vendredi 19 octobre 2007

Ouf ! La grève continue !

Ouf ! La grève continue ! J’avais peur qu’elle s’arrête. Je peux donc continuer à écrire cette chronique, installé tranquillement chez moi.

En outre les grévistes ont apporté un indéniable progrès démocratique. Au SUSKANA, lors de nos élections courantes, nous nous embêtons à mettre en place des urnes, avec des assesseurs de tous les partis, un décompte contradictoire bardé de multiples vérifications. Une usine à gaz !

Les manifestants, eux, sont bien plus intelligents. L’une de leurs assemblées générales a rassemblé 110 personnes sur les quelques 2 000 salariés de leur zone et ils ont voté à main levé la reconduction de la grève. C’est bien plus simple comme cela. Cela me rappelle la grande magnanimité et la grande bienveillance avec lesquelles le sultan du Maroc organisait les élections dans les années 60 : des bulletins noirs et blancs, une urne transparente flanquée de deux soldats en arme. On devine pour qui étaient les bulletins blancs (et où allaient ceux qui votaient « noir »…). Ce qui est mauvais dans la démocratie, c’est l’incertitude.

Mais même si on peut jaser sur leurs travers caricaturaux, ces soubresauts sociaux ne sont pas anodins. Les fausses raisons cachent la vraie, soit la paupérisation de notre société : 7 millions de pauvres, des smicards qui travaillent dur sans arriver à vivre correctement, 10 % de chômeurs, un français sur deux qui redoute de devenir SDF… Certes, tous l’ont certainement bien mérité (leur karma doit être alourdi par beaucoup de péchés, comme de manger trop de chocolats devant la télé), mais cette décrépitude économique fait tâche.

Un point réconfortant, c’est qu’il y a malgré tout des heureux : les patrons qui distribuent à foison stocks-options et parachutes dorés, ferment les usines pour pouvoir s’équiper d’une voiture plus puissante ou d’une maîtresse plus jeune…Le marché des yachts de luxe est en pleine expansion. Heureusement que tout n’est pas en train de couler (je parle naturellement des yachts).

Alors, faire la révolution, couper la tête des riches pour payer les cigarettes des chômeurs ? Cela ferait désordre et il n’est pas sûr que ce soit ceux qui en ont besoin qui en profitent. L’économie, c’est comme la confiture de fraises, ce sont toujours les mêmes qui tombent au fond…

La solution ? C’est mon épicière qui me l’a donnée alors que j’achetais 1 kg de tomates : « de même que c’est vous qui me faites vivre, notre argent, il provient globalement de nos ventes aux étrangers » m’a dit cette charmante et intelligente dame. « Tout le reste n’est que de la cuisine interne. Si on veut s’enrichir, il faut vendre davantage ! » Et j’ai alors cru deviner dans son regard qu’elle pensait aux allemands et autres anglais, en pleine expansion pendant que nous, nous agitons des pancartes et cueillons des nèfles.

« Mais comment vendre davantage ? » Insistai-je. « Et bien, il faut tout simplement être meilleurs que les autres ! ». C’est fou ce que les évidences les plus simples nous échappent parfois. Merci aux hypermarchés de ne pas avoir dévoré mon épicerie du coin (et elle est tellement plus sympathique !).

Je connais bien le SUSKANA. Il me semble que nous sommes tout à fait capables d’acquérir la même image de qualité que nos voisins d’outre-rhin, le même pragmatisme que les englishes et le même baratin que les italiens !

Mais ce n’est pas gagné : il faudrait que nous luttions d'abord contre notre propension à faire les andouilles...

LVPC

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L'auteur

Ces articles sont écrits par Christian DOUCET ccdt@cegetel.net