mardi 16 octobre 2007

Etes-vous fluide ?

Actualité

Denis Gautier-Sauvagnac, directeur général de l’UIMM et n°2 du MEDEF a été surpris en train de prélever de l’argent liquide dans une caisse noire de plus de 600 millions d’Euros jusqu’ici ignorée de tous, A ceci s’ajoute plusieurs comptes largement approvisionnés, dont un en Suisse. Sa seule explication a été que cela servait à « fluidifier les relations sociales… » (sic)

On ne connaîtra pas davantage la destination de ces importants fonds… Et, au lieu d’être licencié de la fédération pour détournements de fonds, l’intéressé recevra un parachute doré de 1,5 millions d'euros de sa part pour bons et loyaux services…


Le n° 2 du MEDEF a été pris en train de prélever des dizaines de milliers d’Euros en liquide dans la caisse de sa fédération. En guise d’excuse, il n’a pas osé dire que c’était pour ses cigarettes, ce qui n’est plus crédible depuis l’interdiction de fumer sur les lieux de travail, mais a expliqué que c’était pour « fluidifier les relations sociales » (je n’invente rien).

Et là, au risque de me mettre à dos tous les français, j’affirme haut et fort : le patronat a raison ! Les dizaines de millions d’Euros (ça marche aussi en dollars), c’est excellent pour fluidifier les relations sociales !

Et je le démontre ! D'abord à l’école : le vulgus pecum comme vous et moi doit aller dans l’école de son quartier puis a peu de chance de finir dans les grandes écoles. Et bien, le jeune milliardaire, lui, à coups de leçons particulières et d’aide de ses parents déjà cadres supérieurs, réunit au contraire toutes les conditions pour se voir ouvrir toutes grandes les portes des lycées Louis le Grand ou Charlemagne, puis pour finir à l’ENA. Ce n’est pas fluide, ça ?

Puis au travail, la fluidité continue : on est beaucoup plus fluide lorsqu’on est PDG qu’OS. On n’est pas forcé de venir tous les jours à 8 h (mieux, on ne pointe même pas), si on est malade, pas d’autorisation d’absence du médecin et le salaire tombe tout pareil, pas de patron qui discute les notes de frais, et le grand luxe, une secrétaire que l’on choisit soi-même…

Certes, des malveillants disent que les patrons les plus riches sont aussi souvent les plus radins, mais ce n’est pas vrai : l’argent sert aussi à aider les représentants du personnel, le comité d’entreprise, quelquefois même les clients afin qu’ils ne signent pas les chèques avec de vulgaires bics bleus à clics. Il permet également au patron de partir se remettre de ses lourdes charges dans des pays défiscalisés (on dit aussi des paradis fiscaux) et de s’attribuer de belles stock options.

La vie personnelle elle aussi est bien embellie. Pour trouver sa compagne, inutile de s’inscrire sur Meetic ou d’écumer les clubs de rencontre. Avec un compte-chéque bien garni, les conquêtes tombent comme des mouches et on n’est plus obligé de choisir entre beauté, intelligence et richesse. On peut avoir les trois à la fois !

Bref, comme l’a dit depuis longtemps le sage, l’argent ne fait pas forcément le bonheur, mais ça aide bien. Alors, peut-on en déduire que les syndicalistes, gavés de valises pleines de billets, sont heureux ?

Ce n’est pas sûr… Pourquoi ? Parce qu’ils sont obligés de le cacher. Que diraient les salariés qui se battent pour obtenir quelques dizaines d’euros d’augmentation, s’ils savaient que le siège de leur syndicat cale ses fauteuils avec des billets de 50 ?

Cet argent occulté gâche la vie. Dans notre monde, ce sont en réalité les pauvres qui ont la part la plus belle : pas de soucis pour arbitrer entre SICAV et FCP, pas d’impôt sur la fortune demandant une déclaration longue comme le bras, pas de harcèlement par les cabinets d’ASET Management… Bref, le bonheur absolu.

Souhaitons donc que les fédérations et autres syndicats, patronaux comme salariés, gardent leur argent. Nous les (plus ou moins) pauvres, les (plus ou moins) mal logés, nous n’en voulons pas. Vivant d’air (presque) pur et d’eau (presque) claire, nous sommes assez fluides comme ça.

LVPC


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1 commentaire:

  1. Incroyable ! on nous refait le coup du financement des partis politiques (puisque ce n'était pas expressément interdit de financer les partis avec des valises de billets et des pots de vin, c'est donc que c'était autorisé !).
    De même aujord'hui pour les organisations professionnelles.
    Mais que je sache, il existe dans notre droit, Dieu merci, un certain nombre de REGLES GENERALES qui s'appliquent à TOUT LE MONDE. Notamment celle de tenir un minimum de comptabilité, au moins sur un compte bancaire et de payer par chèque au-delà d'un certain montant, de ne pas toucher des pots de vin dans les marchés publics etc.... Si ces règles n'ont pas été appliquées en l'espèce c'est donc qu'il y a eu faute ou volonté de cacher quelque chose... CQFD.

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net