marche pas, la catastrophe risque d’être pire que pour Tchernobyl ! Dites-le ! ». Là, on sent que les cheveux des téléspectateurs se dressent sur leur tête. Le journaliste a fait son effet, il est content.

Ces excès journalistiques, commis simplement par recherche du sensationnel, seraient surtout sots et ridicules si on ne constatait qu’ils induisent un grand trouble chez les japonais eux-mêmes, qui suspectent leur gouvernement de ne pas dire toute la vérité et écoutent les médias étrangers. On sait que l’herbe est toujours plus verte dans le pré d’à-côté. Toutes les interviews de tokyoïtes les trouvent en effet angoissés par ces propos qui annoncent l’apocalypse.

Alors, messieurs les journalistes, un peu de décence ! Ce n’est pas un jeu ! Vos bêtises pourraient déclencher des paniques qui aggraveraient encore davantage la situation. Calmez-vous !

Cerise sur le gâteau, et pour changer de sujet, ce matin Jeudi 17, sur une grande chaîne nationale, un chroniqueur, parlant des révoltes arabes, prévoit, en s’appuyant sur l’exemple des révolutions de 1848, que toutes ces insurrections seront matées très prochainement. On voit que les victoires de Kadhafi et du sultan de Bahreïn sont passées par là. Mais de là à annoncer des remises en ordre en Egypte et en Tunisie et à considérer que l’ordre ne peut exister que dans une dictature !

Là-aussi, monsieur le supposé journaliste, à quel jeu jouez-vous ? Vous voulez vous faire remarquer, c’est cela ?

Le Vilain Petit Canard

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net