mardi 16 octobre 2007

Faillite or not faillite ?


Lors d’un repas avec des agriculteurs corses et sans doute pour décourager les revendications qui prolifèrent (pécheurs, agriculteurs, fonctionnaires…), François FILLON signale que la France est en faillite sur le plan financier (ce qui n’est pas faux ni nouveau, le montant de sa dette dépassant le milliard d’euros, soit plus de 20 000 € par français). Le mot ne passe pas inaperçu. Il fait les gros titres de la pressse et connaît un succès certain sur Internet.


Récemment, notre premier ministre a commis la grande imprudence de prononcer le mot « faillite » en parlant de nos finances. Ce mot, prononcé pour dissuader la cohorte de tous ceux qui quémandent encore et toujours subsides et aides (notamment des agriculteurs à ce moment-là), a mis avec raison le monde journalistique et politique en transe. I
l y a eu deux interprétations : le drame absolu : « Au secours, la France dépose son bilan ! Nos enfants n’auront plus de pain demain matin ! » ou la critique virulente : « quelle honte pour un responsable politique de faire de telles déclarations ! Plus des insinuations voulues perfides : C’est la guerre entre le premier ministre et le président ! »
On ne peut qu'apprécier avec la plus grande admiration l’art consommé et l’habileté des commentateurs pour trouver des interprétations fracassantes, des sous-entendus, des intentions cachées, à partir d’un simple mot ! Sherlock Holmes, le fameux détective, ne faisait pas mieux lorsqu’il déduisait l’âge et la couleur des yeux du coupable à partir d’un simple fétu de paille. Ce sont des exploits extraordinaires.
C’est aussi bien pour promouvoir nos diverses gazettes. Ce serait en effet un drame pour la presse —souhaitons ardemment que cela n’arrive pas— si ces esprits éclairés quittaient le commérage et la diatribe pour devenir constructifs. L’analyse posée des problèmes et la proposition de solutions n’intéressent visiblement personne. Cela fait tâcheron, OS de chez Renault, petite main...
Il est bien plus drôle et excitant de montrer son sens inné de la critique, du bon mot et de la phrase qui porte. Cela met aussi de l’animation. Imaginons un instant dans quel ennui tomberait la politique, et tout le pays avec elle, si nos représentants se limitaient à d’austères débats, objectifs et constructifs, sur la manière d’éviter l’écroulement de notre petit commerce ou le suicide de nos marins, incapables de rembourser leurs bateaux faute de poissons pour les remplir. Brr ! il vaut bien mieux harceler Cécilia, Johnny ou le Prince Charles. C’est plus amusant et cela nous distrait de nos propres galères.
Ceci dit, je suis sur le fond d’accord avec les râleurs. On ne peut pas continuer avec un tel déficit. Il faut donc économiser. Mais, corne de bouc, qu’ai-je dit ? Voilà encore un mot à éviter ! Réduire les dépenses ? Réduire le nombre des fonctionnaires ? Réduire les frais de santé pour résorber le trou béant de la sécurité sociale ? Les mêmes qui ont vilipendé la faillite trouvent astucieusement des milliers d’arguments pour démontrer l’inanité consternante de toutes ces idées. Ils sont trop forts ! Enfin de vrais patriotes, qui défendent la nation contre toutes ces hyènes qui veulent la détruire.
Il est vrai que, comme pratiquement tous les pays de la planète, nous avons bien compris que personne ne nous forcera à rembourser nos dettes. Nous avons donc bien raison de dépenser chaque année bien plus que nous ne gagnons. C’est drôlement pratique d’être un pays, et donc intouchable, alors que, en tant que simple individu, notre banque nous traquerait sans merci pour le moindre petit sou de découvert ! On serait bien bête de ne pas en profiter !
En outre, cela rend service à bien des personnes, soit celles qui nous prêtent. Même si nous ne les connaissons pas, cela nous fait chaud au cœur de savoir que la quasi-totalité de nos impôts sert aujourd’hui à les rembourser. Ah, quel plaisir que de penser à ces milliardaires (ils le sont certainement compte-tenu des sommes qu’ils nous donnent puis que nous leur reversons) que nous aidons à acheter leur quatrième yacht ou leur 30ème alezan ! Il faut savoir être généreux. Le Bon Dieu doit nous bénir et se préparer à nous le rendre au centuple !
C’est quand même un mystère que cette dette généralisée de toutes les nations. Il doit forcément y avoir quelque part une usine à billets, une véritable caverne d’Ali Baba, où elles vont s’approvisionner. Avec tous ces hold-upers actuels, capables de braquer un supermarché pour quelques ridicules milliers d’euros, il est naturel que le secret soit bien gardé.
Courage ! Faisons comme pour le trésor de Rakham le rouge (album de Tintin pour les néophytes) ! Découvrons-la ! Au lieu de s’embêter à limiter bêtement les émoluments des médecins, lançons sur la piste de cette grotte mirifique tous nos fins limiers, tous nos commentateurs éclairés, tous nos journalistes en mal de copie. Lorsque nous l’aurons trouvée, finies les petites tracasseries ! Chacun pourra avoir son aide personnalisée de l’Etat, sa retraite à 35 ans, ses 32 h et demie de travail pépére, son essence gratis et son home cinéma.
Cré bonsoir ! C’était trop évident !

LVPC

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net