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Voulant rendre la police plus efficace, le ministre de l’intérieur, Nicolas SARKOZY, a mis en place des primes pour les policiers ayant les meilleurs résultats en termes de PV, d’arrestations, etc… Mais les dégâts collatéraux sont nombreux, avec distribution d’amendes en tous genres pour des motifs véniels…
En revenant de la capitale par le RER, j’ai vu tout de suite que j’étais béni des Dieux : deux contraventions ornaient mon pare-brise, sagement rangées sous l’essuie-glace. Deux fois 35 Euros, soit déjà le tarif de luxe. Il est vrai que je m’étais garé sur le trottoir, faute d’avoir pu le faire à une place autorisée. D’ailleurs si l’on compare le nombre ridicule de places sans péage, voire même celui des places disponibles au total, payantes ou pas, à la quantité de voyageurs motorisés qui prennent le RER afin d’éviter d’aggraver les embouteillages parisiens, on se dit que, soit la commune se fiche comme l’an 2000 de la pollution et du développement durable, soit qu’ils ne sont pas forts en calcul.
Mais le problème n’est pas là (on est malheureusement obligé de s’adapter à ces irrationalités permanentes des pouvoirs publics). Trouvant un peu fort de café d’avoir hérité de deux amendes pour la même bévue —d’autant que je ne gênais personne et n’avais fait qu’imiter la longue file des autres véhicules déjà stationnés au même endroit—, j’examinais plus en détail les deux missives. J’ai alors constaté que nous avions tort de critiquer la lenteur de l’administration. La première prune datait de 14 h 39 et la seconde de 14 h 43. 4 minutes d’écart ! Soit les fonctionnaires m’en voulaient personnellement, soit ils allaient très très vite dans leurs rondes.
Je pris bien sûr ma plus belle plume pour joindre au règlement (car il faut payer, même si on n’est pas content du service rendu !) une courte lettre dans laquelle je faisais part de mon étonnement. La réponse arriva rapidement (bravo pour la police pour son excellence dans les tâches administratives !), m’expliquant que l’objet du délit n’était pas le même, la première m’ayant été attribué pour le stationnement, la seconde parce que la vignette d’assurance apposée sur le pare-brise n’était pas à jour.
Je rétorquais évidemment que mon assurance était tout à fait en règle, en joignant l’attestation à l’appui, et que la vignette n’avait tout simplement pas été mise à jour. Mais, rien à faire ! Ce n’est pas sur la bonne assurance des véhicules que la police veille, mais sur le bon affichage des vignettes. Sans doute une résurgence des vocations artistiques et esthétiques refoulées de nos gardiens de l’ordre public !
Ce talent artistique des forces de l’ordre se retrouve d'ailleurs largement : nos rues et routes sont élégamment décorées d’une forêt de panneaux de signalisation, bien plus beaux que le triste spectacle de nos maisons et de nos campagnes. Stops à répétition, feux rouges voisins et non coordonnés sont là pour nous permettre de mieux profiter du paysage.
Les limitations de vitesse qui changent sans arrêt et sans justification testent notre vigilance à détecter les panneaux véritables œuvres d’art qui les précisent. Les radars, placés non pas aux endroits dangereux mais dans les places sans risques où nous aurions tendance à aller vite, nous rappellent gentiment à l’ordre de façon à ce que nous ayons le temps d’admirer le décor réglementaire que la maréchaussée a eu tant de mal à bâtir.
Ah, la poésie de ces policiers qui vous interpellent parce qu’une de vos lanternes s’est mise en rideau ! Les jambes écartées, la main sur le flingue, leur ton acerbe teste notre capacité à garder notre sang froid et à goûter le subtile parfum de leurs uniformes bleutés !
Imaginez combien la vie serait morne si nous devions ne compter que sur notre propre intelligence et notre savoir-vivre pour nous garer sans (trop) gêner, conduire sans mettre en danger les autres conducteurs. En Irlande, lorsqu’un virage est dangereux, un panneau signale simplement « attention, adaptez votre vitesse ! ». Ils sont nuls. Chez nous, c’est le luxe : un premier panneau nous précise « 80 km/h », puis, à 50 mètres, « 60 km/h », avant « 50 km/h » puis enfin « 40 km/h ». La police est vraiment notre maman. Elle nous guide pas à pas. En bonne mère, elle nous sanctionne aussi sans faiblesse quand nous nous écartons de la bonne voie.
Alors, bénissons notre police ! Pourvu qu’elle ne soit pas touchée un jour par le démon du libéralisme et de la confiance. Pourvu qu’elle ne se consacre pas trop à la poursuite des malfrats afin de conserver toutes ses forces vives pour nous aider à demeurer des citoyens irréprochables !
LVPC
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